mercredi 30 avril 2008

1996 à 16 ans. Amandine

Amandine a les yeux rouges, Amy fuit, amy sombre en cours. Et moi, à qui vais-je pouvoir me confronter, si amy disparait?

Amy est belle, tellement, avec ses boucles brunes et son regard noir, avec sa peau si blanche, avec ses mots si beaux, avec sa violence. Mais amy est venue vers moi l'an dernier, comme si j'étais une fille normale. Avec sa copine Delphine, elle est venue à ma table, s'interessant à ma vie... Quoi, je ne suis donc pas qu'un faire valoir, j'ai une existence propre? Je serais donc aimable?

Amy est brillante, et nous luttons joyeuses pour le plus grand bonheur des profs.

Aimée, je deviens aimante. Et quand amy déconne, je deviens étouffante. Je veux savoir, il se passe quelque chose... je ne veux pas la voir s'enfoncer toujours plus dans la défonce. Elle maintient qu'elle maitrise, comme tous les drogués, qu'elle ne risque rien.

Je gratte tant et plus, têtue et acharnée. Et Amy craque. Une petite enveloppe rose, et des lettres serrées à l'encre noire. Je me précipite dans les toilettes du lycée pour la lire tranquille. Une lettre qui dit tout ce qui ne sera plus jamais dit. La mort d'un frère aimé, la fuite dans l'héro, l'overdose, à 13 ans. Une lettre qui finit par "mes mots demandent le silence". Je m'effondre dans les chiottes, en larmes, en rage, me tapant la tête contre les murs. "Bourrine", je suis une bourrine, une vilaine voyeuse, une impétinente curieuse. Je respecte le silence, et la distance imposée.

Oui, mais amy ne fume plus autant, elle n'arrive plus défoncée en cours.

samedi 26 avril 2008

1994- 17 ans: Dénouement du transfert

Deux ans et demi que toutes les semaines, deux fois par semaine au début, je vais la voir, que je m'installe dans le grand fauteuil.

Deux ans et demi que je refuse de payer et que mes parents font le chèque, 120 francs, sans sourciller sans rien demander. Comme ça les choses sont claires. Je fais le boulot qu'ils ont merdé, mais c'est eux qui payent, puisqu'ils refusent de venir.

Deux ans et demi, qu'invariablement elle ouvre la séance d'un "Alors?'

Deux ans qu'elle a éclaté de rire devant mon coming-out, un bon gros rire, ponctué d'un "Mais non" et d'un point final. Je repars honteuse, coupable, et blessée.

J'ai 17 ans, les hormones en folie, les filles sont si belles, et je commence à remarquer qu'elle n'est pas trés jolie. Je vois les couleurs ternes de ses habits, les mi-bas couleur chair qui plissent, son air fatigué... même qu'elle se trompe, un jour, oui, pouff, comme ça, elle me dit de venir à 12h30 jeudi, alors qu'on se voit toujours à midi... Je ne dis rien, et j'attend l'heure dite, à la terrasse d'un café. Je la vois partir excedée à midi 20. Je vérifie tout de même, à midi trente, je vais sonner. Bonne fille que je suis.

Je reviens la séance suivante à l'heure habituelle, sans même l'avoir appellée, et je lui offre mon plus angélique sourire. "Vous m'avez dit 12H30. Celà m'a surprise mais je vous ai écoutée".

Elle me dit qu'il est peut-être temps d'arreter. Je n'y ai absolument pas réflechi, mais je lui dis oui, et la quitte, sans un regret, sans un regard. Déchue, tombée du piedestal, faillible, elle n'a plus d'interêt, la psychanalyste. Sa pseudo-vérité non plus.

Deux mois plus tard, je sors du placard.

jeudi 27 mars 2008

1995-18 ans. Toute première fois toutoute première fois…

Deux mois qu’on se prélasse au bord de la piscine, qu’on couvre plusieurs fois par jour d’huiles et de crèmes nos deux corps…

Je connais son dos par cœur, la naissance de ses seins, la courbe de sa nuque, celle de ses fesses… Je dépasse tous les jours un peu plus les limites de la bienséance, et elle me laisse faire, invariablement.

