Après un long silence dont je peine à sortir, je reviens sur mes lieux hantés et je cherche mes mots. A quoi bon, me dit le diable vauvert, que fais-tu à perdre ton temps et le bout de tes doigts. L’ordinateur n’est pas un appareil si anodin que tu lui confies tes états d’âme et de service, que tu lui racontes ta vie à ta façon, que tu encombres les fils électriques de tes simagrées. Le silence est d’or dit-on, et le moine ne me contredirait pas qui sait si bien tenir sa langue et son piano, quand il veut.
Cet or là me pèse, et plus s’accumulent les idées molles, plus l’envie de dépenser me tenaille. Les déconvenues, ou plutôt la contemplation de la vraie réalité de mon enfermement volontaire et vital, s’opposent à me voir revenir et simultanément rendent mon retour plus nécessaire que jamais à ma survie. Etrange piège où je me suis fourré, en commençant d’écrire d’abord, en cessant de le faire quelques courtes journées ensuite, moins de quarante en tous cas. Je ne peux désormais ni m’interrompre ni recommencer.
Avant de reprendre les blogues, je vais un peu ricocher, voir si l’on voit, voir si je vois, regarder. Justement, me voici au crépuscule de la première décennie. J’ai révolu neuf ans, et je vais attaquer le dixième, avec toujours cette incertitude de savoir si l’an zéro compte rien ou un. Incertitude philosophique, qui en rejoint d’autres. Après tout, parler de l’an 1956 est-il pertinent, évoquer Noël 1955 ou Noël 1956 sous prétexte de souvenirs a-t-il un sens ?
Pourquoi ne parlerait-on pas du Noël zéro, avant de chercher un sens à 1956 années plus tard ?