J'y avais déjà pensé il y a quelques années en amont, comme une évidence.
Pourtant, mon esprit, buriné par une grande dose d'introspection et d'indépendance, avait un temps abandonné ce projet.
Ce sont des évènements douloureux ou destabilisants (pas nécessairement négatifs) qui m'amènent à sauter le pas cette année-là, en mars.
J'ai presque 25 ans et je souffre, je me crois parfois folle, à côté de la plaque, sous une apparence pourtant très forte, très maîtrisée. Je me sens fragile, dans mes convictions, dans mes choix, au boulot.
C'est à ce dernier niveau que ça se décidera d'ailleurs, comme un alibi. La douleur et les sentiments qui me traversent par moment doivent pouvoir trouver un éxutoire, une façon de se dire, de se comprendre.

Je téléphone à une médecin que j'avais vue une fois et qui m'avait fait bonne impression, je lui demande un nom. Elle me demande de la rappeller mais je ne le ferais pas. Je connais peu de personnes qui consultent un psychologue alors je ne sais pas trop qui choisir. En plus, je n'ai pas vraiment envie de parler de ma démarche. Je feuillette l'annuaire et m'arrête ici ou là selon les adresses. L'un d'eux, pas trop loin de chez moi et appartenant à une école freudienne attire mon attention. Je prends RDV.
L'homme qui m'accueille semble venir d'un autre siècle, un petit côté rétro dans sa démarche et sa coiffure. Il est calme et ça me rassure. Je lui parle de ma démarche et nous convenons d'autres rendez-vous. J'en sorterais au début en pleurant mais ça passera.
D'un face à face, je lui demande au bout de quelques mois à entreprendre une analyse. Le rythme des séances augmente et la position allongée me donne l'impression de me retrouver face à moi-même, sans regard pour me soutenir. J'apprends donc à faire sans, peu à peu, à arrêter de m'imaginer ce qu'il peut penser. C'est pas facile mais c'est utile, je crois. Et puis, je me sens soutenue quand même, j'ai toujours l'impression qu'il rebondit sur des choses importantes, me soutient quand j'en peux plus.
Entreprise pour un soutien, c'est un autre chantier que j'ouvre, une nouvelle façon de voir des choses que je découvre. ça me va bien, je m'y retrouve. Il y aura des hauts et des bas, des moments où je rechigne à y aller, d'autres où j'attends avec impatience. Mais je n'ai jamais regretté cette démarche, c'était sûrement le bon moment pour moi.