Mes amis, ceux avec qui je mange le soir et regarde M6 affalée sur leur canapé, se mettent en couple et sont beaucoup beaucoup beaucoup moins disponibles depuis. Moi, j'essaie de me cacher que je tourne en rond, je passe toujours beaucoup de temps dans mon travail, ça occupe. Et puis je fais des listes. C'est bien les listes. C'est pratique, on sait où l'on va, on ne perd pas de temps.

Des mois qu'on m'a pas pris la main, embrassé, déshabillé. Moi, de toute manière, j'veux plus qu'on m'embête. J'aime ma bulle, à moi, que j'ai pris le temps de définir ces derniers mois, de prendre ses mesures, d'en faire la déco. Pourquoi tout gâcher avec un crétin ?

Il y a J. un new yorkais qui chante dans la rue avec qui j'ai parlé deux heures et me débite des couplets de Killing Me Softly with His Song sur mon répondeur, G. et une nouvelle tentative de rendez-vous qui foire lamentablement, S. fatiguant...

Le prochain sera le bon, la liste est prête : 1. il ne sera plus étudiant et aura un travail (comme moi) ; 2. il n'habitera plus chez papa/maman, aura déjà vu un lave linge de près, sait se débrouiller tout seul (pas comme L.) ; 3. ne fumera pas (cette fois j'ai vraiment arrêté et ça me rend vraiment malade de toute manière).

Depuis longtemps je suis amoureux de toi. Déclaration par e-mail. Mais moi non, je n'aime personne, ça me fait peur. Je souhaite beaucoup de bonheur à G., sans moi.

Tu finiras vieille fille (si tu n'arrêtes pas de repousser les gens qui viennent vers toi).

C'est mon ami gay qui me dit ça à une soirée, fin novembre. Aïe. Aaïeuuuuuu !!! Ca fait mal parce qu'il a raison. Parce que le prince charmant n'existe pas. Et qu'en y réfléchissant des nuits et des nuits entières, les yeux rivés sur le velux de ma chambre, il n'y a qu'une personne qui occupe mes pensées et avec qui je veux être : G.

G. avec qui j'ai été un peu une garce tout de même. Pour ma défense, c'est parce que je n'avais pas encore fini de construire ma bulle et que la peinture était fraîche et maintenant que je suis capable de comprendre tout cela, je lui envoie, fébrile, un e-mail. Je lui dois tout de même des excuses, la vérité et s'il en veut, un peu d'amour.

En 2002, G. fume, il habite chez sa mère et vient de commencer un DEA. Rien de m'arrête, je n'ai pas peur, 7 jours qu'on est ensemble et je lui souffle mon premier "je t'aime".