L'asso reste mon point d'ancrage, préparer les évènements me remets un peu sur les rails. La vie est débridée.
C'est une période d'expérimentation totale. Tout est prétexte à la fête, un vernissage, la grève des transports, le ramadan, la fatigue et j'en oublie. Mon amoureux de l'époque a le parfait profil pour être gigolo, avec lui la vie est une perpétuelle période de vacances. Il m'apprend à prendre du bon temps.
J'ai fêté mes 30 ans en gobant 2 ecstas rien d'extraordinaire n'est arrivé mais j'aime me souvenir de cette soirée comme emblème futile de cette époque.
Septembre apportera du nouveau je m'installe avec la partie plasticienne de l'asso dans un squatt qui ouvre et je m'investis dans la structure.
Je constate malheureusement que les squatteurs ont des couilles certes mais qu'ils ont peu d'imagination quand au mode d'organisation possible : ils calquent le système qu'ils rejettent, ils ont besoin de hiérarchie et veulent un chef. Je suis déçue mais quitte à être gérée par ces types autant être au courant de ce qui se passe.

La base du squatt est l'investissement d'un lieu abandonné. La revendication étant le besoin vital de cet espace inoccupé, il est nécessaire de démontrer par une présence constante la nécessité et le bien fondé de l'occupation. Ces principes de base m'ont permis de structurer ma vie quotidienne jusque là plutôt informelle, et de me mettre au travail sérieusement. Je ne dormais pas sur place mais en passant 12 heures ou plus dans un lieu j'avais intérêt à avoir une bonne occupation. J'ai fait bon usage de mon temps et de mon atelier. Ma peinture a progressé.
L'hiver est horrible, l'eau gèle sur les pinceaux.
J'apprends les rudiments de la précarité en essayant d'en tirer des leçons. 2 exemples de mes productions philosophiques du moment : "trop de poches nuit" "pas de chiottes, fait chier" ça a le mérite de me faire encore rire.
Chaque jour est une nouvelle aventure, je repousse une fois de plus mes limites.