Le soir elle va coucher avec mon cousin, et reviens dormir avec moi, me câlinant. Comme si elle devait se faire pardonner… Mais de quoi donc, Em’, de quoi donc ?

21 aout. On a tous dormi chez Flo, et nous sommes seules dans ce bureau où on a déplié un canapé lit. Ce matin, elle a 18 ans, et je brûle. Je commence à la caresser, sans l’excuse du soleil, de la crème.

Elle dort. Ou fait comme si. Je vais exploser. Ma main dévie, légèrement, tout doucement, et le bout de mes doigts effleure le bord de son sein. Je remonte, redescend, passe sur sa fesse, glisse un de mes doigts sous l’élastique de sa petite culote. Je vais exploser. Lui sauter dessus, fondre en larmes, je ne sais pas, c’est trop, trop fort…

Sa chair dorée se laisse faire sous mes doigts… Dort-elle ? Mon visage se rapproche, au dessus de son épaule, regarder dormir la belle à mes côtés… sentir ma chair contre sa chair, la chaleur de ce corps qui m’enivre autant qu’il me terrifie.

Elle ouvre un œil en coin, me regarde, et le referme. Se laisse faire, mais ne fait rien. Je continue, je m’enhardis toujours plus loin sur sa fesse, repoussant le bout de tissu qui fait mine de la couvrir. Je m’enhardis jusqu’à ce que la peur me gagne, et je m’arrête net.

Sommeil, sans doute agité, et réveil officiel, comme si de rien n’était. Oubli. _ Deux ans plus tard, j’apprendrais qu’elle avait envie de coucher avec moi. Mais qu’elle a vu dans mes yeux ce matin là que quelque chose avait changé. Que j’étais amoureuse.

mardi 18 mars 2008

1996 - 18 ans L’année des 12 singes

Fin de PCEM1. Je travaille l’argile quand la belle Aude me rappelle à l’ordre. C’est samedi, c’est la Gay Pride. C’est samedi, je suis lesbienne, je l’ai dit à mes amis. C’est samedi, et Aude me rappelle que je dois aller à la Gay Pride me faire de nouveaux amis, des qui soient comme moi, homosexuels.

Je mets ma plus belle robe, coiffe mes longs cheveux, et marche jusqu’au Peyrou. Une foule bariolée est là, danse, court, crie.

Je marche. Seule, ouvrant grand mes yeux, souriant à tous ceux dont je croise le regard. Il y a un groupe d’hommes avec une fille. Une qui me ressemble, assez mignonne, de longs cheveux, et une robe. Et un énorme appareil photo. C’est pour ça qu’elle est là. Prendre des photos. Hétéro. Evidemment, elle me ressemble. Et je ne ressemble pas aux lesbiennes, mon coloc, qui s’y connaît, honteuse qu’il est, me l’a assez répété toute l’année.

Un groupe de filles traverse la marche en hurlant.

Jeans déchirés et délavés, t-shirts blancs noués, cheveux courts en bataille, pas de doute. Mais jamais je n’oserais leur parler, surtout après le vent de la photographe… j’aurais juste aimé ne pas marcher seule !

Je marche. Seule, et en colère lorsque le die-in silencieux est pollué par les vociférations d’un militant contre le Sida qui insulte les médecins, d’autant plus injustement qu’à Montpellier, justement, les médecins ne sont pas comme il le décrit, ce connard parisien.

On se reverra d’ailleurs l’année d’après, rue Keller, numéro 3, où il m’accueillera au CGL, se présentant comme une folle de droite. Parce que je suis la seule fille, je me retrouve à faire ma première interview avec lui, pour une radio communiste. La folle de droite et la gouine de gauche. Et une très jolie journaliste.

Je rentre chez moi, et retrouve Aude, toute excitée, qui attend le récit de mes aventures.

