dimanche 29 avril 2007

En pause... et bonne route !

Je suppose que vous n'aviez pas fait attention, au milieu de tous ces ricochets, et je n'en prends d'ailleurs pas ombrage, mais je me suis arrêté en cours de route.

Mon dernier ricochet, pour sincère qu'il ait été (car j'y annonçais la supercherie), était une parabole, variation fantasmatique imaginant un baiser avorté, qui ne fut jamais esquissé que dans mon imagination et l'étreinte de deux mains. Bref, un mensonge éhonté, pour aborder une période où la félicité le disputait à la frustration.

Ce fut un point d'arrêt. Comme s'il y avait un mur. Avant 1999, avant mes quatorze ans, rien. Tellement de choses à la fois, mais valent-elles la peine d'être dites ? Et surtout : d'être dites en poèmes ?

Je suis en pause. Assis au bord de la rivière. Je ne sais pas si je me relèverai pour reprendre la route. Peut-être que quelqu'un viendra me pêcher, malgré lui, me prenant pour un arc-en-ciel ?

Je suis en pause, et vous regarde passer. Bonne route.

mercredi 28 mars 2007

1999 (14) : Rendez-vous manqué

De cette histoire imaginée, de cette après-midi fictive, quand le faux est éliminé, reste une nostalgie rétive.

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vendredi 16 mars 2007

2000 (15) : Séparation

Tu avais quinze ans. Moi aussi.

Je t'ai rencontrée par hasard, au détour d'un couloir.

Un éclair aveuglant. L'évidente clarté de communes pensées. Des rires et des larmes, des discussions sans fin qui épousent nos lèvres. La peur au creux des reins, l'insouciance, ta voix qui dit tout est possible si tu existes, là, viens, je me fous de tout, viens prends moi dans tes bras. La vie nous appartient ; tant pis si, arrogants, nous voulûmes deux fois contraindre le destin ; et si, précipités par un serment idiot et un facteur malin dans de sombres pensées, nous pleurons, côte à côte, sur la loi des jardins : il est hors de question de te perdre deux fois.

Plus de six ans après, tu restes là pour moi.

2001 (16) : Rencontrer la folie

En souvenir de ces quelques jours que tu passas avec toi-même, ces quelques jours que je n'ai pas compris, quand je ne pouvais rien pour toi.

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mercredi 7 mars 2007

2002 (17) : Tempête

En souvenir d'un été où un Rayon-de-Soleil s'envola, une maladie arriva, des pensées gênantes furent exécutées sur le champ et une mortelle angoisse me saisit. En souvenir d'un été à nul autre pareil. En souvenir de l'été où je rencontrai Tempête.

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samedi 24 février 2007

2003 (18) : Testament photographe

Noir et blanc

Un ruisseau de montagne. L'ombre à peine estompée d'un arbre sous la neige. Ces branches sur le ciel, qui pleure de beauté. Des flocons en janvier : halo d'un réverbère en un jardin de nuit. En plein coeur de Paris, trouver Le Paradis.

Un cerisier en fleurs. Un ciel ennuagé qui se fait menaçant ; il était beau, pourtant, dans l'orange couleur. Arôme japonnais : ton vingtième printemps, pour nous presque trois ans. Sur l'herbe du jardin, l'ombre de tes deux mains.

Rue du Faubourg du Temple. Au soleil matinal, guetter l'instant crucial où tes yeux s'ouvriront ; dans cette pièce unique, ton corps se fait musique. Au soleil insulaire, ta silhouette éphémère. Au soleil de minuit, un manège en folie.

Deux concerts estivaux. Guitariste italien, professeur, maestro ; compagnons réunis, dans l'herbe tous assis. Un sapin vénéré : notre âge partagé, sa douce gravité. Les bords de Seine enfin : arbres, amis, sereins.

En couleurs

Une plage bretonne. Une quinzaine houleuse au milieu des tourments. Une quinzaine heureuse en valse à quatre temps. Cryptographie zombie : souvenir émouvant d'un aveu balbutiant. Pierr', feuill', ciseaux : bluffer, sincère et hésitant.

Noir et blanc

Première randonnée. Été caniculaire aux chemins attachants. De la Dordogne au Lot, vert, jaune, noir et blanc. Un artiste de dos : amoureux des chevaux, comme déjà parti. Une fille assoupie, dans le train qui revient.

C'est fini. Nuit de renaissance, de mort et d'offense, de rythme brisé, d'oranger fané. C'est fini. Un trop long poème, qui sait ? le dernier - j'y croyais alors, pensais liquider le passé. C'est fini : je l'avais écrit. Je t'avais écrit. Un meurtre mental, défection fatale. Lueurs dans la nuit. C'est fini.

