Je suis attendue comme le messie. Ma mère est l’ainée de quatre filles, mon père, le fils ainé d’une famille de quatre enfants également. Après leur mariage en septembre 1969, le premier petit enfant des deux familles est attendu fébrilement par les deux grand-mères.
Ces deux-là ne s’aiment pas beaucoup alors qu’elles ont pourtant de nombreux points communs. A cette époque la petite dernière et le petit dernier quittent la maison familiale pour voler de leurs propres ailes. Après des années à s’occuper de leur marmaille, les voilà tout d’un coup bien désœuvrées.

Mais me voilà qui pointe le bout de mon nez. Tour à tour je serai le centre de ralliement de ces deux femmes et l’objet de nombreux conflits pour déterminer qui s’occupera de moi, qui me gardera, et qui me gâtera le plus. Vous l’aurez compris, j’ai été choyée, adulée par mes grands-mères jouant dès ma naissance le rôle de secondes mères. Je me suis toujours sentie comme étant la N°5 de ces deux familles plutôt que comme l’ainée des petits-enfants.

A y regarder de plus près, les choses n’ont pas véritablement évoluées 35 ans plus tard, mais heureusement qu’elles étaient là, et c’est toujours avec plaisir que je déjeune avec chacune d’elle chaque semaine tout en les écoutant se disputer ma préférence.