Premier numéro de Têtu. Spécial Montpellier. Je l’achète en tremblant à La civette, craignant d’être foudroyée sur place. Je pars comme une voleuse et m’installe sur l’esplanade pour le lire. J’y découvre nombre de personnages qui vont bientôt entrer dans ma vie, pour le meilleur et pour le pire. Et le CGL de Montpellier, créé un an plus tôt, à qui la mairie va désormais fournir un local.

Fermé pour l’été.

La rentrée est là, j’habite à 500m du local. Je n’ose jamais m’arrêter. Je passe, une fois, deux fois, trois fois, quatre, cinq… j’achète mon pain à des heures improbables pour être seule dans la rue et pouvoir lire les horaires… je n’y arrive jamais !

Sauf que ce jour là, la porte est ouverte. Je passe devant en allant à la boulangerie. Je sais que si je ne rentre pas là, je ne rentrerai jamais.

J’entre.

L’aventure commence.

dimanche 17 février 2008

1997 Tu seras docteur ma fille

Episode I: J'ai rencontré Alexandra la veille. Partie au matin, elle revient à midi me chercher, m'expliquant qu'elle a quitté sa copine et son copain et qu'elle aimerait me présenter à ses amies. 15h30, je vais le coeur battant voir mes résultats. 43 sur 1600. pour 120 places.

Il y a deux jours, je pleurais sur une marche à la fac, sur ma solitude, ma nullité. Aujourd'hui, il fait drolement beau dans ma vie. J'appelle ma mère, la biologique. J'appelle mes mères, les identitaires. Adèle est choquée que j'ai déjà couché avec Alexandra, quelques heures après l'avoir accueillie et m'être fait sauvegement draguée... Mais elle aussi est fière de moi.

Episode II: Je suis toujours avec Alexandra. C'est l'été. Elle vit enfermée chez ses parents et m'appelle en cachette quand elle va acheter du pain. Je sais qu'ils la maltraitent et je fulmine qu'elle accepte ça. Toute à notre histoire, elle n'a pas beaucoup bossé. Elle a eu son concours de sage-femme, mais à Nimes, pas à Montpellier. Moi j'ai continué jusqu'au concours, réglée comme une horloge. de 8 à 22h, je bosse, puis je sors et on fait l'amour jusque vers une heure. A 7h, le réveil sonne, je saute dans la douche, elle me beurre les tartines que je mangerai dans l'amphi. Le mercredi pm, je fais l'accueil au CGL, le vendredi et le samedi soir, je vais en boite. L'heure des résultats est là. 41°. Je suis constante, c'est le moins qu'on puisse dire.

Je vais pouvoir rendre ma place en Dentaire, acquise l'an dernier, 151° en cinq semaines de boulot...

Je viens de réussir mon concours de PCEM1. J'ai le choix d'aller à Montpellier ou à Nimes, moi. Rester avec mes amis ou suivre mon amour qui n'assume pas?

"Si tu te poses seulement la question, c'est que tu as la réponse" me dit simplement ma soeur, pour une fois de bon conseil.

Ce sera montpellier, alors. Médecine, me voilà!

dimanche 10 février 2008

1998 Décidée

C'est ainsi qu'on m'appelle. C'est ainsi qu'Il m'appelle, Sensible. Sensible et décidée, c'est le couple présidentiel infernal. Avant lui, mon surnom, c'était Domina. Mais là il n'avait pas de place. On se complète, on s'adore, enfin surtout lui. Moi je l'aime bien, mais ça reste un garçon, je ne peux guère lui rendre la passion qu'il me voue. Je ne peux guère rendre quoi que ce soit à qui que ce soit. Je m'arrache les tripes au quotidien, parce que c'est tout ce que je sais faire. Ce n'est pas par bonté d'âme ou par altruisme. C'est juste mon destin, et j'y cours, décidée. Mais je donne ce que j'ai , et je deteste qu'on me demande, qu'on exige, qu'on m'aliène. Parce qu'en vrai, décidée va mal. mais elle n'a pas le logiciel pour le dire. Alors les relations proches de sensible, c'est insupportable. Plus il s'approche, plus je me révolte. Jusqu'à mordre. Décidée a les crocs aussi pointus qu'elle a les mains douces. Sensible est déchiré. J'ai trop de colère pour me sentir coupable. L'intrusion affective. Insupportable.

