S'il y a un domaine où j'arrive encore toujours autant à faire illusion et bonne figure, c'est à l'écrit. Pourtant je me suis lassée des forums, sans doute parce qu'on y parle trop de choses douloureuses, que j'y vois arriver de nouvelles jeunes femmes découvrant l'autisme de leur enfant, et que je n'ai plus rien de plus à apporter que ce que j'ai déjà mis en ligne, pour les débuts, pour l'inspiration, pour les encouragements. Pour ces derniers, je suis tellement moi-même dans une phase de découragement, avec un enfant qui n'est plus dans la tranche de la folle énergie pleine d'espoir que tout va s'arranger dans un temps donné, et que je ne veux vraiment pas donner cette image à quelqu'un qui a surtout besoin d'y croire. On ne peut pas se permettre de baisser les bras d'emblée.

Je continue bien sûr de participer aux listes de discussion, qui me demandent nettement moins de temps que les forums. Je me lance dans le weblog, d'abord timidement, puis avec amusement, et enfin sans plus pouvoir décrocher de la blogosphère qui me permet de renouer avec tout ce qui se passe dans le monde en dehors des miens. Et puis surtout, cela me permet d'écrire un peu, sur tout, comme je le veux, comme je l'entends, comme je le sens.

Mes carnets délaissés depuis près de dix ans sont enfouis dans un désordre indescriptible. Je sais très bien ce que ce désordre sur lequel je n'arrive pas à mettre les mains vient me dire, chaque couche tente d'enfouir des mots que j'essaye alors de récupérer autrement, les imprimer sur l'écran, et les envoyer pour qu'un écho m'en revienne peut-être, choisir de parler de la différence, mettre un nom sur ce que je ressens, pour essayer enfin de ressentir ce que j'ai toujours refusé de nommer.

Aujourd'hui mon blogue existe toujours, et je n'ai à ce jour pas encore l'impression d'avoir approché mon but. C'est une bonne chose puisque cela me permet de continuer à avancer, un jour à la fois, à sa poursuite inlassable.