samedi 31 mars 2007

1980, la grande

Mes premiers souvenirs apparaissent à cette époque, mais difficile de mettre des mots dessus. Ce sont des images furtives, des lumières. La vision d'une paire de jambes, la tête d'un chien, le rebord d'une table, une poule, des tulipes..

Il y a bien des petites anecdotes, mais je les crois plus le fruit des souvenis d'adultes, plutot que de mes souvenirs propres.

Et mon frère nait. Je n'ai aucun souvenir de cela bien que ce soit un evenement qui m'apporte un compagnon pour toute mon enfance. On m'a beaucoup dit que j'étais une petite maman...pourtant il ne me laissera jamais jouer ce rôle pour lui. Mais c'est pour moi le début du satut de la grande, et c'est un rôle que je prend très au sérieux.

dimanche 4 mars 2007

1979, d'autres horizons

Les Landes,
Au milieu des bois,
Au coeur du troupeau

Je marche à peine, et mes premiers compagnons de jeu sont les agneaux.

Je suis la seule enfant dans cette petite communauté. Papa, Maman et les tontons. Ils ont choisis de changer d'horizon pour se lancer dans leur aventure à eux. Leurs troupeaux. Au revoir les garrigues, les cigales, le soleil de la méditérranée...bonjour la forêt, le plat pays, le brume.

Mes souvenirs ne me sont pas propres. Ils sont encore le fruit des histoires contées, appuyés sur les photographies.

C'est ma première année, et j'explore ce monde qui m'entoure.
Le crachin landais,
Le troupeau,
Et la vie!

mardi 13 février 2007

1978 - A la lumière du jour

Mai,
Le joli mois de mai…
Voilà l’heure pour moi de rentrer en scène !
Oui mais voilà, je ne suis pas pressé. Déjà timide. Le brouhaha que j’entends à l’extérieur me fait peur. Comment vais-je oser venir au monde au milieu de tous ces gens ?

Deux jours déjà…
Une voix dure et autoritaire menace d’utiliser la force, une lame, le froid, le choc…
Maman me demande doucement de l’aider un peu, de faire ma part du chemin. Je n’ai aucune raison d’avoir peur, elle sera là. Comme toujours…
Et c’est ainsi qu’au milieu de la nuit, je m’en vais à sa rencontre…
Si j’avais su !

On impose à ma mère de se reposer le reste de la nuit…loin de moi. Qu’ai je donc fait pour mériter cela ? Rien, juste les mœurs de l’époque. Il y a des jours comme cela où il ne faut pas chercher à comprendre. Mais dès le premier jour, quand même…

Le lendemain, à l’heure de la distribution des bébés…
Seule dans sa chambre à m’attendre, elle reconnaît mon cri au fond du couloir. En me déposant près d'elle, la sage femme lui dit sur le ton de la désapprobation « elle a hurlé toute la nuit ! ».
Pas pleuré, non…hurlé.
Colérique, déjà…

Au cours de ces deux longs jours mon père était là.
Plus tard, on lui demanda comment cela c’était passé. Lui, toujours aussi pudique et pragmatique, répondra « Oh ! C’était comme pour les agneaux ».
On ne refait pas un berger en pleine période d’agnelage !


Juin,
Dans un landeau sous un arbre, je contemple le bruisement du vent dans les feuilles. La chienne de mon père, "madame", refuse d'aller garder le troupeau depuis mon retour de la maternité. Elle passe ses journées près de moi, et grogne a la moindre intrusion. La boulangère passant par là doit encore s'en souvenir...

Il faut dire que maman est très affairée; d'ici quelques jours, nous partons pour l'estive.

J'ai hate d'aller retrouver ces grands espaces, le vent, l'immensité, l'absolue...

J'ai hate de découvrir de mes propres yeux le monde qui m'entoure...

jeudi 8 février 2007

1977 - Et puis la vie...

Août...
Par une chaude après midi...
J'arrive...
A la faveur d'une sieste d'été, ils m'ont invité à venir les rejoindre; depuis je lui là, lovée bien au chaud, a attendre l'heure de la rencontre.
Je ne sais pas grand chose de la vie qui m'attend. Mais qu'importe; je sens déjà l'amour...omniprésent
Si je tends un peu l'oreille, je peux imaginer...oui!
J'entend le murmure d'un troupeau, des chiens, la brise sur la garrigue, l'immensité de l'espace, de la nature.
Et dire qu'il me reste encore neuf mois a attendre...

mardi 30 janvier 2007

Au commencement était la vigne

Septembre 1976, mois des vendanges…

Alors qu'elle suit le chemin caillouteux au milieu des vignes, elle se rappelle qu'en cours du printemps dernier, ce paysan leur a donné la main. Et parce que cela fait plaisir de rendre le geste, elle se dirige d'un pas joyeux, vers les vendangeurs en pleine récolte. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'au bout du chemin, je l'attend...

Elle l'a remarqué dès le premier regard. Au début, avec son « marcel » blanc, elle l'a prit pour un espagnol ! Il lui a plut de suite, avec sa crinière bouclée...ses moustaches...la peau...tout avait un reflet cuivré ! L'attirance semble mutuelle...il lui propose de monter sur le tracteur...et d'une chose à l'autre, elle finit par se perdre dans l'azur de son paisible regard.

voilà comment, dans l'arrière pays languedocien, dans la moiteur d'une après midi de septembre, une jeune femme de la ville est tombée dans les bras d'un beau gars du coin.

C'est le début d'une histoire...de mon histoire.