Je n'ai pas beaucoup changé.

1998 Décidée

C'est ainsi qu'on m'appelle. C'est ainsi qu'Il m'appelle, Sensible. Sensible et décidée, c'est le couple présidentiel infernal. Avant lui, mon surnom, c'était Domina. Mais là il n'avait pas de place. On se complète, on s'adore, enfin surtout lui. Moi je l'aime bien, mais ça reste un garçon, je ne peux guère lui rendre la passion qu'il me voue. Je ne peux guère rendre quoi que ce soit à qui que ce soit. Je m'arrache les tripes au quotidien, parce que c'est tout ce que je sais faire. Ce n'est pas par bonté d'âme ou par altruisme. C'est juste mon destin, et j'y cours, décidée. Mais je donne ce que j'ai , et je deteste qu'on me demande, qu'on exige, qu'on m'aliène. Parce qu'en vrai, décidée va mal. mais elle n'a pas le logiciel pour le dire. Alors les relations proches de sensible, c'est insupportable. Plus il s'approche, plus je me révolte. Jusqu'à mordre. Décidée a les crocs aussi pointus qu'elle a les mains douces. Sensible est déchiré. J'ai trop de colère pour me sentir coupable. L'intrusion affective. Insupportable.

Je n'ai pas beaucoup changé.

dimanche 3 février 2008

1999 trous noirs

Petit à petit, le feu s'étiole, le feu s'éteint, et je gèle de l'intérieur. Ne plus sortir, ne plus ranger, ne plus manger. Pleurer. Toujours, sans arrêt, comme une lame de fond qui balaie tout. Je ne sais même pas pourquoi je suis triste. Je ne suis même plus triste bientôt, je suis la tristesse. Je me rends compte que je coule, que je fais une bonne figure bien pâle, mais toujours efficace aux yeux des autres. Enfin, apparemment, puisqu'ils ne disent rien. Je suis la fille la plus entourée qui soit, et je crève dans la solitude, sourires ou crocs dehors, égale à moi même, et interieur devasté.

Je prévois de disparaître. A l'HP. Hôpital de la Colombière. Là où on met les fous comme moi, les enfants qui craquent. Pourtant j'y suis passée deux fois en stage, ça devrait me vacciner. Mais j'ai dépassé depuis longtemps le stade de la raison. Je pose des congés, il ne faut pas que les gens s'inquietent! Une semaine. Je cherche juste une semaine de répit. Je ne gère plus rien, pantin désarticulé tout juste tenu par une vie bien remplie.

Mais je craque, une semaine avant, un dimanche matin où Sabine et Virgine m'apportent un pot de jonquilles "il faut que tu t'occuppes d'elles, elles te tiendront compagnie". Je leur parle de mon projet d'internement.Viginie me gifle. Avec sa main ou avec des mots, je ne saurais le dire, c'est cinglant, et aussi désespéré que moi. Les gens qui nous aiment font de drôles de choses parfois. Elles partent, et je me retrouve à genoux sur le bord de mon lit, à me balancer, autiste, incapable de trouver ailleurs du reconfort. Mais j'ai perdu dans la bataille le peu de courage qui me restait pour faire ce dernier geste vers un salut possible. On est en avril, j'ai 20 ans, et je sombre.

Aout. J'ai eu 21 ans, et je pense à mourir tous les jours. Je ne peux plus. Je bosse comme une machine, je fais les ménages dans la clinique où bosse ma mère. J'ai les clés de toutes les pièces, y compris la pharmacie. C'est parfait pour mes plans, que j'échafaude toute la journée, tous les jours, chacun de ces jours où un vieux dont le corps se meurt salue ma jeunesse, ma beauté et la vie en moi. Mes entrailles se déchirent à chaque fois un peu plus, mais les hurlements restent coincés dans ma gorge, toujours.

