samedi 24 novembre 2007

Un temps pour tout

Il fût un temps pour l'introspection, je me regardais le nombril, dans tous les sens. J'en analysais les circonvolutions, les révolutions, les recoins cachés, les courbes exhibées. Il fût un temps nécessaire, douloureux bien souvent, salutaire davantage. Un long temps qui commença sans doute à l'adolescence et qui devait prendre fin récemment. Ce temps d'apprendre à me connaître, à m'accepter, ce temps de lâcher ma révolte, d'abandonner mes colères de Caliméro. Ce temps pour accepter l'injustice qui m'a été faite, cette blessure de l'enfance, irréparable, accepter qu'elle soit devenue une richesse. Ce long temps nourrit d'un désir puissant, être heureuse. Promesse d'enfant faite à la futur adulte; que feras tu quand tu seras grande ? me demandait on. Je répondais toujours : " je serais heureuse". Cela a pris beaucoup de temps, beaucoup de formes différentes, cela m'a demandé beaucoup de travail et beaucoup d'énergie. J'ai fait fausse route parfois, et encore, pas si sure, mais je n'ai pas perdu mon objectif de vue, de vie.

Puis il est venu ce temps de l'apaisement, ce temps d'aujourd'hui ou l'introspection me parait soudain futile, ce temps ou de mon nombril j'ai tourné le regard vers autrui, ce temps de la capacité d'abstraction. Mes colères, mes révoltes, ont pris un autre visage, elle prennent leur source ailleurs. Et finalement comme j'ai appris à me battre pour moi, j'essaie de mettre cet esprit de la bataille au service d'autrui.

Les ricochets, mes premiers ricochets sont venus là, finir ce temps de l'introspection, et si je n'ai pu remonter jusqu'à ma naissance, c'est d'avoir eu ce sentiment puissant de radoter, de l'avoir tant et tant raconter, de n'avoir plus rien à en tirer. Je n'avais plus envie de parler de moi, de ce moi là, de ce temps là, devenu si lointain sans que je m'en sois bien rendu compte.

Serais je sortis de l'adolescence à l'approche de mes 40 ans? C'est un bel age pour devenir grande...

mercredi 9 mai 2007

Au revoir

Parce que j'ai beaucoup à faire, parce que je me suis dispersée, parce que cela fait si longtemps que je suis dans l'introspection, parce que j'ai envie d'autre chose, parce que je suis en retard sur une pièce de théâtre que je dois écrire, parce que je ne sais pas tout faire, parce que j'ai déjà tant écrit sur ma vie passé, parce que ... Je ne continue pas les petits cailloux et ricochets ...

Mais comme je ne sais pas fermer les portes définitivement, je la laisse entrouverte et me garde le droit d'un jour y revenir. Merci à kozlika qui a lancé cette aventure. Je n'aime pas d'ordinaire ne pas finir ce que j'ai commencé mais j'ai d'autres priorités en ce moment.

Bonne continuation à tous...

mercredi 25 avril 2007

1970, rerendre depuis le début...

Je me suis arrêtée en 1998... Avant, c'est une autre vie. Je crois que j'aime bien penser ma vie comme les tomes d'un livre. Et c'est ainsi que je la ressens, de ma naissance à 1998, est le premier, de 1998 à la naissance de ma fille est le deuxième, et la naissance de ma fille ouvre ce troisième qui s'écrit chaque jour dans mes veines, et de la veine j'en ai.

Parce que ce premier tome est un livre en soi, je reprend le fil dans l'autre sens et au lieu de remonter le cours de ma vie comme je l'ai fait jusqu'à présent, je m'en vais le descendre. "Je m'en vais ... le descendre" Je l'ai quitté ce temps, et je l'ai tué aussi. Ou peut être l'ai je enterré vivant, car pas d'autre choix, le passé ne s'efface pas, ne disparait pas, ne meurt pas. J'ai trop de mémoire et puis tout bien considéré j'aime me souvenir. Je l'ai enterré vivant donc après l'avoir bien trituré dans tous les sens, haché, mixé, mis en pièce, en bouillie, lyophilisé, reconstitué. J'ai fini par l'enterrer, j'ai mis une jolie pierre tombale, j'ai écrit une épitaphe. Alors revenir dessus c'est étrange, c'est comme venir déposer des fleurs au cimetière, longtemps après le deuil, pour parler encore un peu avec ce que l'on garde en soi d'un familier décédé.

Je suis née le trente novembre mille neuf cent soixante dix. l'hiver est neigeux. Autour de ma naissance il y a quelques phrases que j'ai entendu et ré-entendu encore, qui forme une sorte de légende, au sens légendaire mais aussi comme un texte en bas de la page. Une légende à décoder bien sur, qui cache derrière son masque des secrets de famille, de ceux que personne ne prendra la peine de révéler. Parce que chez moi, des secrets, il y en a à la pelle, et certains suffisamment violents pour monopoliser la révélation. Les secrets de ma naissance sont restés des doutes. C'est ainsi que j'arrive, ainsi que je vais me définir longtemps, comme le doute. J'ai fait de "je pense donc je suis", " je doute donc je suis"...

