jeudi 17 avril 2008

1997 : 17 – On n'est pas sérieux...

Et pourtant je le suis drôlement...

D'abord, j'ai mon bac, et puis presque toute la classe l'a, et notamment tous ces musicos à qui le conseil de classe avait délivré du bout des lèvres un doit faire ses preuves... solidaire je suis, et fière des copains !

En 1997, la nostalgie me prend déjà parce que j'ai beau me dire que, je redoute infiniment de quitter ma famille de substitution, mon lycée où je me suis fait une place. Je suis désormais déléguée – au bout de sept ans de vaines candidatures ! - d'une classe où l'on se serre les coudes, débarrassés des snobinards de l'autre Terminale littéraire. Nous on est les matheux d'une part, les musiciens de l'autre. Et moi qui me sens des deux bords, je fais la liaison. Nos professeurs nous trouvent vivants, voire un peu trop vivants. A la fin de l'année, seuls deux d'entre eux nous défendront.

On a un extraordinaire prof de musique (enfin, moi j'ai arrêté l'option pour cause de je peux pas tout faire, mais je ne lâche jamais complètement) et une prof de philo fabuleuse. Avec elle, chaque matin deux heures, on réfléchit, et on avance. On revoit ses préjugés. On débat passionnément. On rencontre Albert Jacquard, rien qu'à nous, pour deux heures, un après-midi de février. Il y a aussi les lettres, anciennes et modernes. Je découvre Aragon, Lancelot, Calderon, Maupassant, et Aristophane et Xénophon, et Tacite et Virgile. Monsieur K. est notre passeur, telle la Sybille conduisant Enée aux Enfers... et mon rameau d'or, c'est la littérature. Je dois à Monsieur K. un peu de mes concours. En espagnol aussi, je nage dans le bonheur d'apprendre. Mon cher professeur – que nous adorons toutes, pourtant il est vieux et moustachu, mais sa voix est tellement... - bref, il est venu me chercher, m'a dispensée d'une heure hebdomadaire pour que je puisse suivre le cours de LV1 (avec mes vingt-huit options, je suis le cauchemar des concepteurs d'emploi du temps ; Monsieur K. a fait la même chose pour le grec, et je suis ainsi allégée de deux heures de cours pour pouvoir faire ce qui me plaît vraiment. Si c'est pas la belle vie...) et c'est peu de dire qu'on se régale. La littérature et la poésie, là encore, sont à l'honneur. Avec la chorale, nous préparons le Requiem de Mozart, œuvre grandiose évidemment, que nous chantons à la cathédrale, à guichets fermés, et que nous sommes tenus de chanter derechef, le même soir, pour satisfaire les nombreux spectateurs restés dehors. Aventure inoubliable.

Et puis comme je suis devenue une grande, à l'internat aussi, le statut change. Ma compagne de chambre, T., est aussi camarade de classe, de maths et de grec, elle est nettement plus délurée que moi et grâce à elle, j'apprends plein de choses. Dans une autre aile, les garçons organisent des soirées plus ou moins autorisées et étonnamment, j'y suis conviée, moi la fille sage. Il faut dire que T. n'a pas besoin de trop insister, car mon amoureux m'y attend, et lui aussi profite de cette promotion inattendue.

Mon amoureux, lui dont j'ai déjà parlé, c'est une belle et grande affaire. Nous comptons chaque mois avec fierté. Nous sommes sans doute le couple le plus stable de l'internat, nous deux en qui personne n'aurait cru, moi la gamine pot de colle, lui le bouffon à l'humour vaseux. Respectabilité donc, même auprès des adultes semble-t-il. Nous existons en tant que couple, c'est énorme.

Et cela compense la déconfiture d'un autre couple, le seul autre qui compte, celui de mes parents. Mon père, un jour de février, emporte ses affaires. La salle à manger sans la table en ormeau, c'est bizarre.

Je brandis mon amoureux comme un étendard. En réalité je suis dans un état tel (nerfs et ventre en feu) que souvent je ne supporte pas qu'il me touche, mais un week-end sur trois il m'accompagne dans un des deux lambeaux de famille qui me restent ou bien je vais chez lui, et tant pis pour le lambeau dont c'était le tour. Je hais mes parents de m'infliger cette rupture, et je ne souhaite qu'une chose, être émancipée et ne plus dépendre en rien d'eux, d'aucun d'eux, puisqu'ils sont incapables de me protéger du malheur.