Ma collègue de boulot, 20 ans, traumatisée que je sois lesbienne "mais ça n'est pas possible, ta mère est quelqu'un de bien, tout le monde l'aime ici". Un autre monde hein... moi aussi je l'aime ma mère, ne t'inquietes pas cécile.

J'hésite entre le potassium et la morphine. Peur d'avoir mal avec le potassium, peur d'être retrouvée la mousse aux lèvres avec la morphine, comme les cadavres d'overdose que j'ai vus. Je ne le sais pas encore, mais l'heure du choix approche.

Pharmacie de la clinique. Une boite remplie d'ampoules de morphine. Pas rangée dans l'armoire des stupéfiants, là, disponible, pour moi. Les voler, et mourir, ou aller le dire pour qu'elles soient remise sous clé, où je n'y aurais plus accès. Mourir, et être soulagée, c'est trés tentant. Mais ça ferait de ma mère la mère dune voleuse, pas quelqu'un de bien. Je pense aux ennuis qu'elle va avoir, et ça, ça arrive encore à peser dans la balance. L'heure du choix est là. Nana m'apparait, Nana, pas encore 14 ans, ai-je le droit? Ai-je le droit d'imposer à cette petite de grandir avec l'image d'une soeur suicidée? Je l'imagine grandir en portant ça, et ça me déchire les tripes. Tout n'est pas mort en moi.

Je préviens une des infirmières dans les étages qu'il y a de la morphine qui n'a pas été mise sous clé en bas.

Je renonce au suicide. Quand cette porte de sortie disparait, je n'ai plus le choix, plus d'autre issue à ma dépression. Je pleure beaucoup.

Mais je me réveille apaisée, enfin, après six mois d'enfer, le soleil s'est levé sur mon coeur. Nana, ma brindille incandescente, a fait renaitre le feu sacré.

mardi 1 janvier 2008

2000 année violence

Je sors de ma culpabilité, j'accepte de revivre à nouveau, de faire souffrir. Un plan cul qui s'éternise et se répéte nuit après nuit. Jusqu'au jour où elle vient juste pour dormir dans mes bras. C'est là que je me dis que quelque chose a changé. Mais j'suis souple, c'est cool, je prend les sentiments comme ils viennent. C'est là que quelque chose change vraiment. La fougeuse amazone devient ombrageuse et imprévisible. Elle est même violente parfois, puis se prostre dans un coin, et je ne comprend rien. C'est que j'ai la mémoire courte moi, et trés sélective.

J'ai oublié la sentence que j'ai posé d'emblée sur notre histoire de cul. "Méfie-toi, elles tombent toutes amoureuses et après je me barre"

Avec l'amour est donc venue la peur, et la haine.

Me voilà obligée de m'ouvrir en retour sur mes sentiments. Mais c'est si léger pour moi, l'amour...

Trois mois. Elle est loin, et je suis bête. Aveugle, ou Aveuglée. Inconsciente. Et je m'allonge prés de l'autre, et je pose mes lèvres sur les siennes. C'est nue sous la douche avec elle que je réalise que je suis allée trop loin. Alors je continue, tant qu'à faire. On ne fait pas déhabiller une fille pour la renvoyer chez elle avant d'y avoir gouté, non?

Surtout quand elle est magnifique, brillante et brulante. Brulante du feu de l'enfer, et on fait un beau feu, à nous deux.

J'ai honte, je m'excuse, je récidive. Je promet. 24 ans. Je récidive. J'apprend à mentir, à tromper, à dissimuler. Les baisers volés, les lettres enflammées, les coups et les larmes

Jusqu'à jouir vraiment sous ses doigts.

Là, je ne veux plus mentir.

Je choisis l'enfer et ses bonnes intentions.

Et je me consume.

lundi 24 décembre 2007

2001 La rencontre

Des mois que je tchatte avec Emilie, la brune thésarde en géo, hétéro en manque d'aventure. Enfin, c'est ce qu'elle dit! Je goute avec elle aux plaisirs virtuels, une fois, une seule et magnifique première fois.