"Tu es la fille de l'instituteur", cela accompagné de grands éclats de rire. La légende c'est que mon père représentant de commerce était plus souvent sur les routes qu'à la maison, ma mère s'occupait des parents d'élèves et s'entendait très bien avec monsieur l'instituteur. Dans un petit village les ragots vont vite, aussi quand ma mère est tombée enceinte, les rumeurs allaient bon train. Mes parents riaient en parlant de cela. Moi j'ai parfois espéré être la fille de l'instituteur, peut être un peu plus que n'importe quelle autre enfant, parce que mon père... mais cela j'en parlerai plus tard. En tout cas derrière leur rire j'ai appris des années plus tard à lire que cela avait compté, conté, dans notre histoire, dans notre inconscient collectif, mon doute originel.

"Après toi, je n'ai jamais retrouvé ma taille de jeune fille" Ou une variante " Après ta soeur j'avais eu du mal à re-mincir et quand enfin j'y suis parvenue, je suis retombée enceinte de toi, après je n'y suis plus jamais arrivée". J'ai, en quelque sorte, définitivement tué la jeune fille qu'était ma mère, j'ai fait d'elle définitivement une mère, plus rien qu'une mère, plus tard quand moi même je deviendrais une femme, elle sera vieille, plus tard quand je deviendrais mère, elle sera sénile...

"Heureusement que tu étais une fille, si t'avais été un garçon, ça aurait fait soit un macho, soit un pédé". Dans celle ci, il y a tant de chose... D'abord l'emploi du passé, j'étAIS une fille, je nétAIS pas un garçon, je suis devenue asexuée... Androgyne disait mon père...
J'étais la cinquième roue du carrosse, la roue de secours. J'étais le dernier espoir de garçon, une déception refoulée, latente, gênante... Mais les garçons n'avaient pas de place chez nous. Entre macho et pédé, aussi indésirable l'un que l'autre, il n'y avait pas de place. Ce n'est surement pas un hasard si nous sommes une fratrie de filles.

Voilà quelques extrait de la légende, ceux qui m'ont marqué. Je sais aussi que j'étais la petite soeur, la petite dernière, enviée, cajolée, protégée, aimée. J'ai eu plein de mamans, attentionnées, câlines, autoritaires, cruelles, protectrices, des mamans trop jeunes pour l'être mais pleines d'amour. Notre force c'est que nous étions ensemble et que la solidarité nécessaire à notre survie a dominée les rivalités inhérentes à la fratrie.

Je suis née le 30 novembre 1970, j'aime cette date comme j'aime la vie. Elle est heureuse mon enfance vous savez, en tout cas longtemps elle m'a semblé heureuse. La force de l'innocence, ne pas savoir que cela aurait pu être mieux, ne pas savoir l'injustice, vivre le moment présent. Il en faut des tranches de vie pour retrouver cette faculté qui nous rend si fort face à l'adversité.

dimanche 1 avril 2007

1997, le début de la faim.

C'est un jour de printemps, je crois. Il me semble que je suis habillée légèrement, qu'il y a du soleil dehors. C'est un matin. Je suis devant mon miroir, je me maquille. Pourquoi ce jour là ? je me maquille si peu. Je me regarde dans la glace comme quand j'étais petite, je cherchais ce que les autres pouvaient trouver de si affreux dans mes dents pour qu'ils m'appellent sorcière, je ne trouvais pas. Ce matin là, je me regarde mais je ne sais pas ce que je cherche. Je pense à la pièce de Pirandello :"Je ne me trouve pas".
Je regarde mes joues blanches, mon regard bleu, je ne me reconnais pas, je me reconnais rarement quand je me regarde. Du Rimmel à mes cils, du fard à mes paupières, du rose à mes lèvres, cela ressemble à une contine ... J'ai envie de faire un enfant.

Cette pensée a surgi comme cela, au détour d'un coup de crayon, inattendue. Je souris, je ne me crois pas ... Je souris, et pourquoi pas ...

Je ne dis rien, la pensée n'ose pas encore se formuler. Elle s'installe, se love, attend patiemment de grandir. Je regarde les jeunes mamans dans la rue, les bébés ... Je me sens prête. Il faudra lui dire, mon amoureux, est il prêt lui ? Je me doute que non. Mais il faudra lui dire ...

- J'aimerais arrêter la pilule - Pour quoi faire ? me dit il.

Silence, ma gorge est nouée par la peur, j'avance prudemment.

- J'ai l'impression que je m'empoisonne ... J'ai envie de laisser la porte ouverte ... à un accident ...

J'ai employé ce terme d'accident ... Ce ne pouvait être que ça, un accident qu'il lui faudrait accepter, je n'ose pas encore dire que c'est mon désir, je n'ose pas lui mettre la pression, j'essaye juste de lui dire que j'aimerais que soit possible ...

- Pourquoi pas ...

Sa réponse qui n'est ni un non, ni un oui. Il n'ose pas me dire qu'il ne le désir pas. je prend ça pour un oui, c'est tellement plus facile.

J'arrête de prendre la pilule. Désir de lui très fort, sensualité particulière, tandis que la possibilité de faire un enfant sublime mon acte d'amour, elle lui fait peur. Son désir de moi s'effiloche... Moi, je voudrais ! je voudrais le faire, qu'il soit déjà fait, qu'il en ait envie, que cela nous exalte ! C'est tout le contraire, cela nous éloigne doucement.
Les mots disparaissent, le désir devient tabou, le désir d'enfant, le désir de lui également.

