Quand on est petit, bien souvent on a pas le choix, les adultes ont tout prévu. Pas vraiment tout, mais surtout ce qui agace. Les loisirs, les jeux font encore partie du domaine réservé de nos petites personnes. La télé n’est pas du tout répandue dans les foyers, nous filons jouer dans la forêt proche dés la sortie de l’école ou le Jeudi (en 1965 le Jeudi coupe la semaine scolaire). Nous avons les vélos de nos grands frères, ou de nos pères, pour les mieux nantis. Chaque bande de quartier sait faire une cabane dans la forêt, avec de la ficelle, des branches de noisetiers ou de jeunes hêtres. Dans cette société de consommation limitée, l’imaginaire a le pouvoir.

Pour la coupe de cheveux, c’est différent, l’imaginaire n’a pas sa place, deux modèles sont disponibles chez le coiffeur (le père PetitJean, près de la Moselle), sur le côté sans raie ou en brosse. Inutile de dire à l’homme de l’Art que vous souhaitez une coupe longue, tout est prévu. Le père a pris rendez vous et donné les consignes, ras devant, court derrière. On sait que certains chanteurs bizarres ont des cheveux longs (Mémère affirme qu’on dirait des filles, si, si ma pauv’ dame), les photos d’école de 1965, nous rassurent, pas de ça à Pompey. Bon, ça c’est une petite misère, mais y a pire !

Le Dimanche matin, il y a la messe, pas la peine de demander le programme, c’est comme les cheveux, tout est prévu. Avec la messe, il y a le catéchisme, indissociable, le Mercredi à 11 h 30 après l’école. C’est une sorte de package , messe + cathé. , on y échappe pas.




Attention ! Pour la messe, on met les habits du Dimanche ! généralement culotte courte, qui nous habille d’Avril à Novembre, chemise et petit pull suivant la saison.

Je dois dire que j’y crois pas trop à ce bazar. M’étonnerait qu’il habite dans le tabernacle, ce Jésus, c’est tout petit, on ne le voit jamais. En plus, c’est fliqué cette histoire, à la messe une bonne sœur prend les présences à la fin de l’office, et le curé vérifie le Mercredi au Catéchisme si on est allé au show dominical. On m’a pourtant affirmé que le petit Jésus savait tout, mon oeil ! C’est le petit personnel qui tient le listing.



En 1965, le curé de Pompey est secondé d’un abbé. L’époque est faste, il y a une clientèle assidue, deux messes à guichets fermés le dimanche, la boutique tourne plutôt rond, il faut des enfants de choeur pour assurer la séance, des bénévoles pour la quête, de l’encens, du vin de messe, des clochettes, un organiste et des choeurs. Là, je vous parle d’un dimanche normal, faut voir Pâques, l’ascension ou la Pentecôte. Il y a des gens debout jusqu’au fond. Le catholicisme a le sens du spectacle, on voit que c’est une religion qui a commencé au cirque.

Le curé est plutôt sévère, il n’arrivera pas à me faire croire que son fonds de commerce c’est l’amour du prochain. Pour lui c’est un rôle de composition et ça sonne faux. La maison mère devrait mieux choisir ses DRH, on comprend que plus tard il y ait eu crise dans la religion.

Bon, je vais pas reprocher son manque de ferveur au boss local, je dois bien avouer que moi, déjà tout petit, je faisais semblant d’y croire.