1996 est mon année la plus impudique, la plus outrée. Je me suis cherchée un peu partout. Je suis entrée dans un jeu que je croyais être de l’amour mais qui avec le recul ressemble plus aux déboires de l’amour propre. Nous avons fait durer ça presque un an. Un an pour se déchirer, se comprendre, aller au bout de soi-même, de ses désirs, de ses ambiguités, de ses lâchetés aussi. Des cris, de la vaisselle cassée. Des ventres noués, des mensonges, des silences aussi. J’ai goûté aux affres de la jalousie puis de la dispersion, et je n’ai pas du tout aimé ça. Je n’ai pas du tout aimé ce moi là. Je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Avec le jugement à la fois compatissant et sans appel que je peux avoir sur moi-même, je trouve ça peu reluisant . Avec le recul, je me rends compte malgré tout que cette année miévro-dramatique a été capitale dans ce que je suis devenue. Il fallait aussi en passer par là. Pourquoi ? Voilà une question à laquelle je n’ai toujours pas répondu, c'est celle de la découverte douloureuse de l'altérité je présume.

Je n’ai envie de garder de cette année-là que le piquant d’un coup de soleil sur les seins attrapé de manière totalement inattendue dans les eaux baignant la Bretagne, le vélo, la sensation de liberté au bord de la rivière du Krach, les émouvants menhirs de Carnac et la tendre sollicitude d’un ami qui, peut-être sans le savoir m’a aidée à retrouver le nord. Ou plutôt le sud. Je ne veux pas non plus oublier les pyjamas à fleurs et l’écoute bienveillante que m’a prêtés mon amie A. pendant les deux trois jours que j’ai passés chez elle à pleurnicher.