Mais parfois l'espoir est permis. Mon cycle se déglingue, j'espère, le désir devient obsession. Le sang revient tous les mois et je pleure. Déception mais aussi soulagement de ne pas avoir à lui dire : " Je suis enceinte, j'attends un enfant, nous allons avoir un enfant, il y a quelqu'un dedans moi." Je sens sa peur tellement fort qu'elle devient la mienne aussi.

Parfois il me console, il me berce dans ces bras, mes larmes lui font mal. Il me dit :" Ce n'est pas le moment de toute façon, ça nous mettrais dans la merde."
Je ne dis rien, je pense : " ça te mettrais dans la merde." Il me berce, je me berce d'illusions ...

Autour de moi des femmes tombent enceintes... Pourquoi tombent elles et pas moi ?
J'entends si souvent : " Et vous c'est pour quand ?" Il dit : " Dans dix ans!" ça fait rire la galerie. Mon coeur se fissure à chaque éclat de rire.
Elles sont toutes épanouies, affolées, épuisées, elles me disent les inconscientes : "Ah tu verras quand ça t'arrivera!" J'aimerais répondre : "Je t'emmerde".

Tant de silence, nous brouillons les pistes, nous bougeons jusqu'à devenir flous. J'ai peur de tout, qu'il ne m'aime plus, de ne plus l'aimer, d'être laide, de ne plus exister. Je voudrais m'empêcher de rêver, m'empêcher d'espérer, je ne veux plus souffrir, je préfèrerais m'anesthésier...

C'est ainsi que tout à commencer, le début de cette faim. Il y a dix ans...

lundi 19 mars 2007

1998, Joyeux Noël!

Noël, joyeux Noël ! 1998!
Ma soeur est à l'hôpital depuis un moment... C'est la seule façon qu'ils ont trouvé pour qu'elle reste allongée.
Elle attend des jumelles ! Je les ai vues déjà à l'échographie, chacune ayant une main levée comme pour nous dire coucou, j'en ai presque pleuré tellement c'est beau.
Elle est donc à l'hôpital parce qu'il était impossible qu'elle s'arrête de planter des clous, poser des étagères, monter sur un escabeau. Combien de fois suis je arrivée chez elle en la trouvant perchée pour accrocher un tableau, un masque de sa collection, etc ? Elles est à l'hôpital et elle s'ennuie ferme ! Je vais la voir dès que je peux, je lui rapporte son petit sapin de Noël en plastique avec guirlande, mais elle s'ennuie ferme !

Enfin vient le soir du réveillon de Noël, on lui a donné l'autorisation de sortir, le papa des jumelles qui travaille dans la restauration est au boulot, c'est donc naturellement qu'elle vient à la maison. La première chose qu'elle fait c'est de prendre un bain.

On passe une bonne soirée, tranquille et délicieuse, délicieusement tranquille, on rit, on ouvre les cadeaux, naturellement il y en a déjà pour les jumelles. Et puis vers deux heures du matin c'est l'incident comique. Voici à peu près le dialogue.

Elle : Je reviens je vais au toilette ... ... ... Olala, ça coule, ça coule
Moi : Quoi ?
Elle : tu crois que je perds les eaux ?
Moi : Je n'en sais rien, ça ne m'ai jamais arrivé.
Elle : Moi non plus .

Eclats de rire !

Moi : Ben je vais appeler l'hôpital pour demander ce qu'il faut faire.

Coup de téléphone:

Moi : bonjour, ma soeur a été hospitalisé chez vous, elle attend des jumelles. Elle a eu l'autorisation de sortir pour le réveillon. Là, on pense qu'elle a perdu les eaux mais on est pas sur parce que ça ne nous ai jamais arrivée. (En vrai, j'ai dit ça !)
La sage femme : Ben vous nous la ramenez maintenant, on va voir.
Moi : Ah, d'accord. Merci. Au revoir.

Elle : tu peux téléphoner au boulot du papa pour lui dire qu'on retourne à l'hôpital ?
Moi : ok, pas de problème.

Coup de téléphone, pendant ce temps elle se prépare, mon compagnon l'aide.

Moi : Heu pourrais je parler à monsieur ...
inconnu : Oui, ne quittez pas.
Lui : Oui ?
Moi : On retourne à l'hôpital, c'est pour cette nuit peut être.
Lui : oui, ok, j'arrive, ok, j'arrive, oui, d'accord, j'arrive, je fais le plus vite possible, ok.

Nous voilà partis, tout est calme. Je dis:

moi : Tu n'as pas mal?
Elle: non.
Moi : Tu pourrais faire comme dans les films ! Elles hurlent toujours dans ces cas là !

On se marre comme des petites folles, là voilà qui fait semblant d'avoir mal, qui se met à hurler comme au cinéma. On n'arrête pas de rire...

Arrivés à l'hôpital, après auscultation, il est confirmé que la poche des eaux est fêlée. Je lui tient compagnie en attendant le papa. Il arrive vers 3H du matin. Je quitte la salle, je les laisse tous les deux et je rentre avec mon compagnon dans notre maison. Nous nous disons que nous n'oublierons jamais ce Noël ! Nous en rions longtemps. Le lendemain, fin de matinée nous apprenons qu'elles sont nées, que tout c'est bien passé.

