( Pour AnneTanteSarah (cf billet précédent), j'ai eu une illumination idéesque venue du fin-fond de ma fatigue : mon père a perdu une de ses soeurs, qui s'est noyée à 16 ans alors que mon grand-père tentait de manoeuvrer le bateau pour rentrer dans le port d'Arcachon, un jour de grosse mer. Je ne l'ai pas connue, elle s'appellait Caroline. Comme me l'a fait remarquer ma mère il y a peu, dans la famille, personne n'a jamais parlé de la mort de Caroline, mais de l'accident de Caroline. La différence est énorme, en fait. La partie "tante" doit certainement venir de là. Je me souviens effectivement de l'omni-présence douloureuse de cette blondinette irréelle que ma grand-mère a revu en ma petite soeur Capucine, dès le jour de sa naissance... même si elle n'a jamais voulu l'avouer. )

La seule chose qui me revient de mes quatre ans est cette image : je suis dans la cour de récré des maternelles à l'école Ste Monique, un foulard jaunasse très moche autour du cou avec de la mousse dedans et qui me tient chaud dans la nuque, mais j'ai pas le droit de l'enlever. Je me suis cassé le bras droit. Le plâtre me tient très chaud aussi, mais je n'ai pas le choix, et puis comme Nicolas m'aime quand même, je m'en fiche. Cet après-midi là, il faisait chaud, et j'ai couru vers Nicolas pour lui faire un bisou.

(Je me suis cassée le bras en tombant du toboggan dans le parc. Une margelle en béton passait dessous, en faisant une limite entre le gazon et les graviers, et, en voulant monter le toboggan à l'envers, je suis tombée sur mon bras. Lui-même ayant atterri à cheval sur la margelle... CRAC.)

Cette année-là, j'ai appris à faire du vélo. Comme ma soeur Florence avait six ans, elle apprennait, et comme je voulais faire comme elle, j'apprennais aussi, mais avec deux ans d'avance.

On commence à faire des "échanges" avec les C (la famille de Louis, cité dans mon 3eme ricochet). Des "échanges", ça veut dire que chaque semaine, une famille va chercher tous les mômes à l'école le mardi, les fait manger et les ramène, et le jeudi, c'est l'autre famille qui s'y colle. En gros, toutes les semaines pendant un bon bout de temps, on s'est tapées à aller ches les C. Moi j'aimais bien Louis mais j'aimais pas ses frères. Ils m'appellaient Mario pour m'embêter parce que j'étais un garçon manqué et qu'ils savaient que j'avais HORREUR de ça. Et ils mettaient 3 tonnes de ketchup dans tout ce qu'ils mangeaient, nouilles comme purée et parfois même dans les yaourts. C'était dégueulasse.

En fin d'année, Louis et moi on divorce. Enfin je divorce. Il fait encore pipi au lit et c'est sale, en plus il sent pas très bon et il suce encore son pouce et... voilà. Je lui ai dit "écoute mon biquet, too much c'est too much, mmmh? Vu? Allez débarrasse le plancher, va traire tes vaches, file de là cochon, etc etc". Non en fait j'ai écrit ça parce que je ne me souviens plus très bien, et que ça fait un peu peur de pas se souvenir.