De toute façon, plus que jamais, ma vie est au lycée. Le quitter va tout bouleverser. Et cette période reste dans mon esprit comme un âge d'or jusqu'au jour où, huit ans plus tard, je raterai le rendez-vous des lycéens.

vendredi 28 décembre 2007

1998 : 18 - J'ai deux amours et jalousie

L'antéchronologie m'oblige à dire ici la fin du premier acte d'une pièce dont vous avez déjà vu l'acte second. Cela ne peut qu'accentuer l'impression que ces quelques mois - vingt-et-un pour être précis - ne sont que parenthèse. Malheureusement la parenthèse est bien réelle, ce sont des mois de vie, qui ont laissé des traces en moi, en Lui, en L...

Je ne souhaite à personne ni leur place ni la mienne, puisque malgré toutes mes résolutions je n'ai pas réussi, de tout ce temps, à oublier, à accepter et à tourner la page.

Janvier 1998. L'euphorie des premiers mois étudiants, l'indépendance (relative) et la grande ville, les rencontres et surtout... les retrouvailles. Mon ami Jo m'a confié, en avant-première, son homosexualité ; le bel et blond Z que j'aime tant m'a fait l'honneur de confidences amoureuses. Et puis T a répondu à ma petite lettre. En tant qu'amie, je suis comblée de tant de marques de confiance.

Lui, mon amoureux et mon promis, est resté pour ces deux premières années dans la petite ville de notre petit lycée. T en revanche a comme moi choisi la voie de la prépa et nous nous croisons tous les jours, et un détonant coktail de nostalgie et d'euphorie fait advenir ce qui devait venir. J'ai deux amours, il me faut donc choisir. Choisir entre l'homme de ma vie et puis... mon âme frère. Mon âme frère, il a le charme de nos rêves et de nos souvenirs (ricochet à venir...), et fatalement... je le choisis.

Trois mois plus tard, le désenchantement. T a renoncé, s'est éloigné sans savoir rien dire. Ce qui pour moi est pure lâcheté. Lui a rencontré L, et moi, mes anges envolés, j'ai tout perdu.

Le pire étant la perte, au moins temporaire, des amis qui m'ont tous prévenue et ne savent que me dire on te l'avait bien dit, tu te l'es bien cherché. Tous, sauf une, la seule. Mais elle est loin.

Avril et mai sont l'expérience de la solitude quasi absolue. Je vérifie ma boîte aux lettres (la vraie, pas l'électronique ! je n'ose imaginer quel aurait été mon comportement alors si j'avais disposé d'Internet) quinze fois par jour. Je compulse régulièrement mon répertoire en quête de gens à appeler. Je n'ose même plus quitter mon appartement de peur de rater le téléphone s'il se mettait par miracle à sonner. J'ai besoin d'eux pour exister, et je souffre que l'on existe sans moi. Je ne supporte pas cette solitude forcée.

Lui n'est pas très clair sur ses sentiments. Mais son sens moral lui interdit de le reconnaître. Malgré tous nos efforts, quelque chose subsiste entre nous. L le voit bien et elle en souffre. Forcément. Je ne peux me résoudre à couper les ponts quand il est l'un des seuls à me parler encore. Il n'a pas assez de courage pour en prendre l'initiative, mais ne supporte pas d'être tiraillé entre sa jalousie et la mienne, même si nous essayons tous de faire comme si tout allait bien.

Le onze juillet, il m'appelle. L l'a quitté. Je passe la nuit et la journée suivante à rêver à son retour.

Le douze juillet, alors que la France a les yeux rivés sur les grands écrans de la coupe du monde de football, il rappelle. L l'a repris.

Le coup est rude. Je vais noyer mon chagrin au cinéma. J'ai oublié le film. Je mettrai beaucoup de temps à supporter la liesse populaire qui a suivi, la joie des cousins que je retrouve le lendemain, les conversations qui me renvoient sans cesse à ce coup de poignard. Je maudis l'espoir qui me lâche toujours de trop haut.

Heureusement septembre m'apporte d'autres satisfactions. J'ai gagné la sympathie des élèves de première année, on ne sait comment, mais pour la première fois de ma vie je me sens populaire. Ca compense.

dimanche 23 décembre 2007

1999 : 19 - Tout rentre dans l'ordre

D'abord, le divorce de mes parents est enfin prononcé. C'est la fin d'une longue épreuve.

