Je n'ai marché qu'à seize mois.
J'étais décrite comme une flemmarde, qui ne demandait qu'à goûter les multiples parfums de la vie et qu'il ne fallait pas bousculer.
Mes premiers pas, je les ai faits sur les marches de l'église de l'avenue Jean Médecin à Nice. Entre deux bouts de gorgonzola dont déjà je raffolais.
Je vous raconte tout ça, ce n'est pas que je m'en souvienne, bien sûr. Non, on me l'a décrit et j'en ai une preuve photographique. Je sais aussi qu'on se trouvait à Nice parce que la première idée de mon père avait été la bretagne et que, finalement, il trouvait qu'il y pleuvait un peu trop. Par la suite, la famille se rendit dans les alpes maritimes, chaque année, comme en pélerinage. Je ne sais d'où venait cette amitié de mon père pour ce département, Lui, fils du nord, était décidément habité par l'illusion du sud.
Alors, hop, dans la 2CV, avec bagages, femme, enfant et belle soeur, direction le sud, et par la N7.
En chemin, j'ai fait pipi sur ma tante, vieille fille grincheuse et maniaque de l'ordre et de la propreté, qui eut du mal à s'en remettre, puisque quelques 47 années plus tard, elle en parle encore. J'imagine ce que dut être ce voyage d'ouest en sud, sur cette route bordée de platanes, une véritable équipée ensoleillée avec guide Michelin en main.
Par la suite, la famille se rendit dans les alpes maritimes, chaque année, comme en pélerinage. Je ne sais d'où venait cette amitié de mon père pour ce département. Lui, fils du nord, parisien par inadvertance, était décidément habité par l'illusion du sud. Quant à ma mère, elle suivait manifestement, avec bonhomie, l'impulsion.
Mes vacances d'adulte ne sont plus de la même essence. J'ai rigoureusement tranché dans le vif des habitudes familiales.
Je déteste toute cette mer du sud, inaccessible, trop belle pour être vraie et qui ne se livre qu'avec parcimonie. Mon amour de la normandie, puis de la bretagne est-il l'héritier de ces vacances systématiques dont, arrivée à l'âge de 16 ans, je ne voulais plus entendre parler? J'eus l'impression, au bout de quelques années, d'y faire de la figuration. J'y étais, sans y être, enfouie dans mes lectures, avide de voir, de sentir autre chose. J'ai gardé la mer en héritage, mais la mienne n'est pas bleu azur, elle est plutôt tempétueuse, sent fort et préfère souvent le noir et blanc à la couleur.