C'est un pommeau, comme une lune qui luirait pleine dans la nuit ; c'est une garde peu commune, courbée comme un dos sous la pluie ; c'est un fourreau bien déroutant, qui sent le cuir et le passé ; c'est une lame sans tranchant, ignorée par les trépassés.

C'est un pavage minutieux, que le premier regard néglige, mais qui, pourtant, ravi les yeux quand on sait lire ses vestiges ; c'est un présent --- une stigmate où j'emprisonne l'indicible, mettant la mort échec et mat sur l'échiquier de l'impossible.

C'est une voilier, bien trop petit pour y étendre ta dépouille ; c'est un vaisseau du paradis --- neuf tonneaux, cinq voiles --- qui mouille dans la mémoire des vivants ; c'est un souvenir maritime, d'un vieil Alsacien résistant (aux médecins qui le raniment).

C'est une forêt, c'est un four : si ce tri-réacteurs, trente ans, trente semain's et trente jours après, n'est plus qu'un monument, dans les allées d'Ermenonville, je déroule ma pellicule, captant la trace indélébile, vos deux âmes au crépuscule.

C'est un périple translucide, que j'accomplirai solitaire ; c'est une fine chrysalide, qui laisse filtrer la lumière ; une mélodie allemande qui emplirait le cimetière ; un goût de croissant aux amandes, que je cherche comme un mystère.