Ensuite, ma petite khâgne suit son cours. J'ai choisi mes matières, que j'étudie avec sérieux, et je bois les paroles des professeurs dans les autres (ahem, non, pas partout!), je m'imprègne de tous mes pores de tout ce savoir et je dévore les polycops. Tous les mercredis, une version, grec,latin, grec, latin, la régularité d'une horloge. J'apprends à traduire, à finir dans les temps, je n'ai plus peur de l'exercice. Cette gymnastique me sera très utile lors des prochains concours.

Un vendredi sur trois (à peu près), je dors jusqu'au matin, parce que déjà j'avais du mal à terminer mes semaines... et j'arrive au lycée pour la deuxième heure d'espagnol. Lorsque j'entre, en m'excusant bien entendu : est-ce qu'au moins tu as bien dormi? me demande la prof, Madame C., un brin taquine. C'est un petit oiseau vif et sautillant, bien que tout près de la retraite, et c'est elle qui nous faitdécouvrir, outre mille écrivains et poètes hispanohablantes, Salamanque, Salamanca, au cœur du mois de février. Il faut imaginer une douzaine de jeunes filles, chaperonnées par une petite dame malicieuse, le tout emmitoufflé d'écharpes et de manteaux pour résister au vent glacial, se réfugiant dans les cafés pour boire du chocolat et croquer des fruits secs, que notre chère et précieuse guide sort toujours de son sac, miraculeuses provisions !

Mais Le Concours approche, l'objectif étant : advienne que pourra !!! Je n'ai aucune ambition, la barre est bien trop haute et je suis encore assez sage pour ne pas me ruiner la santé à chercher l'impossible (comme quoi on ne progresse pas suivant une droite ligne, cette sagesse m'ayant fait défaut quelques cinq ans plus tard). En attendant je profite, profite de ma formation, excellente et passionnante sur bien des points (ahem, pas tous...).

L'écrit passé, on prépare l'oral, et pour ce faire, nos après-midis sont libérées. Je m'inscris, par acquis de conscience, pour passer une colle dans chaque matière, et me voici libre avec mon amie Folio.

C'est le temps des cadavres exquis (jusque, et surtout, dans les cours de philo!) et des après-midi pomme-poire-cannelle... J'ai acheté ce thé peut-être pour son nom, qui sonne comme comptine, et nous le buvons toutes les deux en bavardant, en partageant lectures, chants et petits potins, dans le printemps de ma jolie petite chambre d'étudiante. Du bonheur...

Enfin libre! Heureuse d'avoir vécu ces deux ans de prépa mais plus encore d'en être sortie, débarassée! - et pourvue d'un solide bagage et d'amitiés qui vont durer. Folio surtout. Durer parce que construites sur des affinités profondes : l'amour de la littérature et des fous rires !!!

Septembre, c'est la rencontre avec Coraline, la fille que j'étais destinée à rencontrer depuis ma plus tendre enfance - ainsi en avaient décidé sa tante et ma grand-mère qui elles se connaissaient bien, et ont abondamment parlé à l'une de l'autre. On se méfie en général des enfants de ton âge avec lesquels on veut à toute force vous faire jouer... Mais Coraline et moi, nous étant rencontrées par hasard, présentées l'une à l'autre par une tierce personne, nous avons sympathisé avant même de savoir qui nous étions. Tout de suite. Et ce n'est que lors du premier appel de nos noms, en TD, qu'ébahies nous nous tournons l'une vers l'autre : c'était donc toi ?!! Elle est drôle et simple, l'année s'annonce bien...

Enfin, pour terminer, suite à quelques péripéties, Il est retombé dans mes bras, à moins que ce ne soit moi dans les siens, et pour fêter l'événement, tous nos amis ont été invités à la crémaillère de mes 25 mètres carrés, où Il va vite s'installer pour les deux ans qui viennent...

Tout est rentré dans l'ordre, et la vraie vie, la vie normale, peut commencer. Du moins c'est ce que je crois...

jeudi 29 novembre 2007

2000 : 20 - vous avez dit ''maîtrise'' ?

Ma licence terminée, se pose pour de bon la question du choix. Maîtrise oui, mais quel sujet, quel domaine ? Je n'aurai pas le courage et l'audace d'écouter mon cœur, de suivre mes passions, investie d'on ne sait quelle mission qui me pousse dans une impasse. En vérité, je le sais déjà, peut-être ai-je peur de me confronter réellement à un choix dont je serais responsable, à l'échec éventuel (Mieux vaut choisir la certitude de l'échec !!!) et redouté d'une entreprise hors norme, qui m'aurait demandé volonté et détermination. Qui sait ?