J'ai toujours eu de la fierté et de la reconnaissance d'avoir été là, d'avoir vécu ça avec elle. Comme l'aboutissement d'une histoire commune et le début d'un nouveau livre. Huit année plus tard, Noël dernier, je donnais moi même naissance à une petite merveille ...

mercredi 7 mars 2007

1999, le prix à payer.

Mes nièces, les jumelles sont nées le 25 décembre 1998. Oui le jour de Noël comme ma fille (et en lisant la suite d'aucun penseront qu'il y a peu de hasard). Mais ce jour là, je le raconterai quand j'aborderai 1998.
En 1999, je joue donc les tatas et même plus. Ce qu'il me faut avouer, m'avouer à l'époque c'est l'envie et la peur. L'envie de cette nouvelle maternité que vit ma soeur, ma presque jumelle, tant nous avons toujours été proche l'une de l'autre. Ma peur de ne jamais être maman. Une idée saugrenue est venue s'immiscer vicieusement en moi, elle a eu deux enfants, elle a pris le mien.

Pour comprendre cette hérésie il me faut remonter au temps lointain, ce temps où ma presque jumelle à veillée sur moi comme une maman trop jeune pour l'être, au temps où la soeurerie a souffert des maux dont j'ai été épargnée et cette épée de Damocles que j'ai gardé en héritage; j'ai eu de la chance, je suis l'épargnée, il faudra bien que je paye un jour, la chance tournera forcément. En 1999, je me dis : " ça y est la chance a tourné, elle n'est plus de mon côté, ça y est, il est là, le prix a payer". Mais il me faudra encore remonter le cours de cette rivière et jeter bien des cailloux avant de pouvoir dire ici le prix de quoi.

En 1999 donc, je compense et je fuis en même temps. La honte de ce sentiment d'envie, cette parcelle de lucidité qui fait que je sais l'absurdité de mes pensées cachées, tout cela au milieu d'une vie de couple qui part en vrille, je pouponne et je fuis en même temps. Disponible sans l'être, j'entends sans rien écouter ou le contraire... Et je m'attache à ces petits êtres qui ne sont pas les miens, je prends la place vacante d'un papa très absent, je m'immisce, même probable, je pousse un peu des coudes. Je m'attache à elles et ce lien me blesse car je sais même si je feins de l'ignorer que se ne sont pas mes filles. Dans ce "mes" il ne faut rien entendre de possessif, enfin je crois, juste cette qualité d'amour si particulière, si unique. Ce cordon ombilicale n'est pas relié à moi mais à ma presque jumelle et je pourrais faire tous les semblants du monde, je le sais.

Terriblement, il y a une place pour moi, on a besoin de moi alors je suis là. Il y aura du monde pour dire à moi comme à elle : " Heureusement que tu es là". cette petite phrase qui rassurent ceux qui ne peuvent pas être là mais qui aimeraient, ceux qui ne veulent pas être là mais qui culpabilisent, moi qui trouve ma légitimité, on a besoin de moi, elle, ma presque jumelle que j'aide et que je n'aide pas.

Plus tard quand mes chéries d'amour sauront parler, l'une d'elle me remettra à ma place, me mettra une douce claque comme les enfants savent faire. Elle dira :"Quand tu es là, c'est toi qui commande." Elle le dira devant sa mère. Je n'oublierai jamais notre regard à toutes les deux, cette conscience immédiate que nous avons eu ensemble qu'il fallait que je me retire, que je retourne à ma place de tata. Plus tard j'irai moins les voir, je serai moins là, elle aura moins besoin de moi et moi ... Moi, je ne saurais pas faire autrement, trop présente ou presque plus. Cela prendra du temps pour retrouver l'équilibre du funambule sur le fil de nos vies...

mercredi 21 février 2007

2000. Petits cailloux et ricochets, des cendres, descendre ...

L'an 2000, l'angoisse du bug est passée, moi, elle m'est passée très, très au dessus. C'est l'année de mes trente ans. Je mets en scène "les caprices de Marianne", j'attrape la mono-nucléose.

La maladie du baiser, un calvaire, pour moi la maladie d'amour, du manque d'amour, du manque d'enfant, du manque. Je pleure une fois par mois sur mon ventre vide. Vague souvenir de dispute ou chacun hurle son impuissance à satisfaire l'autre, vague, oui, année houleuse...

La mono-nucléose, c'est un joli nom. Je l'entend aussi comme cela, la solitude du corps. Je ne peux rien faire, tout me coute, je ne me reconnais plus. Mon corps me trahie et je suis en colère, tellement en colère contre lui.

Des larmes beaucoup, des larmes cachées, salées, désarmée, fragile, je déploies des forces que je n'ai pas.
L'année de mes trente ans, petit bilan, un amoureux, un joli métier, un rêve de mise en scène réalisé, pas d'enfant, pas d'enfant, pas d'enfant.
L'obsession insupporte, je dois en plus me justifier. Des cris rentrés, expirés, lâchés, j'aimerais comprendre, décoder.
Une injustice m'est faite, mon corps m'abandonne, n'est ce pas moi qui l'ai abandonné il y a longtemps, quand il me mettait déjà en danger ? L'enfance, les peurs, les batailles, tout est en vrac. Je suis malade, complètement malade, il faut me tuer, tout consommer, tout consumer, des cendres, descendre encore au gouffre du passé ...

lundi 12 février 2007

Petits cailloux et ricochets. 2001, une vaisselle qui attendra.

