Encore une fois j’ai laissé passer ma journée Ricochets. Je ne suis pas le seul d’ailleurs. Beaucoup de ceux qui s’étaient engagés dans cette entreprise, notamment parmi ceux, celles, que je suivais avec le plus d’intérêt semblent en pause. Peut-être est-ce simplement fatigue de fin d’année, besoin de s’aérer la tête à l’approche des périodes de vacances, besoin d’un ailleurs dans les mots aussi, peut-être est-ce au contraire une lassitude plus durable ou l’épuisement même de l’envie du retour sur le passé.

Pour ma part je vais suspendre mes ricochets pour un temps indéterminé. Je n’aime pas trop démarrer quelquechose sans aller au bout, donnant ainsi de moi l’image de quelqu'un qui ne fait pas ce qu’il a annoncé. Mais c’est idiot, c’est une forme d’orgueil qui me conduit parfois, y compris dans des situations triviales de la vie courante à un acharnement source de mal-être et contre-productif. Je cherche à m’en défaire. Ce n’est pas pour le maintenir ici. Donc là aussi je vais m’en défaire. Je ne vais pas m’obliger.

Non que je ne trouve des caractères positifs à cette pratique du ricochet et à la contrainte que je m’étais imposée d’en suivre à peu près le consignes : un ricochet par semaine, un ricochet pour chaque année, ne pas déroger au sens de progression que j’avais choisi, en allant de mon âge canonique actuel (je puis me permettre ce terme depuis que je sais grâce à Traou que c’est un âge encore assez tendre à nos yeux de modernes !) jusqu’à mon premier vagissement, jusqu’à mon retour dans le giron maternel. Passé la difficulté à m’y mettre j’y ai trouvé des satisfactions en faisant ressurgir de beaux moments enfuis ou bien en me coltinant, parfois difficilement mais justement richement parce que difficilement, à certaines étapes passées de ma vie. Et je ne suis pas mécontent de certains des textes produits dans ce cadre.

Mais ces textes par définition étaient rétrospectifs/introspectifs, or en ce moment je crois je suis vraiment fatigué des rétrospections et des introspections. Dans mon écriture au jour le jour j’ai plus envie d’évoquer le miroitement du présent, d’être provocateur d’avenir plutôt que recenseur de passé. J’ai envie d’être plus ouvert à ce qui est mis en mouvement, à l’accueil de ce qui peut advenir, je pourrais presque dire que j’ai envie d’une écriture constructive/prospective. Et puis j’ai aussi une idée de récit fictionnel, enfin du fictionnel qui dirait beaucoup de moi mais autrement, c’est un texte qui mûrit depuis un sacré bout de temps et auquel j’ai bien envie de commencer à m’atteler vraiment en profitant des vacances qui commencent.

Ce n’est qu’un temps peut-être. Je n’exclus pas de revenir aux ricochets. D’ailleurs j’en ai un, d’une année de petit garçon, 1961, écrit au moment où je ne savais pas encore dans quel sens partir, je le garde en réserve, il viendra s’insérer à sa place, si je reprends. Mais je ne m’engage à rien. Je verrais. Voilà. Bonne chance aux Petits Cailloux et Ricochets. Et que d’autres prennent le relais, ne laissez pas cette jolie idée en léthargie, qu’elle reste vivante et que je puisse moi et d’autres y revenir quand j’en aurais de nouveau le désir.