lundi 19 novembre 2007

J'obtempère derechef.

La Directrice a dit:

Je voudrais vous proposer, que vous soyez toujours sur la route ou restés au bord du chemin ou carrément partis vers d'autres horizons, que nous publiions tous cette semaine du 19 au 25 nov donc un billet de la catégorie "en marge" pour faire une étape commune et foisonnante dans notre aventure collective. Cette étape pourrait être personnelle (pourquoi vous continuez, pourquoi vous avez arrêté, ce que ça vous apporte, etc.) ou vos impressions de lecture du blog, globalement, ou d'une année ou d'un âge en particulier.

Alors j'obtempère derechef.

Lire la suite...

jeudi 26 avril 2007

1956 - Dix ans (3)

Il serait temps que je t’en parle, de l’examen ; n’était-ce pas le projet initial, le titre, l’objet du ‎discours ? J’ai tergiversé et nous voici perdus dans mes souvenirs.‎

En fait de souvenirs, cette année 1956 est aussi l’année où je suis devenu myope, à ne pas confondre ‎avec des années de taupe, en trois semaines et pour le restant de mes jours. On allait ajouter des ‎hublots sur le malingre. Entre le début du phénomène, le moment où j’ai vu que je voyais flou, le ‎moment où les autres ont vu que je voyais flou derrière le voile, il s’est écoulé bien plus de trois ‎semaines. On m’a définitivement habillé du costume de médiocre.‎

Lire la suite...

mercredi 25 avril 2007

1956 - Dix ans (2)

Le carrefour près de la mairie avait mauvaise réputation. Il s’en échappait plein de rues dont l’axe ‎départemental qui menait à la route des gardes, des rues en pente qui escaladaient les coteaux de la ‎Seine, et des rues gagnées sur les anciens marais d’autrefois qui étaient devenus l’aérodrome, tu te ‎souviens, les frères Voisins, et Hélène Boucher qui finit en vrille ici même à Issy.‎

Lire la suite...

mardi 24 avril 2007

1956 - Dix ans.

L’année 1956 est celle où j’ai passé mon premier examen, celle où j’ai découvert le cérémonial de ce ‎qu’on a appelé plus tard l’excellence républicaine et qui alors ne portait aucun nom tant elle semblait ‎couler de source. Je n’ai jamais accepté cette notion, l’excellence Républicaine, celle-là même qui ‎fabrique des exclus plus sûrement que toutes les cuillers d’argent dans la bouche.‎

J’ai souvenir du cérémonial, du rite, il y avait comme un côté religieux dans ces files d’attente et ces ‎contrôles pointilleux, mais seul un PDA d’aujourd’hui a été capable de me rappeler l’année concernée, ‎quelques clics sur mes dix doigts et voilà, 1956. C’est pourquoi je m’autorise à te le raconter sous ce ‎numéro, dix ans d’âge et pas la moindre parcelle de tourbe, 1956 ans après le noël zéro.‎

En 1956 j’avais bouclé mes dix années de vie et j’attendais décembre pour les onze. J’avais dix ans et ‎tartagueule à la récré. La mienne plutôt, j’étais le maigrelet du lot, en voyant le grassouillet moite ‎d’aujourd’hui tu as du mal à le croire mais personne n’est obligé.‎

Je traîne à raconter ; les trois histoires prévues prendront deux lignes chacune alors je meuble en ‎attendant. Nombreux sont ceux qui sont partis et j’écris aux seuls fidèles.‎

Trois histoires, qui auraient pu me servir de prétexte pour occuper trois années, mais je n’y peux rien si ‎elles sont toutes casées avec certitude dans mon CE2. Il pourrait même y en avoir quatre, mais bon, la ‎quatrième sera pour 1957 parce que je ne suis pas si sûr. A chacun de comprendre. Les trois histoires ‎sont donc trois chapitres de cette suite :‎

L’immigré ;‎ Le sang ;‎ L’examen.‎

Lire la suite...

vendredi 20 avril 2007

La première décennie.