Je suis dans ma cuisine en train de faire la vaisselle. La télé dans le salon est branchée, j'entends vaguement, c'est l'heure du journal télé. Le canapé-lit est défait comme toujours, j'ai la flemme de le refermer. L'appartement est en désordre comme souvent, comme presque toujours. Mon compagnon est allongé sur ce canapé et il regarde les infos. Je suis dans ma cuisine en train de faire la vaisselle. Une vaisselle qui probablement déborde de l'évier, une de celle qu'on est capable de laisser trainer en préférant aller manger au resto que de s'y coller.

Je l'entends qui m'appelle et d'une voix agacée sans doute j'ai répondu : " Quoi ?" Je suis occupée à une tache que je déteste, alors forcément je dois être agacée. Il me dit : " viens voir ". Je suis presque sure de soupirer, le genre de soupir lassé, un soupir qui raconte que là franchement il me gave, je suis en train de faire la vaisselle.

Mais j'y vais, quelque chose dans sa voix sans doute m'a indiqué que ce n'était pas pour rien comme cela arrive souvent quand les priorités divergent et là ma priorité c'est de finir cette putain de vaisselle. Il me dit : " regarde".

Je m'assois au pied du canapé, à peine une fesse, déjà prête à repartir à ma corvée. Mais cette vaisselle là ne sera pas finis ce jour là. Je suis incrédule d'abord à ce que je vois, est ce un film ? Non, puisque c'est l'heure des infos. Alors c'est réel... Mais quand est ce que ça c'est passé ? ça se passe en ce moment ? Je pleure doucement comme quand j'étais petite fille et que je pleurais sans savoir pourquoi, sans comprendre. Fermée au sens des images, mon corps réponds par les larmes tandis que mon cerveau fuit. J'ai peur aussi je crois.

Nous sommes le 11 septembre 2001. Dans mon appartement en désordre, j'assiste à la mort en direct.

lundi 5 février 2007

Petits cailloux et ricochets. 2002, mon ancien temps 2 ...

Comme l'on se souvient, enfin j'ose l'espérer, je disais donc, comme l'on se souvient, particulièrement en ce moment, de l'année 2002 et de la France qui se réveille en ce mois d'avril avec effroi, forcément, 2002 pour moi c'est d'abord cette prise de conscience que j'ai déconné. A force de ne pas m'y intéresser, à la politique, à force d'être de gauche par éducation sans plus savoir vraiment pourquoi, à force d'entendre les déçus de la gauche dire que la droite et la gauche c'est pareil, ben j'ai voté, à ce premier tour, pour rigoler. je n'ai pas vu le danger venir, je me suis prise la claque de plein fouet. Après, comme beaucoup, je suis retournée dans mon bureau de vote pour la grande "enculade" collective, et ça a fait mal.

A replonger dans mon passé, je m'aperçois que le "conte" de ces années se perd et se mélange. Quelle importance au fond, puisque toutes ces années forment un groupe compacte, ou mon travail et ma vie privé ne font qu'un.
2002, est ce l'année du temps et la chambre ou est ce l'année de mademoiselle Julie ? Je ne sais plus ... En tout cas ces années là, celle ou j'ai répété ce spectacle, je me souviens que j'ai mis mon désir d'enfant de côté, cela faisait... trop longtemps que nous essayions. Je me souviens que j'ai sur-investi ce travail, et je me souviens de ce qu'il ma couté.

Aujourd'hui encore j'ai du mal a revenir sur cette période. J'étais comme noyée dedans, toute mon énergie concentrée pour ça, plus aucune disponibilité pour rien d'autre. Je me suis fermée à tout ce qui n'était pas ce travail. J'ai oublié d'écouter ma vie autour.
Je me souviens de certaines séances de répétitions avec Marie Steuber*, avec Olaf*. C'était bien, on s'amusait bien et puis on sentait que quelque chose de beau était en train de naître. Je me souviens aussi d'autres séances, plus collectives, ou le doute me prenant, prenait toute la troupe. Je me souviens d'avoir beaucoup pleuré d'impuissance dans ces moments là. Je me souviens que ce texte était peut être trop intime pour moi finalement, qu'il était difficile de leur expliquer ce que je ressentais pourtant avec acuité. J'ai beaucoup douté sur ce travail, douté de moi, méfié de moi presque... Je me souviens de malentendu que je ne parvenais plus à dissiper parce que nous nous connaissions tous si bien, on s'aimait tous tellement, j'avais peur de leur faire du mal. On ne peut pas faire une bonne mise en scène quand on a peur de faire mal à ses comédiens. Et puis j'avais trop besoin d'être aimée d'eux pour assumer pleinement mon rôle. Cependant, au final, ma direction d'acteur ne fut pas trop mal.

J'avais trop de pression, trop de choses à gérer en même temps et trop peu d'expérience pour réussir vraiment ce défi. Mais c'est sans doute durant ce travail que j'ai le plus appris. Non, plutôt après ce travail, quand avec le recul j'ai pu comprendre ce que j'avais vécu et en tirer les leçons. Pendant, j'ai beaucoup subi.