Et c'est toute tourneboulée que je me pointe à angel.

C'est une autre rencontre qui me bouleverse.

Cette fille, là, assise au fond, toute de noir vétue, bottines, jean, pull, longues boucles brunes, regard si doux et sourire à faire éclater la pierre.

Elle ne dit rien, elle sourit. Ca illumine la pièce. Je ne vois qu'elle, entourée de la lumière qu'elle absorbe, et l'amour qu'elle déverse sur toute la pièce.

Un bloc d'amour, là, gratuit, au milieu de la pièce. J'ai jamais vu un truc pareil. Elle regarde chacun avec amour, sans avoir besoin de connaitre quiconque. Un petit sac, avec des DVD grandioses dans leur nullissime goritude: l'exorciste II, incroyable.

J'essaie de l'entrainer pour notre soirée, elle refuse poliment.

Je préviens mon ex copine, dont je suis la laitresse et dont j'espère le retour, qu'il faut qu'elle se dépéche, car j'ai rencontré quelqu'un qui m'a fait battre le coeur.

Le 5 mai 2001. Et jusqu'à aujourd'hui.

Une pensée émue pour michel, qui s'est fait passêr pour Emilie et m'a amené à un état émotionnel qui m'a permis de voir cette fille merveilleuse.

Comme quoi, les hétéros pervers, ça peut avoir du bon, même pour les lesbiennes!

lundi 17 décembre 2007

2002 L'heure tourne

L'heure tourne et le temps passe. J'atteins bientôt la limite que nous avons fixé, 5 ans plus tôt. A l'époque, nous étions immortels sans doute.

Bientôt, je ne pourrais plus m'occuper de mon bébé, je devrais le confier à d'autres coeurs plus vigoureux. Et ça fait mal et un peu peur... Mes amis trouvent la parade et ajoutent une régle pour me rendre immortelle. Pantin sans pouvoir, gloriole immortelle, et jalousie tenace.

J'ai l'engagement dans le sang. Je trouve des nouveaux à admirer. Des têtes de Sciences Po et Normale Sup, brillants pour une petite étudiante en médecine.

Je propose mon aide, je suis douée pour la révolte, et j'offre mes mots

Trois mois plus tard, les rois partent et me propulsent reine.

Je ne sais, à l'époque, combien il est pourri, le royaume dont j'hérite...

Mais on a fait de belles choses ensemble!

Les jeunes Homos à l’école de la Honte : il faut rompre le silence

Un jeune sur dix. Un jeune sur dix grandit avec la honte. Honte de ce qu’il est, de ce qu’il croit être, de ce qu’il entend la société dire de lui. De ce qu’il est, de ce qu’il pourrait être. Une tafiole, une pédale, une tarlouze…Et quand il sera grand ? Une tante plus ou moins pédophile… Une sale gouine, une camionneuse.

Pourquoi ? Quel crime a donc commis ce jeune garçon, cette jeune fille ? Homosexuel. Le vilain mot est lâché. Un jeune sur dix grandit marginal du fait de son orientation sexuelle. Ce jeune là entend dire partout, dans sa famille, à l’école, dans la culture dominante, qu’il n’a pas le droit. Pas le droit de vivre de grandir, d’être lui. Voué à la solitude, aux relations sexuelles éphémères, à la marginalité sanitaire, sociale, relationnelle.

Un jeune sur dix finit par penser qu’il n’est plus qu’un être sexuel, plutôt qu’un être humain. Pas de famille, pas d’enfants, pas de relations stables. Non, homosexuel. Ca veut tout dire. Ca veut trop dire. Beaucoup plus que nous ne pouvons supporter. Car nous avons grandit quand même. Nous avons perdu trop des nôtres dans le suicide, la drogue, la prostitution, le SIDA. Nous, les jeunes homosexuels. Avec nos parcours d’enfants modèles et nos moments plus ou moins longs d’errance. Nous qui relevons la tête, un peu partout en France. Des associations de jeunes homos qui refusent d’être stigmatisés, insultés ou niés. Des jeunes qui demandent justice. Des Enfants de la République qui attendent la liberté, l’égalité et la fraternité qu’on leur a toujours présentées comme un droit. Il est temps que la République fasse son devoir.