Après un long silence dont je peine à sortir, je reviens sur mes lieux hantés et je cherche mes mots. A ‎quoi bon, me dit le diable vauvert, que fais-tu à perdre ton temps et le bout de tes doigts. L’ordinateur ‎n’est pas un appareil si anodin que tu lui confies tes états d’âme et de service, que tu lui racontes ta vie ‎à ta façon, que tu encombres les fils électriques de tes simagrées. Le silence est d’or dit-on, et le moine ‎ne me contredirait pas qui sait si bien tenir sa langue et son piano, quand il veut.‎

Cet or là me pèse, et plus s’accumulent les idées molles, plus l’envie de dépenser me tenaille. Les ‎déconvenues, ou plutôt la contemplation de la vraie réalité de mon enfermement volontaire et vital, ‎s’opposent à me voir revenir et simultanément rendent mon retour plus nécessaire que jamais à ma ‎survie. Etrange piège où je me suis fourré, en commençant d’écrire d’abord, en cessant de le faire ‎quelques courtes journées ensuite, moins de quarante en tous cas. Je ne peux désormais ni ‎m’interrompre ni recommencer.‎

Avant de reprendre les blogues, je vais un peu ricocher, voir si l’on voit, voir si je vois, regarder. ‎Justement, me voici au crépuscule de la première décennie. J’ai révolu neuf ans, et je vais attaquer le ‎dixième, avec toujours cette incertitude de savoir si l’an zéro compte rien ou un. Incertitude ‎philosophique, qui en rejoint d’autres. Après tout, parler de l’an 1956 est-il pertinent, évoquer Noël ‎‎1955 ou Noël 1956 sous prétexte de souvenirs a-t-il un sens ?‎

Pourquoi ne parlerait-on pas du Noël zéro, avant de chercher un sens à 1956 années plus tard ?‎

Lire la suite...

jeudi 15 mars 2007

‎1955, neuf ans. Le lait de la République.‎

Le lait de la République.

Probablement à cheval sur 1954 et 1955 mais entièrement confondu avec mon année de cours moyen ‎première année à en croire le décompte que je fais sur mes doigts et les indications du dictionnaire ‎lettre M après les pages roses, j’ai bu du lait à l’école. Deux fois par jour.‎

On disait alors cours moyen première année en toutes lettres, et parfois on disait la seconde car il ‎s’agissait de l’année précédant celle de l’examen de passage en sixième, pauvre petit traumatisé par le ‎vilain examen qu’on a supprimé deux ans après mon passage en question, mais n’allons pas si vite.‎

Le cérémonial. Le lait stérilisé. La politique. Les guerres à la mode.

Lire la suite...

lundi 5 mars 2007

1954. huit ans. Fidèle au poste.

La musique.‎

Chaque fois la question se pose, et se posera chaque fois. Comment pêcher un souvenir qui en soit ‎un ? Je suis ici pour ne raconter que du vrai, et je serais bien incapable de broder sur une fausse trame. ‎Les broderies elles-mêmes doivent avoir des liens étroits avec ma sincérité, et seules la mise en évidence ‎d’un détail qui m’échappait et la dissimulation d’une vérité qui dérange viennent un peu ternir le cristal.‎

Le choix de dire plus ou de dire moins en dit plus que ce qui est dit. Là aussi, un cristal trop ‎transparent serait de mauvais aloi, il lui faut une taille et des arabesques.‎

C’est l’orientation de l’éclairage qui fait le portrait sincère et non la lumière crue d’un ‎photomaton, le regard vide d’un photomateur.‎

Musiques. Musique de nuit. Igor. TSF.‎

Lire la suite...

mercredi 28 février 2007

1953, sept ans - Les femmes, second épisode.

J’ai oublié un épisode. Le second, bien qu'il précède le premier, l'ordre des souvenir fait désordre, parfois.

Il date de l’été précédent, et j’ai trop de retard pour un retour en arrière. Il est ‎pourtant lié à celui-ci par ce fait certain : la découverte du genre, de l’autre genre. Mon nouveau-né ‎Sœurette côté plomberie, et l’été précédent côté cœur.‎

Lire la suite...

1953, sept ans - Les femmes, premier épisode.