C'était une aventure démente, une belle aventure en faite... Mais, elle m'a laissée un gout étrange dans la bouche, le gout de la fin d'un temps. J'avais dit avant de me lancer, qu'il fallait que j'arrête de faire de la mise en scène pendant un moment. Je me sentais fatiguée, et pire que tout je sentais que j'atteignais mes limites, qu'il me fallait aller chercher ailleurs de la nourriture avant de pouvoir y revenir. Et puis moitié pression de la troupe, moitié envie de ma part d'aller triturer ce texte qui m'émeut tant et qui m'effraie en même temps, je me suis jetée dans l'arène et je me suis fait bouffer par les lions.

Pas de regret, non, bien sur. Il nous fallait ça sans doute pour accepter de nous séparer, tous. Et encore, ce fût difficile. Cette troupe, c'était je crois pour chacun de nous, une petite famille. Je me souviens que nous fêtions Noël ensemble, je me souviens que ce sont eux qui m'ont réconcilier avec les anniversaires. Je me souviens qu'ils ont été mon seul univers pendant bien longtemps, riche et rassurant. Je me souviens de la confiance qu'ils avaient tous en moi, de la façon dont chaque fois ils m'ont suivi, inspiré, stimulé. Ces années là, ces belles années de réussite, celles dont je peux être fière aussi, parce que j'en ai réalisé des choses, je leur doit beaucoup. Nous nous devons beaucoup. Merveilleuse troupe de saltimbanques, de saltimbranques, tous si différents, avec des caractères puissants, des égos bien ancrés, une équipe de fous pour une folie, celle de faire ce qu'on aime avec le plus de liberté possible et des moyens presque inexistant. Nous avions juste cette envie féroce de le faire, cette naïveté sublime d'y croire. Nous nous appelions "Vis Fabula", la force de la fable, ça nous allait bien.
D'écrire, décrire ce que nous fûmes me donne l'occasion d'un salut, d'une reconnaissance peut être jamais bien dit. Je retrouve mon émotion intacte, je les aimais, je les aimerais toujours, comme on aime à jamais sa jeunesse...

  • Je mets volontairement les noms des personnages et non ceux des comédiens par respect pour eux.

vendredi 2 février 2007

Petits cailloux et ricochets. 2003, Mon ancien temps, 1.

C'est maintenant que ça devient difficile... C'est la fin d'un temps, d'un monde, d'un rêve. C'est la fin de huit années de foi, de batailles, de fou rires et de larmes... C'est la fin de tout ce qui a été ma vie durant huit années.

Janvier : Nous jouons "le temps et la chambre" de Botho Strauss. L'année 2002 a été consacrée à ce travail. Cinq représentations pour une année de boulot, c'est dérisoire mais nous sommes heureux quand même parce que nous sommes habitués à ces conditions de travail.
On m'attend au tournant. C'est ma cinquième mise en scène avec la troupe. On ne me rate pas, les professionnels surtout. Les critiques sont rudes, rarement constructives, proche de la haine. Je ne comprends pas bien pourquoi tant d'acharnement. Tellement violent qu'il est impossible de prendre tous ça au sérieux. Je pense que je ne suis qu'un pion dans d'autres combats de coq. Un me dira : " ne vous découragez pas, on vous demande beaucoup plus à vous, nous connaissons d'autres personnes qui ont plus de pouvoir que vous n'en avez, à qui on passe bien plus d'erreurs et de médiocrité". Mais quand même, on me signifie que j'ai échoué, et je le sais. Un échec pas total étant donné les circonstances, mais justement, m'être laissée piéger par ces circonstances, il est surtout là mon échec. Je n'ai pas refait de mise en scène depuis. J'attends ...

Février : Séparation. Huit années de vie commune, il était mon partenaire à la scène comme à la vie. Huit années à croire et à espérer une chose qui ne viendrait jamais, à se leurrer l'un l'autre, à se faire autant de bien que de mal, un peu plus de mal que de bien au fur et à mesure que le temps passe, pour finir renoncer. Renoncer d'abord à cet enfant qui n'est pas venu, renoncer à nous ensuite. Ce nous sur lequel j'avais misé comme on mise sur l'avenir. Huit années pour apprendre la plus dure leçon de mon existence: à croire en un avenir possible, on s'aveugle sur le présent, s'aveugler sur le présent c'est faire un déni de réalité, nier la réalité c'est préparer consciencieusement une bombe qui nous pète à la gueule un jour ou l'autre. Elle a explosé au mois de février 2003, mon coeur en miette, j'ai cru mourir... Et puis ...

Les mois qui suivent sonnent le temps de la confusion, de la peur. Je perds tout en même temps, un amour, mon boulot, je me retrouve sans presque plus de ressource. Me voilà revenu à mes débuts. Célibataire, sans enfant, avec un revenu aux alentours de 3000 frs, je ne suis pas encore habituée à l'euro à cette époque. Sauf que je n'ai plus 20 ans et la hargne qui va avec. Je conjuguerais mon épuisement à tous les temps. Mes larmes seront intarissables. J'aurais tellement peur de ne pas me relever cette fois. Cette impression que trop de batailles ont eu raison de moi, que celle là fût celle de trop, je lâche, j'ai peur, je lâche...

