J'ai 14 ans. je suis en troisième. Dernière année de collège. Je ressemble enfin à une adolescente. Sauf que je ne le sais pas encore.

2 évènements vont marquer cette année. Les 2 vont en quelque sorte chambouler ma vie.

Voici le premier:

Je reçois une lettre. Une lettre écrite de la main d'un garçon, qui se dit éperdu d'amour pour moi. Ainsi, j'intéresse un garçon! Je réalise que les garçons peuvent être autre chose que des copains de classe. D'eux,je ne sais pas grand chose. Je ne les fréquente pas, mis à part mon ami d'enfance que je considère comme un "cousin"

Cette lettre me fait l'effet d'une bombe. Moi qu'on surnomme la "naine" dans la cour de récré. Moi la timide, l'effacée. Moi la "peut mieux faire" écrit en rouge sur un carnet de note. Moi j'intéresse un garçon. Mais qui? Parce que cet abruti ( ben oui, on est tous un peu gogol à 'âge des premiers émois non?) a juste signé sa lettre d'un prénom. Et moi, dont le regard ne se perd pas plus loin que le bout de mes pieds, je n'ai aucune idée de qui il est.

D'autres auraient remarqué les regards appuyés d'un garçon des kilomètres à la ronde. Moi je n'ai rien vu de tout ça. Les garçons ne m'intéressent pas, pas plus que les bandes qui se regroupent à la sortie du collège.

Je me retrouve donc avec un soupirant qui me prie de le rejoindre le mercredi suivant dans le parc à 15h.

Me voilà bien.

Je n'ai aucune envie d'y aller. Oui....Mais j'aimerais bien en savoir plus sur ce garçon qui a osé poser ses yeux sur moi. J'ai si peu l'habitude qu'on me regarde, je fais même tout pour que ça n'arrive pas.

J'hésite : y aller ou pas. J'élude la question à ma façon.

Le jour J, à l'heure J, je me balade, comme par hasard, aux abords du parc avec mon ami soi-disant "cousin" et ma soeur. Je les supplie alors de traverser le parc pendant que je fais un détour, pour satisfaire ma curiosité. C'est ainsi que j'apprends que le garçon en question (qui regarde sa montre impatiemment) n'est autre que l'un des plus convoités du collège: beau gosse, cheveux bouclés, grands yeux bleus, sportif émérite, et accessoirement fils du prof de biologie et de ma prof de sport (je vous ai dit que j'étais minable en sport?).

J'ai avancé vers lui d'un pas sûr et décidé, comme on se lance un défi, par fierté.Je me sentais tous les culots du monde à cet instant là.

Il m'a regardé venir vers lui en souriant, puis, sans doute intimidé, a détourné les yeux.

Ensuite il a parlé, un peu, fixant le sol.

Je ne me souviens plus de ce qu'il a dit. Je crois bien que de découvrais pour la première fois ce que pouvait être un garçon, je veux dire un de ceux qui vous font accélérer les battements du coeur.

Je profitais de son regard fuyant pour l'observer à la dérobée. Je le trouvais tellement beau. Et tout en le dévisageant, je me demandais pourquoi il m'avait choisie moi, et surtout, par quel miracle il avait remarqué que j'existais.

Il a enfin relevé la tête. Il me paraissait immense. Il a délicatement repoussé une mèche de mes cheveux. A cet instant j'ai senti la chaleur bienfaisante de ses doigts sur mes joues. J'ai dû rougir. J'ai rougi sans aucun doute.

Je me souviens encore du grand sapin contre lequel il m'a doucement, mais fermement appuyée.

Je me souviens de la douceur de ces cheveux bouclés.

Et surtout je me souviens du goût de ses lèvres légèrement sucrées, puis de sa langue cherchant la mienne avec avidité. Ainsi, c'était cela un baiser. L'instant était divin et la baiser goûteux à souhait.

Premier amour, premiers émois. J'ai appris avec lui le contour de mes seins d'adolescente. J'ai deviné par son regard ma séduction naissante. Cet amour de quelques mois na pas été plus loin que des baisers et des caresses. Mais c'est par lui que j'ai su, que je pouvais être, que j'étais sûrement jolie.

Il s'appelait Bruno et ses yeux avaient la couleur du ciel.