Ce choix crucial, que j'ai soigneusement esquivé, moi qui choisissais tout, avant, marque peut-être le début (ou l'apogée) d'un renoncement. Je vais me laisser porter encore longtemps par les circonstances.

Depuis quelques mois, ma grand-mère perd la mémoire, elle s'en affole, elle qui était une encyclopédie vivante, un bottin incarné ; les mots lui jouent des tours et se dérobent. Elle les cherche, et résout fermement d'exercer sa mémoire, réapprend des poèmes. Par exemple, Homme libre, toujours tu chériras la mer...

Et puis cela s'accélère. Elle consulte. Les médecins ne savent pas. Examens, etc.

Un jour tout devient radiateur dans sa bouche et sa quête des mots. Elle trébuche, se relève, retombe de plus en plus souvent. Ma grand-mère perd les mots selon des lois étranges, qui seraient drôles si ce n'était une souffrance. Ainsi le lycée deviendra le buffet, moyennant sans doute un détour par le bahut, mot d'une familiarité telle que je n'en ai jamais entendue de sa part !

De chimio en chimio nous voyons les désastres. Au final c'est la parole qu'elle perd. Et son impuissance fait mal quand son regard lucide et déchirant se vrille sur vous. Il n'est pas aisé de parler à quelqu'un qui ne sait plus répondre.

Les cheveux blancs tombent et repoussent, petites mèches brunes. Grand-mère qui maîtrisait tout et déléguait si peu, Grand-mère est devenue totalement dépendante. On l'habille, on la change, on finit par lui donner la becquée. Mais Grand-mère s'accroche, veut tenir sa cuillère, maladroitement, renverse son potage - elle qui nous a tous fait manger. Des gestes de bébé sous des yeux de souffrance.

Grand-père s'occupe d'elle. Il faudrait l'admirer, quel dévouement. Mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas parce que lui, je ne l'aime pas, et parce que sous ses yeux je ne peux pas serrer ma grand-mère dans mes bras - le seul geste que je puisse, et qui me rapprocherait d'elle une dernière fois - sous ses yeux, je ne peux pas. Je ne veux pas de son attendrissement convenu, je ne peux pas exprimer ni amour ni tendresse si je sais qu'il est là. Je refuse de lui donner ce spectacle parce qu'il va le salir rien que par son regard. Je ne peux pas me laisser aller. Je suis injuste mais je le hais. Et je ne dis ni adieu ni au revoir à ma grand-mère.

J'apprends sa mort lorsque démarre mon année universitaire, septembre, un vendredi matin. J'aime penser que ses cendres, que j'ai vu disperser, n'ont pas laissé de trace - et que cela lui convenait. Ce qu'il nous reste d'elle, c'est immense. Et je songe à l'instant à ses albums photos, soigneusement datés, légendés et rangés. Je ne suis plus aussi sûre de ce que signifie le mot maîtrise.

vendredi 23 novembre 2007

De l'ordre et des années, du temps qui s'effiloche et des fils qui dépassent

Mon prochain ricochet est ramassé, une page manuscrite sur une feuille verte... J'aime l'écrire, le ricochet. Les vôtres que je lis régulièrement m'intéressent et réveillent l'envie, souvent, bien souvent, de ricocher, mais je dois suivre l'ordre... et l'ordre a du mal à ne pas bloquer. J'en ai réussi six, et depuis près de six mois je cherche le septième. Le caillou ramassé, il me faut le polir un peu ; et vlà que j'l'ai encore oublié là où je ne suis pas, dans la poche d'une chemise restée sur un autre dossier... bref, ça traîne. Mais je veux remonter le courant, j'ai tellement plaisir à les polir (ou pas), à rechercher un fil pour démêler l'écheveau de cette année-là, et puis quand je tire sur l'un et que tout se déroule... non, pas tout, je trouve après que ah mais oui (ou : ah mais non, c'est selon) j'aurais du parler de ci ou de ça...

L'expérience est difficile aussi du point de vue technique : pas si simple de savoir comment ordonner ces bribes de tronçons d'existence.

