Parmi mes résolutions de nouvelle année, j'ai placé : faire un bébé. Dès le mois de janvier, j'arrête la pilule. Non pas que je me sente particulièrement prête, mais parce que j'ai 25 ans et que "mon horloge biologique tourne", comme dirait un film américain à succès de mes années lycée.
Bien sûr, je ne suis qu'en contrat emploi-jeune, mon chéri débute aussi, il faudra changer de voiture, etc, etc, et quatre pages d'etc... Mais tous les arguments de bon sens n'y font rien : je reste convaincue qu'un jour ou l'autre, il faut se lancer. Sinon je vais me retrouver vieille et décrêpie sans avoir mené à bien tout ce dont j'avais envie.
Donc autant s'y mettre tout de suite. D'autant qu'en réalité, "ça" mettra huit mois à prendre. Au départ, je fais une véritable fixation : je calcule, je programme, je teste, je pleure chaque mois. Ce n'est plus du désir d'enfant, c'est de la psychose conceptionnelle.
En juillet, je décide de tout arrêter (et surtout de me prendre la tête) et de laisser venir. Un mois plus tard, je suis en vacances, je suis au soleil, je suis bien... Bingo !

C'est le jour où j'ai fait mon test de grossesse (au bureau !) qu'un de mes collègues vient me solliciter - en qualité de président d'association - pour intégrer l'une des troupes de théâtre amateur de la ville, qui manque de comédiennes.
Toute émue par ma grande nouvelle intime et touchée à la fois qu'on vienne me chercher pour monter sur les planches, je dis oui... mais en "prévenant" du possible contretemps du à mon "état". Mais la chose ne pose pas de problème : "on" s'en arrangera...
Curieusement (ou pas...), il sera donc le premier (après mon chéri) à qui j'aurais annoncé ma grossesse (par la force des choses !) et cette incursion dans son univers de mots - que j'avais déjà présagé proche du mien - m'ouvrira aussi les portes de cet homme déroutant, volontiers hermétique et qui pose sur moi un regard curieux, amusé, peut-être affectueux - en tout cas jamais indifférent.
Ce retour sur les planches m'intègrera aussi dans un cercle d'amitiés (ou peut-être seulement d'affinités) qui me manquait jusqu'à présent, où je fréquentais surtout des copains de mon chéri. Je mettrais quelques années à y abandonner mon masque - et encore, seulement pour certaines personnes.