Que peut-on se rappeller de sa première année d'existence ? Demeurent les souvenirs des autres ... Cet ours en peluche que j'ai toujours connu et que mes parents m'ont offert à mon premier Noël. Un appartement qui n'est pas la seule maison que j'ai appelée chez moi, qui était petit et froid, avec du carrelage. Une nounou qui roulait un accent exotique et de grands rires doux.

Je ne sais pas à quel âge un enfant commence à avoir une mémoire. Mais si je me plonge dans ce passé-là, antérieur à tout souvenir construit, j'y vois un rêve de gourmand : un nuage de panna, cette sorte de chantilly épaisse dont l'Italie coiffe ses chocolats chauds, cette crème qu'on croit aérienne et délicate et qui est tellement épaisse et solide qu'on pourrait s'y pelotonner et dormir.

En ce temps-là, tout n'était que repos et douceur. C'est du moins ce que retient en moi ce qui ne se souvient de rien d'autre.