D'autant que je me souvienne, mes années sont scolaires, et je les ai toujours pensées ainsi, c'est telle classe, tel niveau, et l'enseignement (qui me prend tant de temps et m'empêche de ricocher, d'ailleurs ! le voilà, le coupable ;-) n'arrange pas les choses ! Alors, ce souvenir que je veux évoquer, était-ce en janvier ou en décembre ? Pour ce caillou ou pour l'année prochaine ?

Et puis il y a les années d'étudiante, qui arrivent à grands pas (tiens donc, c'est donc là que je bloque ! hum hum, très intéressant, continuez, dirait mon bon Docteur. Continuons), celles dont les albums photos dorment sous forme de pochettes de photos pas triées à ranger, en cartons qui me suivent déménagement après déménagement, et que je ne suis plus sûre de savoir mettre en ordre. N'y aurait-il pas un lien ? A l'instant où j'écris je m'aperçois de ça, je m'interroge. En fait, je me suis avouée il y a quelque temps, il y a peu de ça, peut-être quelques mois, que faire les albums de ces années-là ne m'intéressait pas, ou alors pas beaucoup, ou du moins que j'avais moins besoin qu'avant de recoller des morceaux de passé. J'en ai des albums vides et des choses à y mettre. J'ai gardé le petit papier de l'adresse d'un ami à Madrid, pour illustrer le récit du voyage. Il faudra que j'y pense. Il est là, le problème : le jour où je reprends, je risque d'oublier un des cartons et de ne pas intégrer tout ce que j'ai. Redoutable écueil. Mon grand-père disait que le perfectionnisme pouvait paralyser. Je ne savais pas encore à l'époque que j'étais perfectionniste, et je n'imaginais pas même que je puisse en souffrir.

On est très loin des Ricochets ? Pas tant que ça, je crois. Il s'agit de la difficulté de mettre en ordre mon existence, ma manie d'ordonner me conduisant toujours à des désordres indescriptibles. Depuis l'événement de 2006, début des ricochets, que je mentionne à la fin de mon premier caillou, ma vie a recommencé, tout à fait autrement, et celle que j'étais avant me semble un peu lointaine, si je ne tire pas sur les fils qui dépassent.

lundi 11 juin 2007

2001 : 21 - le grand saut

2001 ressemble un peu à 2003, en beaucoup moins prémédité… Pour résumer, c'est l'année où j'ai commencé à enseigner. J'ai réussi un concours que je ne voulais pas vraiment avoir, enfin, pas tout de suite. Réaction de mon instit du CM2, ami de ma mère : Mais elle est trop petite

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dimanche 22 avril 2007

2002 : 22 - l'angoisse

Avant d'écrire et de lancer ce caillou-là, j'ai lu les vôtres sur la même année. Tel était le principe du ricochet, non ? Je m'attendais à plus de réactions au 21 avril. J'ai été submergée par des histoires personnelles, douloureuses, qui ont mis entre ce jour-ci et celui-là un peu plus de distance.

J'écris entre le 21, le triste anniversaire sinistre, et le 22, dont seul demain va dire finalement de quoi il sera fait. Mais la symétrie est là, et si je ne suis pas vraiment inquiète tant que je n'imagine pas, je ne suis pas enthousiaste non plus car je ne vois pas ce qui, quoi qu'il arrive, pourra sortir de bon de cette campagne électorale toute pourrite et déprimante.

Tout a changé, les dangers sont conscients, cinq ans de droite dure auraient remettre en lumière les enjeux et les choix politiques, le fertile débat sur le TCE a prouvé l'existence de et aurait fédérer une gauche qui ne se reconnaît pas dans la mouvance majoritaire au PS...

Rien n'a changé : la gauche de gauche s'est émiettée comme un Sprits oublié - et pourtant, c'est bon, les Sprits... même en miettes... mais c'est beaucoup plus difficile à manger -, le PS ne s'est toujours pas clairement repositionné, et l'ex-sinistre d'Etat ne souffre pas le moins du monde de son bilan désastreux, et l'ogre qui sussurait il y a cinq ans n'ayez pas peur... a d'ores et déjà gagné la bataille culturelle : ses idées nauséabondes ont contaminé toute la campagne, à la limite, peu importe qu'il en récolte ou non le fruit.

Moi, j'ai changé (comme disait l'autre). Vous le savez maintenant, j'ai - un peu - grandi. Mais à me remémorer cette date qui nous sert aujourd'hui d'épouvantail, je me rends compte que je n'ai pas grand-chose à reprocher à l'Aglaï de mes 22 ans, moi qui en ai 27 et qui ne sais toujours pas pour qui voter !