Les jeunes homosexuels, filles comme garçons, se suicident plus que les autres adolescents, déjà assez poussés vers ce genre d’extrême. Plusieurs études nord-américaines l’ont démontré, tout comme le Pr Dorais au Canada. Le Dr Pommereau (Centre Abadie de Bordeaux) confirme. Oui, en France aussi. Six fois plus de suicides chez les jeunes gays par rapport aux jeunes garçons hétérosexuels, trois à quatre fois plus chez les jeunes lesbiennes, par rapport aux jeunes filles hétérosexuelles…

Pourquoi ? Des esprits chagrins diront que notre nature étant pervertie, il est normal que soit perverti aussi notre élan vital. Nous ne sommes pas malades. La société l’est. Malade de haine, de peur et d’intolérance. Mais, oui, nous souffrons. Pas pour une raison intrinsèque à notre homosexualité. Nous souffrons du silence, de l’absence de repères. Nous souffrons du mépris. Nous souffrons des insultes, comme tous ceux qui ne rentrent pas dans les cadres.

Nous souffrons de l’image que nous renvoie le monde. Nous souffrons de voir notre école, l’école de la République, non seulement nous nier, nous bafouer mais aussi refuser de prendre partie contre nos agresseurs. S’il s’agissait de racisme, nous serions reconnus, nous serions défendus. S’il s’agissait de sexisme, on pourrait essayer, protégés par ce qui est devenu politiquement correct. Mais face à l’homophobie, point de réactions. Pour cela il faudrait qu’il y ait des homosexuels. Il n’y a que des jeunes. Même pas, il y a des élèves, “ des esprits à former ” à qui on va expliquer, parfois, comment on fait pour se reproduire. Point d’amour, point de plaisir…ce n’est pas le travail de l’école…

Le travail de l’école serait donc de reproduire un modèle machiste et stéréotypé ? Non plus ? C’est pourtant ce qui se passe. L’absence de discours sur l’homosexualité (à peine quelques lignes dans une mallette pédagogique d’éducation à la sexualité) pérennise les idées reçues, et les fantasmes sur l’homosexualité. Elle laisse les jeunes homos dans le silence et la honte. Cette honte que nous ne voulons plus porter. Garçons efféminés et filles “ garçons manqués ”, honte à vous. Peu importe votre sexualité, vous n’avez pas le bon type. Dans ce monde, c’est chacun sa case. Garçons, soyez des hommes. Des durs. Des qui ne pleurent pas. Des qui, à défaut de parler aux filles savent au moins les violer, la tendance actuelle étant de le faire à plusieurs, camaraderie virile oblige. Filles, apprenez à sourire quand on vous abuse, et encaissez de n’être que des trous ou des saintes. Voilà le visage de l’adolescence tel que la société le laisse être. Il n’y a pas que les jeunes homos qui en souffrent et qui se révoltent. Le sceau de la différence les marque juste un peu plus fort.

