L'an 2000, l'angoisse du bug est passée, moi, elle m'est passée très, très au dessus. C'est l'année de mes trente ans. Je mets en scène "les caprices de Marianne", j'attrape la mono-nucléose.

La maladie du baiser, un calvaire, pour moi la maladie d'amour, du manque d'amour, du manque d'enfant, du manque. Je pleure une fois par mois sur mon ventre vide. Vague souvenir de dispute ou chacun hurle son impuissance à satisfaire l'autre, vague, oui, année houleuse...

La mono-nucléose, c'est un joli nom. Je l'entend aussi comme cela, la solitude du corps. Je ne peux rien faire, tout me coute, je ne me reconnais plus. Mon corps me trahie et je suis en colère, tellement en colère contre lui.

Des larmes beaucoup, des larmes cachées, salées, désarmée, fragile, je déploies des forces que je n'ai pas.
L'année de mes trente ans, petit bilan, un amoureux, un joli métier, un rêve de mise en scène réalisé, pas d'enfant, pas d'enfant, pas d'enfant.
L'obsession insupporte, je dois en plus me justifier. Des cris rentrés, expirés, lâchés, j'aimerais comprendre, décoder.
Une injustice m'est faite, mon corps m'abandonne, n'est ce pas moi qui l'ai abandonné il y a longtemps, quand il me mettait déjà en danger ? L'enfance, les peurs, les batailles, tout est en vrac. Je suis malade, complètement malade, il faut me tuer, tout consommer, tout consumer, des cendres, descendre encore au gouffre du passé ...