lundi 20 août 2007

1985

J'ai 2 ans. Je marche. Nous sommes à Granville. Je n'ai aucune idée de là où nous sommes, mais mes parents sont là, et tout va bien. Un gentil vieux monsieur nous regarde nous éloigner de sa maison. Nous promenons son chien, qui est plus grand que moi. Nous allons au bord de la mer, qui est juste devant la maison.

J'aime bien ce chien, j'aime bien ce monsieur.

Je joue sur le grand tapis blanc, dans le bureau au premier étage de la maison. J'empile des cubes colorés et j'entasse des gros ronds en plastique. Le tapis est doux, et j'aggrippe souvent ses longs poils blancs. Parfois même il arrive que j'en arrache ! Mon père joue avec moi souvent. Je ne me rappelle pas à cette époque avoir jamais joué avec ma mère. Nous faisons aussi des puzzles, dont l'un représente des perruches perchées sur une branche. Les couleurs sont jolies.

Simplicité des choses.

mardi 29 mai 2007

1984

Je suis follement heureuse, j'ai trouvé une technique particulièrement intéressante pour boire mon biberon. C'est bon, ce biberon !

Je suis à l'aise dans mon landau transformé en transat, dehors, au soleil, au milieu des pâquerettes, et mmmmm je bois mon biberon les mains libres. Oui. Les mains libres. En effet, j'ai été doté d'appendices podaux particulièrement grands et je peux ainsi tenir entre mes pieds le biberon et explorer dans le même temps les alentours avec mes mains. N'est-ce pas pratique?

Je me souviens aussi du jeu inventé par mon père (et par d'autres j'imagine!), je suis assise à califourchon sur son coup du pied, il me tient par les mains et me soulève en soulevant sa jambe. Cela me fait beaucoup rire. Je lui demanderai souvent ce jeu les années suivantes, jusqu'au jour où, je serai devenue trop lourde...

Je me souviens d'un soir, où, ma mère partie en voyage avec sa classe, mon père bouge mon petit lit à barreaux pour le mettre dans sa chambre, pour que je sois près de lui, tandis que ma mère est absente. J'ai toujours tiré des avantages sans le vouloir de l'absence de l'un ou de l'autre de mes parents en voyage de classe.

jeudi 17 mai 2007

1983

C'est la fin de l'année, presque l'hiver.

Ma mère dort encore sous l'effet de l'anesthésie. La césarienne était prévue à 8h45, le 9 novembre 1983, car l'obstétricien était en vacances les semaines suivantes. Je suis donc née avec 2 semaines d'avance, sans que l'on m'ait prévenue d'aucune sorte.

On remonte ma mère dans sa chambre, moi avec, je suis dans les bras de la sage-femme. Mon père est dans l'ascenceur avec nous. La sage-femme lui dit « Prenez-la si vous voulez ». Mon père me reçoit dans ses bras, très ému. J'ai été d'abord dans les bras de mon père.

Peu après, je pleure, je hurle. On m'a arraché à ma bulle, à mon ami le placenta, à mon liquide chaud et doux 2 semaines avant. Je hurle. J'avais droit à ces 2 semaines de plus. Je hurle. Je n'étais pas préparée à sortir. Je hurle. La sortie ne s'est pas passée comme je l'avais imaginée. Je hurle. On a soudainement ouvert mon plafond rond, on m'a sorti le plus rapidement possible. Je hurle. Je n'ai rien traversé, est-ce normal? Je hurle. Je ne comprends pas. Je hurle. 2 semaines. Je hurle. Je pensais avoir 2 semaines tranquilles, pour descendre, me tourner, me préparer à la vie. Je hurle. Mes parents ne dorment pas. Je hurle. Rien ne me calme. Je hurle. Les nuits se ressemblent. Je hurle.

Pendant 6 mois.