D'abord, le divorce de mes parents est enfin prononcé. C'est la fin d'une longue épreuve.

Ensuite, ma petite khâgne suit son cours. J'ai choisi mes matières, que j'étudie avec sérieux, et je bois les paroles des professeurs dans les autres (ahem, non, pas partout!), je m'imprègne de tous mes pores de tout ce savoir et je dévore les polycops. Tous les mercredis, une version, grec,latin, grec, latin, la régularité d'une horloge. J'apprends à traduire, à finir dans les temps, je n'ai plus peur de l'exercice. Cette gymnastique me sera très utile lors des prochains concours.

Un vendredi sur trois (à peu près), je dors jusqu'au matin, parce que déjà j'avais du mal à terminer mes semaines... et j'arrive au lycée pour la deuxième heure d'espagnol. Lorsque j'entre, en m'excusant bien entendu : est-ce qu'au moins tu as bien dormi? me demande la prof, Madame C., un brin taquine. C'est un petit oiseau vif et sautillant, bien que tout près de la retraite, et c'est elle qui nous faitdécouvrir, outre mille écrivains et poètes hispanohablantes, Salamanque, Salamanca, au cœur du mois de février. Il faut imaginer une douzaine de jeunes filles, chaperonnées par une petite dame malicieuse, le tout emmitoufflé d'écharpes et de manteaux pour résister au vent glacial, se réfugiant dans les cafés pour boire du chocolat et croquer des fruits secs, que notre chère et précieuse guide sort toujours de son sac, miraculeuses provisions !

Mais Le Concours approche, l'objectif étant : advienne que pourra !!! Je n'ai aucune ambition, la barre est bien trop haute et je suis encore assez sage pour ne pas me ruiner la santé à chercher l'impossible (comme quoi on ne progresse pas suivant une droite ligne, cette sagesse m'ayant fait défaut quelques cinq ans plus tard). En attendant je profite, profite de ma formation, excellente et passionnante sur bien des points (ahem, pas tous...).

L'écrit passé, on prépare l'oral, et pour ce faire, nos après-midis sont libérées. Je m'inscris, par acquis de conscience, pour passer une colle dans chaque matière, et me voici libre avec mon amie Folio.

C'est le temps des cadavres exquis (jusque, et surtout, dans les cours de philo!) et des après-midi pomme-poire-cannelle... J'ai acheté ce thé peut-être pour son nom, qui sonne comme comptine, et nous le buvons toutes les deux en bavardant, en partageant lectures, chants et petits potins, dans le printemps de ma jolie petite chambre d'étudiante. Du bonheur...

Enfin libre! Heureuse d'avoir vécu ces deux ans de prépa mais plus encore d'en être sortie, débarassée! - et pourvue d'un solide bagage et d'amitiés qui vont durer. Folio surtout. Durer parce que construites sur des affinités profondes : l'amour de la littérature et des fous rires !!!

Septembre, c'est la rencontre avec Coraline, la fille que j'étais destinée à rencontrer depuis ma plus tendre enfance - ainsi en avaient décidé sa tante et ma grand-mère qui elles se connaissaient bien, et ont abondamment parlé à l'une de l'autre. On se méfie en général des enfants de ton âge avec lesquels on veut à toute force vous faire jouer... Mais Coraline et moi, nous étant rencontrées par hasard, présentées l'une à l'autre par une tierce personne, nous avons sympathisé avant même de savoir qui nous étions. Tout de suite. Et ce n'est que lors du premier appel de nos noms, en TD, qu'ébahies nous nous tournons l'une vers l'autre : c'était donc toi ?!! Elle est drôle et simple, l'année s'annonce bien...

Enfin, pour terminer, suite à quelques péripéties, Il est retombé dans mes bras, à moins que ce ne soit moi dans les siens, et pour fêter l'événement, tous nos amis ont été invités à la crémaillère de mes 25 mètres carrés, où Il va vite s'installer pour les deux ans qui viennent...

Tout est rentré dans l'ordre, et la vraie vie, la vie normale, peut commencer. Du moins c'est ce que je crois...