J'aurais pu commencer mon parcours en 1952. J'aurais appelé ce premier billet "Naissance et transhumance". Pourquoi commencer le parcours 24 ans avant ma naissance ? Parce qu'on ne renie pas ses origines, la d'ou l'on vient, et sans mon père et ma mère, je ne serais pas la pour raconter mon histoire...
Mais au fond, ce n'est pas mon parcours. Je commencerai donc par un billet daté de 1975, l'année qui précède ma naissance, qui est celle de la rencontre de mes parents, et de leur mariage...
Mais 1975 n'aurait pas été pareil si en 1952, Martine n'était pas née dans un village de Lorraine Belge, pendant qu'à l'autre bout du pays, la famille d'Alfons s'apprêttait à tout quitter, quitter la Campine pour s'exiler en Lorraine - loin à 250 kilomètres, quitter la Flandre qui crève de misère pour la Wallonie plus prospère.
Des enfants grandissent et deviennent adultes. Ils sortent, ils s'amusent. 23 ans plus tard en 1975. Février, le bal de la petite fête. C'est toujours la même histoire qu'on raconte dans les soirées en famille. L'histoire d'un garçon de 27 ans, venant du village voisin pour le bal. Alfons est un peu émmeché en fin de soirée et en sortant de la salle du village, il apostrophe Martine, une fille du patelain, occupée à manger des frites.
"C'est pas bon ce que tu manges la !"
"Paie-moi meilleur", avait-elle répondu, avec un franc-parler qui lui venait de sa mère. Faut dire que les filles de sa famille n'ont pas leur langue en poche, c'est une légende dans le village... Bref, n'écoutant que son bon coeur, Alfons propose à Martine de venir manger une tartine au jambon chez ses parents le lendemain.
On raconte toujours que le lendemain, mon père avait oublié son invitation, et que c'est son frère Louis qui le lui rappela. Cette histoire de tartine au jambon revient souvent quand mes parents évoquent leur rencontre. Cette fameuse tartine dégustée au milieu des cousins flamands, bien étonnés qu'Alfons ait ramené une fille à la maison, et ne se lassant pas de faire des commentaires dans la langue de Vondel...
Aout 1975, les mois ont passés, et de ballades champêtres d'un village à l'autre, d'une famille à l'autre, Alfons et Martine, de flirts en rencontres ont fini par se marier...
La aussi, il y a plein d'histoires. Mon grand-père qui ne vient pas, ma mère qui tourne en rond dans la chambre des filles, mon père qui s'impatiente...
Quand le cortège au complet s'anime enfin, et part pour la maison communale, le mariage a déjà une heure de retard sur l'horaire prévu. Devant l'église, l'abbé ouvre les bras, croyant accueillir la suite... qui passe son chemin pour monter vers la maison communale. Car on ne passe pas devant le curé sans être d'abord passé devant le bourgmestre.

Pour moi, ce ne sont que des histoires, je n'étais pas encore de ce monde. Pour mes parents, c'est une page de leur vie. La page d'une histoire qu'ils ont écrit à deux, et qui a donné naissance à deux garçons... Patience, le premier arrive bientôt !

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