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2003 : 23 - les sommets

Année concours. Volonté, lucidité, espoir. Et puis, à peine atteint le sommet, une certaine dégringolade... dont j'ai évoqué la première conséquence il y a un certain temps... pour ne pas dire un temps certain. Et les suivantes, il y a encore plus longtemps. Etrange cette démarche antéchronologique qui fait dire l'effet avant les causes...

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mardi 27 février 2007

2004 : 24 - apprendre la solitude

Première année sans lui ! Libération... Année voyage, La Rochelle, Madrid et Portugal, projet d'écriture, plaisir de l'amitié... et mon premier bal !

Mais avant ce nouvel envol, il y a les soirs de février.

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samedi 17 février 2007

2005 : 25 - l'Amazone

Année explosion, débordement, inondation, jaillissement, année crue (aux deux sens du terme). Année volcan. Renaissance aussi. Difficile d'en ordonner les mots, la profusion.

365 jours et pas un sans comprimé.

L'horrible constat, un matin au lever, que je ne m'aime pas.

Le gouffre de tout ce qui vacille, et se cogner aux murs de mes insuffisances. Tout me renvoie à moi, miroir soudain cruellement lucide. Je fais l'expérience douloureuse de ma béante fragilité.

Les deuils, deuils de moi, de l'enfance, de l'idéal. Je ne veux pas être une adulte, et celle que je me vois devenir ne me plaît vraiment pas.

Je me livre et me délivre d'un flot de mots enfin mis sur des blessures anciennes. Je découvre en moi mille choses que j'ai toujours sues.

Et mille sages-femmes m'ont aidée à accoucher de moi-même.

Expérience aussi de la transe avec jeûne et veille, sensation d'un regard perçant, extraordinairement perçant sur le monde... et ce qui n'est pas moi.

Jalousie, maladresse, fuite, je blesse autrui et pour finir manque de me blesser moi-même en perdant le contrôle un soir sur une route de campagne... je m'en sortirai indemne mais avec cette conscience aigüe comme un cri que je dois vivre, vivre à tout prix, vivre pour tous ceux que ma mort désarmerait. Cette conscience comme un sursaut contrebalance toutes les autres fois où j'ai pensé, parfois pleuré – chose archifausse – que s'il m'arrivait quelque chose, à personne je ne manquerais. Pensée qui me hantait surtout lorsque je conduisais.

Durant longtemps m'a tenue en éveil, et en vie, l'idée que je ne pouvais pas disparaître avant d'avoir rangé ma chambre : mis de l'ordre dans l'image que je laisserai de moi.

Tout était là : la seule estime qui m'importe était celle des autres, et je m'en croyais/trouvais indigne parce que moi-même je ne m'accordais pas la mienne, tout en me croyant narcissique au dernier degré...

Année insupportable, année où se sont éloignés les prudents et les sages – ou les écorchés vifs, ainsi ce vieil ami qui m'avait toujours dominée, soudain écrasé et nié par la violence de mon besoin d'exister. D'autres s'y sont risqués, et je leur ai fait mal, instable, instable, instable.

Instable humeur un tourbillon certain jour de printemps où ma folie était palpable. J'ai couru partout, virevolté, pour m'abîmer là où le papillon brûle ses ailes, quand il sent la fêlure dans son rire trop aigu.

Je parlais vite, vite, à n'avoir plus de souffle et la salive sèche, et on me disait : Mange ! Bois ! Dors ! Et surtout... Tais-toi !

Tu parles trop, tu parles trop, tu parles trop... tu n'écoutes plus personne et plus personne ne t'écoute... me chantera un jour un malicieux Zorro...

J'ai cherché quel était le plus grand fleuve de la Terre, celui qui avait le plus gros débit. Je l'ai trouvé : fleuve vierge, fleuve large, fleuve immense, aux flots enflés de plus de mille affluents, fleuve qui tourbillonne. C'est l'Amazone.

mercredi 7 février 2007

2006 : 26 - le temps de reconstruire

Avant de me lancer, une précision (peu utile pour vous, importante pour moi ! )

Sachant que je n'ai vécu que les derniers jours de ma première année - ouh la ! ça ne commence pas très clair - pour moi, 2006 = 26. C'est-à-dire qu'en deux mille six, j'avais vingt-six ans, du moins les trois cent quarante-six premiers jours !

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