Noël, joyeux Noël ! 1998!
Ma soeur est à l'hôpital depuis un moment... C'est la seule façon qu'ils ont trouvé pour qu'elle reste allongée.
Elle attend des jumelles ! Je les ai vues déjà à l'échographie, chacune ayant une main levée comme pour nous dire coucou, j'en ai presque pleuré tellement c'est beau.
Elle est donc à l'hôpital parce qu'il était impossible qu'elle s'arrête de planter des clous, poser des étagères, monter sur un escabeau. Combien de fois suis je arrivée chez elle en la trouvant perchée pour accrocher un tableau, un masque de sa collection, etc ? Elles est à l'hôpital et elle s'ennuie ferme ! Je vais la voir dès que je peux, je lui rapporte son petit sapin de Noël en plastique avec guirlande, mais elle s'ennuie ferme !

Enfin vient le soir du réveillon de Noël, on lui a donné l'autorisation de sortir, le papa des jumelles qui travaille dans la restauration est au boulot, c'est donc naturellement qu'elle vient à la maison. La première chose qu'elle fait c'est de prendre un bain.

On passe une bonne soirée, tranquille et délicieuse, délicieusement tranquille, on rit, on ouvre les cadeaux, naturellement il y en a déjà pour les jumelles. Et puis vers deux heures du matin c'est l'incident comique. Voici à peu près le dialogue.

Elle : Je reviens je vais au toilette ... ... ... Olala, ça coule, ça coule
Moi : Quoi ?
Elle : tu crois que je perds les eaux ?
Moi : Je n'en sais rien, ça ne m'ai jamais arrivé.
Elle : Moi non plus .

Eclats de rire !

Moi : Ben je vais appeler l'hôpital pour demander ce qu'il faut faire.

Coup de téléphone:

Moi : bonjour, ma soeur a été hospitalisé chez vous, elle attend des jumelles. Elle a eu l'autorisation de sortir pour le réveillon. Là, on pense qu'elle a perdu les eaux mais on est pas sur parce que ça ne nous ai jamais arrivée. (En vrai, j'ai dit ça !)
La sage femme : Ben vous nous la ramenez maintenant, on va voir.
Moi : Ah, d'accord. Merci. Au revoir.

Elle : tu peux téléphoner au boulot du papa pour lui dire qu'on retourne à l'hôpital ?
Moi : ok, pas de problème.

Coup de téléphone, pendant ce temps elle se prépare, mon compagnon l'aide.

Moi : Heu pourrais je parler à monsieur ...
inconnu : Oui, ne quittez pas.
Lui : Oui ?
Moi : On retourne à l'hôpital, c'est pour cette nuit peut être.
Lui : oui, ok, j'arrive, ok, j'arrive, oui, d'accord, j'arrive, je fais le plus vite possible, ok.

Nous voilà partis, tout est calme. Je dis:

moi : Tu n'as pas mal?
Elle: non.
Moi : Tu pourrais faire comme dans les films ! Elles hurlent toujours dans ces cas là !

On se marre comme des petites folles, là voilà qui fait semblant d'avoir mal, qui se met à hurler comme au cinéma. On n'arrête pas de rire...

Arrivés à l'hôpital, après auscultation, il est confirmé que la poche des eaux est fêlée. Je lui tient compagnie en attendant le papa. Il arrive vers 3H du matin. Je quitte la salle, je les laisse tous les deux et je rentre avec mon compagnon dans notre maison. Nous nous disons que nous n'oublierons jamais ce Noël ! Nous en rions longtemps. Le lendemain, fin de matinée nous apprenons qu'elles sont nées, que tout c'est bien passé.

J'ai toujours eu de la fierté et de la reconnaissance d'avoir été là, d'avoir vécu ça avec elle. Comme l'aboutissement d'une histoire commune et le début d'un nouveau livre. Huit année plus tard, Noël dernier, je donnais moi même naissance à une petite merveille ...