jeudi 22 février 2007

hiver

Janvier 1959 voit la naissance de mon principal partenaire de jeux, mon cousin. Avec lui je construirai des cabanes, j'irai me baigner dans les étangs, faire du vélo, de la moto, pêcher à la ligne. Le cousin avec qui je partagerai des rêves et des jeux, lirai "Tout l'Univers" pendant des heures au grenier, jouerai à cache cahe dans les étables. Il est né dans la maison familiale, celle de nos grand-parents.Un grande maison de pierre, partagée en son milieu par un immense couloir glacial. Au fond à droite, la chambre où ma tante est encore allongée. je revois la table de toilette en marbre et l'armoire à glace. Du bébé, je ne me souviens pas, j'ai juste encore cette image de sa mère appuyée contre les coussins.

vendredi 16 février 2007

dix-huit mois à Porto

Les récits de voyages familiaux étaient émaillés de ce "elle a eu dix-huit mois à Porto". Chaque été mon père nous emmenait en expédition, dans la quatre cent trois commerciale bleu marine. Tentes canadiennes, table de camping pliante : une grande valise en bois qui contenait tout le matériel de cuisine et les sièges, vache à eau en toile, que l'on suspendait à un trépied de bois. Nous faisions essentiellement du camping sauvage. De Porto cette année-là, je ne me rappelle rien. Les souvenirs d'enfance sont souvent liés à ce que l'on nous en a raconté et aux photographies que l'on en a vues. Mon père filmait avec une caméra huit millimètres. Les images de ces films sont gravées dans ma mémoire : le battage des blés avec des ânes, les charettes à roues pleines, les villes sans voitures, les pêcheurs et leurs filets à Nazaré. Les femmes en noir, ma mère en maillot de bains sur des plages sans touristes. Mon premier souvenir conscient et visuel, c'est le retour de ce voyage. Malade, je souffrais de ce que l'on appelait une crise d'acétone. J'avais dix-huit mois. Assise sur la murette du jardin avec ma soeur, je me rappelle très distinctement avoir vomi sur son espadrille verte. Août 1958

lundi 5 février 2007

1957 matin d'hiver

C'est un matin d'hiver au froid piquant et ensoleillé. Une pauvresse assiste à l'accouchement, une sans logis, sans abri sans vie, que les sages femmes accueillent pour les aider à de menues tâches parfois. Ma mère, pudique, est gênée par cette présence. En son for intérieur, évoque-t-elle la fée Carabosse ? Rétrospectivement, moi ça me plait bien. Je suis née dix ans avant la loi Neuvirth sur la contraception, dix-huit ans avant la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse, et quarante trois ans avant la loi sur la contraception d'urgence. Je dois la vie à quelques retards.