En mars il y aura cette trahison qui viendra parachever l'ensemble. Cette année là est faite pour tout détruire, vraiment. Ne laisser pas même de ruines. Je me mets à sortir, à m'étourdir de monde moi qui déteste la foule. J'ai besoin de bruits autour de moi, un autre bruit que celui de mon coeur qui bat seul désormais. Je rit aussi fort que je pleure, je mets des décolletés étourdissant, je me fais croire que je cherche déjà à recommencer mais je ne trompe que moi même... Même les séducteurs en série n'osent profiter de mon état, pitié de moi je crois... Je transpire la peur, celle de souffrir encore, celle de me tromper encore. J'ai totalement perdu confiance en moi. Je lâche, j'ai peur, je lâche...

En avril je pars en corse avec des amis. Merci à eux. Je pleure seule le soir dans mon lit, mais la journée au moins je m'apaise un peu. C'est à la fois déconnant et intime, juste ce qu'il me faut. Deux d'entre eux se relaient pour entendre mes confidences. Je suis surprise de les trouver là, je leur suis reconnaissante. C'est un beau souvenir ce voyage, une bulle d'air dans mon marasme. Le début d'un mieux.

Cet été là, je le passerais à dormir sur la plage...

jeudi 1 février 2007

Petits cailloux et ricochets. 2004, Deuils.

Cette année là fût riche comme le sont les années de transition. Je continuais de me reconstruire, j'ignorais que j'avais encore à le faire. J'ai toujours tellement oscillé entre "tuer mon passé", et "ne jamais rien oublier".

Cette année là, je fît des expériences nouvelles. J'étais entourée de garçons qui se conduisaient comme des grands frères, je découvrais ce plaisir de me sentir protégée. Moi qui n'avait vraiment connu que le monde des femmes, j'acceptais soudain l'amitié masculine, jusque dans les confidences. J'apprenais à ne plus en faire des ennemis, j'apprenais à laisser ma méfiance au vestiaire, découvrais un début de lâché prise.

Cette année là, je fît le deuil de ce frère mort avant que je ne vois le jour. Le deuil de ce qu'il a représenté de regret. Le deuil que possible, ma mère n'a jamais fait finalement. J'ai allumé une bougie pour lui que j'ai laissé bruler, je lui ai dit au revoir à ce nourrisson qui n'a pas eu sa place parmi nous mais qui nous a hanté pourtant.

Cette année là aussi, j'ai commencé à accepter l'idée que peut être, jamais je ne serais maman et qu'il me faudrait vivre quand même. J'errai donc à la recherche d'un autre sens que celui qui m'avait semblé jusque là si naturel. Moi qui gardais précieusement tous mes souvenirs pour les transmettre.
Une envie qui me pris si tôt que j'en ai oublié l'origine. Sans doute avais je senti que le temps qui passe déforme la vérité émotionnelle d'un instant. Sans doute avais je senti la capacité que mes parents avaient de se re-raconter l'histoire, pas de bol, les deux ne correspondaient pas. Entre la version coup de foudre de ma mère, la version du piège de mon père, un tel grand écart. Comment pouvais je savoir si j'étais une enfant de l'amour ou si j'étais une enfant de trop. Oui, mon désir d'enfant, (je veux dire mon désir d'être mère) fût certainement, d'abord, un besoin de réparation. Alors j'écrivais tout ce que je ressentais et je gardais tout, que le temps qui passe ne trahisse pas l'enfant que j'aurais.

Seulement voilà, cette année là, j'ai accepté qu'il était probable que d'enfants, je n'en aurais pas. Alors à quoi bon écrire, à quoi bon se souvenir, à quoi bon se connaitre, à quoi bon... Mais en 2004, je sortais de mon désespoir, j'entrais dans la recherche d'autre chose.

Cette année là, j'appris que ma vie pouvait avoir un sens même si après moi, rien... C'est sans doute tout cela qui m'a poussé à écrire, (à finir d'écrire devrais je dire), cette pièce de théâtre totalement autobiographique. une plongé totale au coeur de mes vieux journaux pour retrouver la parole exacte de cette pré-adolescente qui traitait secrètement son père de salaud, qui trouvait dans l'écriture un soulagement à sa peur de lui. Mais aussi découvrir ce qui même là, ne pouvait se dire, surtout à propos de ma mère. C'est tabou la mère, ça ne s'abandonne pas.
Bref, cette année là, je mis le mot "fin" sur cet écrit, je me pris à rêver qu'elle se jouerait. Je l'ai fait lire à deux comédiennes qui m'ont dit "oui". Alors, finalement j'ai trouvé un sens à tout cela, toute cette peine de petite fille, ça valait la peine finalement...

Oui, cette année là, ce fût celle des deuils qui amènent l'apaisement...

mardi 30 janvier 2007

Petits cailloux et ricochets. 2005, la rencontre.

c'est un mois de septembre si clément à Paris. Je suis là pour passer l'écrit d'un diplome. Je ne suis pas vraiment convaincue de la necessité de passer cet examen, mais je me dis que comme ça, se sera fait. C'est ma soeur aînée qui m'héberge. Je passe des heures à me faire coiffer par mes petites nièces. On adore ça.