Portraits de fin d'année. Futur, présent, passé : Sarah, Nicole, André, Malika, Jérémy, le chat, Benoît, Marie, Christophe et Sébastien, Hélène et Olivier, Patrick, Gildas, Florence, Georges, Sandrine, Éric, Henriette, Simon, Pierre-Emmanuel et moi. Qui partira demain ? pour où ? pour quand ? pourquoi ?

Une nouvelle année. Partir en Pyrénées sur un coup de folie. Retrouver des amis, des arbres, des soleils, des sourires vermeils. Une nouvelle année, dans la neige et le feu. Une nouvelle année, qui débute en adieux.

lundi 12 février 2007

2004 (19) : Adieu

Pardon à celles et ceux qui ont peuplé mon année 2004 de leurs sourires et de leurs larmes. J'aurais tant préféré parler d'eux, de nos instants de vie communs. Je suis sûr qu'ils comprendront qu'aujourd'hui, c'est de lui dont je dois dire l'histoire ; lui qui ne la lira pas.

En mémoire de la nuit du 16 octobre.

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samedi 3 février 2007

2005 (20) : Combattre pour la beauté

Chercher, à l'heure des ombres, un chasseur paré d'étoiles que l'aurore, dans son voile, dissous parmi les décombres d'une année en demie-teinte que l'angoisse et l'espérance, formant une étrange alliance, parsemèrent de jacinthes.

Blesser celle que l'on aime, quand, piégé par sa passion, on accouche d'un poème, empli de contradictions, qu'on offrira chancelant à ceux qui voudraient entendre l'appel, tragique et troublant, à renaître de ses cendres.

Lutter, subrepticement, contre l'envie s'asseoir ; contempler son désespoir s'effilocher doucement ; regarder son corps, troublé, apprivoiser le chaos ; retrouver dans le Tao, la voie des danses tremblées.

Choisir, entre deux chemins, l'un ardemment désiré, l'autre convoité mais craint, celui de facilité ; l'emprunter pour découvrir des illusions trépassées ; plonger dans ses souvenirs, vouloir changer le passé.

Pleurer contre la folie d'un concert assourdissant, en sortir tout frémissant d'haineuse mélancolie ; pleurer pour la pureté, cristalline, diaphane, d'une mélodie profane perdue depuis cinq étés.

Imaginer, dans le ciel, un oiseau quadrimoteurs, qui cacherait, sous ses ailes, un soleil si prometteur qu'il devrait, pour mieux briller, aller jusqu'aux Amériques, de ses larmes, féconder des acides nucléiques.

Combattre pour la beauté, la tendresse, l'émotion ; briser les compromissions, inventer la nudité, craindre déjà la démence, le naufrage de l'esprit, flirter avec l'incompris... combattre pour le silence.

mercredi 31 janvier 2007

2006 (21) : Naufrage

Elle survit à peine, emportée par les flots. Remonte, hésite, aspire. Recrache en un soupir. Elle voudrait plutôt ou mourir, ou partir, mais reste entre deux eaux. Lui parlant allemand, je crois la soutenir et découvre en son coeur, l'esquisse d'un sourire... accablé de douleur. Elle, me maudissant, s'emporte, disparaît en sanglots effrayants que la nuit reconnaît.

Les accalmies ne sont qu'illusions, l'avenir qu'un plus sombre horizon. Nous ne nous voyons plus au-delà de demain ; aux cordes de marin, on usa bien des mains. Les espoirs échoués terminent en lambeaux. Mais, perdu pour perdu, je maintiens le flambeau.

Autant qu'elle égaré, je n'en fait rien paraître : faute de rien pouvoir, me contenterai d'être. Je la guide au travers des hoquets et des pleurs, esquivant les récifs vers une autre couleur. Animé d'une foi que la raison déplore, j'écope sans répit en espérant un port.

Ma propre vie n'est plus que l'ombre d'un combat, mené dans des contrées qui ignorent mes pas. Puisant toute ma verve au mât de la grand vergue, je l'entraîne - folie - dans un ultime cri, au creux de l'océan, qui nous jette mourants sur la plage au jusant.

Ai-je eu tort ou raison ? Que seront ces passions, la tempête passée ? les vit-on fracassées dès le premier rocher ? sont-elles ressorties de l'épreuve grandies ?

Les plaies des combattants, dans l'eau de mer plongées, mettent bien plus longtemps à ne plus les ronger - il arrive qu'on meurt des suites d'un naufrage qui, ayant moins d'ampleur, n'en est que plus sauvage - mais si, cicatrisées, ne laissent qu'une trace, l'amour traumatisé retrouvera sa place.