Il fût un temps pour l'introspection, je me regardais le nombril, dans tous les sens. J'en analysais les circonvolutions, les révolutions, les recoins cachés, les courbes exhibées. Il fût un temps nécessaire, douloureux bien souvent, salutaire davantage. Un long temps qui commença sans doute à l'adolescence et qui devait prendre fin récemment. Ce temps d'apprendre à me connaître, à m'accepter, ce temps de lâcher ma révolte, d'abandonner mes colères de Caliméro. Ce temps pour accepter l'injustice qui m'a été faite, cette blessure de l'enfance, irréparable, accepter qu'elle soit devenue une richesse. Ce long temps nourrit d'un désir puissant, être heureuse. Promesse d'enfant faite à la futur adulte; que feras tu quand tu seras grande ? me demandait on. Je répondais toujours : " je serais heureuse". Cela a pris beaucoup de temps, beaucoup de formes différentes, cela m'a demandé beaucoup de travail et beaucoup d'énergie. J'ai fait fausse route parfois, et encore, pas si sure, mais je n'ai pas perdu mon objectif de vue, de vie.

Puis il est venu ce temps de l'apaisement, ce temps d'aujourd'hui ou l'introspection me parait soudain futile, ce temps ou de mon nombril j'ai tourné le regard vers autrui, ce temps de la capacité d'abstraction. Mes colères, mes révoltes, ont pris un autre visage, elle prennent leur source ailleurs. Et finalement comme j'ai appris à me battre pour moi, j'essaie de mettre cet esprit de la bataille au service d'autrui.

Les ricochets, mes premiers ricochets sont venus là, finir ce temps de l'introspection, et si je n'ai pu remonter jusqu'à ma naissance, c'est d'avoir eu ce sentiment puissant de radoter, de l'avoir tant et tant raconter, de n'avoir plus rien à en tirer. Je n'avais plus envie de parler de moi, de ce moi là, de ce temps là, devenu si lointain sans que je m'en sois bien rendu compte.

Serais je sortis de l'adolescence à l'approche de mes 40 ans? C'est un bel age pour devenir grande...