Je me ballade dans Paris. Je retrouve des parfums de nostalgie. Ici je venais souvent avec... Là c'est quand j'étais avec ... Comme si ces quartiers de Paris gardait le souvenir de mes amours d'adolescentes.

Ma soeur est très contente que je vienne justement à cet période là, elle veut m'emmener à un Paris carnet. Là je rencontrerais Vroumette avec qui j'ai déjà sympathisé par blog interposé. Mais aussi, Tarquine dont j'admire le style à la fois tendre et rude, Kozlika que j'ai connu grâce au jeu d'écriture qu'elle propose, Anne Chiboum que je perçois déjà comme une soeur d'esprit... Ce soir là, le premier mercredi du mois de septembre 2005, nous arrivons tard. Le café est petit et enfumé mais comme il fait incroyablement doux, on s'aère régulièrement sur le pas de la porte. Ce soir là, tout le monde joue aux devinette car tout lété il y a eu "l'hotel des blogueurs" et chacun veut savoir qui à écrit ceci, qui à écrit cela. Les paris vont bon train, certains se dévoilent sans faire d'histoires. Je n'ai pas suivi l'hotel des blogueurs et je m'en mords les doigts car c'est le sujet principal des conversations que je croise.

Ma soeur et moi même, sommes réfugiées dans un recoin du bar. Un monsieur souriant aux yeux pétillant vient lui parler. Il a un rire sonore. Ma soeur dit : " tiens un frère Granger " Il rale, pour la forme, il aimerait apparemment ne plus être une part d'un binome. Je souris, j'ai toujours été agacée d'être appelé comme ça : " tiens les soeurs machins !". Son frère arrive, il est aussi souriant et les yeux petillent également. Ma soeur avoue qu'elle les confond tout les deux. C'est étrange, ils se ressemblent sans se ressembler vraiment. Ils sont frères à n'en pas douter en tout cas. J'apprendrai un peu plus tard que le premier s'appelle François.

Vroumette est allée nous chercher des bières, mais comme elle ne revient pas je la rejoins au bar. Elle parle avec François, justement. Je suis timide, je n'ose pas me mêler vraiment de la conversation.

Plus tard, le café s'est un peu vidé, l'ambiance est plus calme. Ma soeur, vroumette et moi même discutons. François passe devant notre table et Vroumette l'interpelle : " He, François, vient donc t'assoir avec nous, regarde, une table de trois nana rien que pour toi ! Allez fait pas ton timide !!" . Intimidé, il l'est justement, j'insiste de concert avec elle, je joue la fille super détendue, mais je ne suis pas si à l'aise. Il s'assied à mes côtés, très près. Je me dis que nous n'avons pas beaucoup de place sur cette banquette.

Plus tard, je croise son regard, ou plutôt, nos regards se croisent, longuement. Quelques choses se passent, de lui à moi, dans ce moment de silence. Puis la soirée suit son cours.

Nous nous sommes dit au revoir, nous n'avons pas échangé plus que quelques mots. Avant de partir il me demande quel est mon blog, je lui dit, il me dit qu'il ira lire.

Durant la semaine qui suit, il me laissera quelques commentaires discrets, m'enverra quelques mails concernant la mise en page de mon blog que je cherche à modifier. Je trouve ce monsieur vraiment adorable.

Puis vient le temps du pique nique. Nous nous retrouvons avec quelques blogueurs. Il fait un temps magnifique. En arrivant, je reconnais son frère, lui n'est pas là.

Plus tard, je le vois arriver de loin, il a une démarche sautillante, il tient dans la main un carton dans lequel nous découvrirons des tartelettes. Je suis vautrée sur une couverture, il s'installe à mes côtés.

De tout l'après midi, nous ne nous serons écartés l'un de l'autre que quelques minutes. Nous aurons échangés trois mots. Mais ...

Je minaude comme une adolescente en me demandant ce qui me prend. Je rie fort aux facéties de mes nièces, je fais la femme enfant, la femme lascive au soleil, bref, je sors le grand jeu et je m'étonne moi même. Je sens son regard sur moi, tout le temps. Il ne dit rien. Je ne lui parle pas non plus. Le temps passe et le moment de partir approche. Je n'en ai pas envie, pas du tout.

C'est en se disant au revoir, que nous trouvons l'occasion de nous parler, un peu. Machinalement, j'époussette une peluche sur son pull rouge, alors il me serre soudain dans ses bras, comme si mon geste avait dévérouillé un désir réprimé tout l'après midi, il me murmure un secret à l'oreille et s'en va, s'enfuit presque. Je reste quelques secondes surprises, idiote, puis je rejoins la bande pour continuer les au-revoir.

Sur le chemin du retour ma soeur me dit : " On dirait que t'as fait une touche ", elle rit. Je crois bien avoir rougis. Je dis : " on dirait ... Je le trouve charmant... Non ?" Elle me dit : " tu vas faire des jalouses " moi : " ah bon ? ". Elle rit, je ris aussi et je rentre rêveuse à la maison.

La suite, je ne la raconterais pas, c'est notre jardon secret. Mais ce monsieur charmant est devenu mon Il, mon merveilleux, le papa de ma fille. 2005 finissait en beauté et annonçait une année 2006 merveilleuse.

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