J’ai maintenant 7 ans. C’est la difficulté du sagittaire plus que des autres ; il ne peut faire la ‎soustraction de l’année en cours avec l’année de naissance pour connaître son âge, puisqu’il lui faut ‎parcourir la quasi-totalité de l’année en cours pour atteindre l’âge qu’il doit avoir à la fin de celle-ci.‎

Si tu ne comprends pas, c’est que tu n’as pas assez sagittaire pour servir. Je suis décalé d’un an, voilà ‎tout. J’ai 7 ans pendant toute cette année là, et je ne deviendrai huit qu’à la tombée de la nuit hivernale. ‎Anniversaire crépusculaire, l’automne est à bout. Je ne sais pas pour toi, mais rien n’y fait, chaque fois ‎que j’entends, lis, prononce ou écris le mot décembre, chaque fois que simplement j’y pense, ‎l’obscurité m’entoure qu’il fasse plein soleil ou que mille projecteurs m’illuminent. Il n’en est rien ‎pour janvier tout aussi nocturne que décembre et parfois plus gris ; vas comprendre. Janvier est clair. ‎Décembre est noir.‎

Sœurette, lieu commun, disputes.‎

Lire la suite...

mardi 27 février 2007

1952, six ans - La néphrite. Troisième chapitre.

‎1952 suite : .‎

Thermomètre et marche à pied, seringues, histoire de Q, Philippe Khorsand.‎

Caramba encore raté. Verbehaud était sur le palier toutes lumières braquées. Au bout de combien de ‎temps d’agonie, le mystère restera entier. Ni moi ni Verbehaud ne le connaissent, alors qui d’autre ‎pourrait. La nuit, trois heures, une heure, cinq minutes ? Tout est possible.‎

Lire la suite...

lundi 26 février 2007

1952, six ans - La néphrite. Deuxième chapitre.

‎1952, nos moutons.‎

Les livres d’histoire t’expliquerons mieux que moi le contexte, ce sont eux qui me l’ont enseigné ‎quand le temps d’apprendre vint : la France se reconstruisait à grandes enjambées et si les souffrances ‎étaient multiples, la certitude était là que chaque lendemain serait meilleur que la veille. Il en était ainsi ‎chez nous. Et le lendemain chaque matin chantait un peu mieux.‎

Le frigo était déjà un projet, il faudra attendre quatre ans pour l’avoir, mais un projet réalisé se mérite. ‎Qu’est-ce qu’un désir qu’on soulage dans l’instant ? Des meubles potables de style typique années ‎cinquante venaient peu à peu encombrer nos cavalcades.‎

On était à mille lieues du confort de maintenant et ne compte pas sur moi pour vanter la litanie du bon ‎vieux temps. L’inconfort d’alors serait insupportable à nos fesses roses de maintenant, et seul le projet, ‎le progrès, l’espoir, le rendaient indifférent à mes parents. Les enfants où qu’ils soient font avec ‎puisque nés avec.‎

Quoique, à Groszny, je ne sois pas si sûr de moi.‎

Au printemps de cette année là j’ai rencontré la mort en vrai.‎

Lire la suite...

1952, six ans - La néphrite. Premier chapitre.

Le palier d’en bas.‎

Il faut être discipliné. Donner l’année et l’âge. Après tout qui peut deviner en lisant 1952 que j’ai ‎six ans cette année-là ? Qui peut t’obliger à sautiller de lien en site et de billet en balise pour ‎trouver ce dont tu n'es pas certain que ce soit utile. Circonstance aggravante, toi lecteur très patient ‎qui aurais fini par découvrir que ma naissance est en 1945 devras encore faire un effort pour ‎comprendre que sagittaire n’est point servir, et que toute l’année doit s’écouler pour que le ‎résultat de la soustraction des années devienne l’âge.‎

Sans parler de l’incertitude des 10 derniers jours de décembre, un quartier d'antilope. Sages étaient ceux qui ‎calèrent les mois sur les constellations solaires et le premier jour de l’année sur le premier jour du ‎printemps. Justement, les iraniens, depuis toujours, il n’est Perse ni révolution islamique qui ‎tiennent. Il faudra qu’un jour je vous pose la question : comment peut-on ne pas être persan ?‎

Sans parler des faux prophètes qui veulent humilier ce pays et ce peuple sous des prétextes de ‎bien et de mal. Autant s’humilier soi-même. Un jour viendra.‎

Sans parler de ceux qui descendent les marches et dont on ne saura qu’à la fin la date du jour où ‎ils retrouveront le ventre du départ, le palier d’en bas.‎

Lire la suite...

- page 1 de 3