Cette honte, c’est maintenant celle des pouvoirs publics qui se taisent, qui laissent actes et insultes homophobes animer les cours de récréation quand ce ne sont pas les salles de classe, alors qu’ils savent. Ils savent la prévalence nettement supérieure des tentatives de suicide chez les jeunes gays et lesbiennes. Honte sur eux car il existe des moyens d’agir. L’institution scolaire ne bouge pas. Les initiatives locales sont freinées. Les esprits plus ouverts et conscients de la nécessité de promouvoir un autre discours sur l’homosexualité et sur la sexualité en général sont arrêtés, tantôt par les proviseurs, tantôt par les rectorats. “ Vous n’y pensez pas ! Que vont dire les parents ! ”. Mais l’institution ne bouge pas. De peur de confier des bambins innocents à des prosélytes sans doute un peu pédophiles ?…Où est le prosélytisme dans le fait d’expliquer à des enfants et des adolescents qu’il y a des gens qui aiment des personnes du même sexe, que ça n’est ni sale ni dégradant ? Où est le prosélytisme de leur faire réaliser que les insultes homophobes et sexistes blessent dangereusement ceux et celles qui autour d’eux ressentent ces attirances ? Quant à la suspicion de pédophilie… L’objectif d’intervenir au niveau de l’école est d’éviter que l’homophobie fasse de nouvelles victimes. Notre sexualité est adulte, elle va bien, merci ; nous n’avons pas à faire grandir des adolescents plus vite, nous voulons juste qu’ils puissent grandir sans honte et sans insultes. Parce que cette homophobie, nous en souffrions encore il n’y a pas si longtemps. Parce que nous sommes encore jeunes et tendres. Mais l’école fait la sourde oreille, enfermée derrière ses peurs archaïques. Et son discours hétéronormatif continue à briser des vies, l’oubli de la prévention des comportements homophobes dans l’éducation à la citoyenneté renvoie les jeunes homos à un sentiment d’anormalité, de solitude. Ni mauvais ni sales ni pervers. Qui pense à nous le dire ? Qui pense à nous rassurer sur ce que nous valons vraiment ? Pas la peine de pleurer ensuite sur les taux de contamination par le VIH. Se protéger, c’est déjà penser valoir quelque chose.

L’école du Respect…pour tout le monde…. Sauf nous ? L’absence de sanctions, à l’école, comme partout ailleurs, des propos et des actes homophobes, contribue grandement au sentiment d’insécurité qui pousse certains jeunes au pire. Car les coups et les insultes pleuvent sur tous ceux qui sont différents, qu’ils soient homosexuels ou qu’ils s’interrogent sur leur orientation ou sur leur identité sexuelles. Honte sur l’absence de formation des éducateurs et des adultes référents pour identifier la détresse de ces jeunes qui voudraient juste pouvoir grandir et se construire, absence de formation pour y répondre… malgré la bonne volonté de certains.

Il suffit. Pour dénoncer cette honte accumulée, nous défilerons, silencieusement, pour rappeler à l’Etat ce silence mortifère dans le quel il voudrait nous laisser, alors même que le reste de la société et les mentalités évoluent vers une plus grande acceptation de l’homosexualité.

Nous sommes en colère. Partout en Province, et le 29 juin à Paris, nous défilerons lors des marche des fiertés, les anciennes “ Lesbian and Gay Pride ”.

Et parce que nous pouvons parler, nous irons devant le ministère de l’Education Nationale nous taire, ce vendredi 28 juin à 17h.

Pour tous ceux qui ne peuvent être là. Tous ceux qui ont encore peur, tous ceux qui ont encore honte… tous ceux qui ne sont plus là. Et pour tous les enfants de demain, qu’ils aient une chance de grandir au sein d’un monde, d’une école plus juste et plus intelligente. Nous porterons sur nous les insultes que l’école française tolère. Oui, “ je suis un sale pédé ”, oui, “ je suis une sale gouine ”.

Et pour une fois, qu’elle nous regarde en face.

mercredi 5 décembre 2007

2003 - vodka partout, orange nulle part

D'emblée on se jauge. Je l'ai tenue pour quantité négligeable, la p'tite brune, et elle s'est bien vite rebellée. D'emblée, on lutte. Deux petits coqs dans une basse cour qui picorent les moules frites. L'adversaire semble de belle taille, et sa folie rend la mienne presque saine. Elle est plus que brillante malgré son jeune age. D'emblée on s'aime, et d'emblée on se tue, soeurettes fratricides. Les étincelles sont belles, et tout le monde s'y éclaire. J'ai choisi l'ombre, elle me repousse vers la lumière. Elle, et les autres, veulent se lever et combattre. Mais avec moi. Ego m'entraine, je cède à la séduction et me lève, élue à l'unanimité sans m'être présentée.

Elle me le dira plus tard. "C'est pour toi que nous nous sommes levés"

Ca ne pouvait que mal finir.

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