1977, j'apprends à marcher. Marcher dans la neige, chaussée d'immenses bottes, lutin dans son bonnet rouge, engoncée dans mon anorak. Je marche au bord de la piscine, en Tunisie, toujours et encore, accrochée par mes parents pour ne pas tomber à l'eau, au bord de la mer, assise dans le sable avec juste un petit foulard dans les cheveux, angoissée par ces immenses vagues qui se fracassent à mes pieds, à vouloir faire des chateaux sans me salir les mains.

Entourée de la tribu familiale, mes cousins, dans leur pleine adolescence, d'un brun doré du soleil de leur pays, sont déjà un modèle que je ne cesserai d'admirer. Dans les montagnes suisses aussi, mon petit cousin, de 6 mois mon cadet, est encore dans les bras de ma tante. Plus tard, dans quelques années, complices dans nos jeux et nos rêves, il me demandera de l'épouser, et voudra m'offrir un chateau, puisqu'il est mon roi et que je suis sa reine.

Et enfin l'Italie, mes grands parents, le village déjà plein d'odeurs de bétail, les longues promenades dans les champs, et les rires sur la balançoire non loin du poulailler. Ces instants seront trop courts, ils seront les seuls que je partagerai avec mon grand père, qui nous quittera trop tôt, et même si je l'ai si peu connu, aujourd'hui encore je sais qu'il n'est pas loin de moi, qu'il m'a marquée pour ma vie, que sa bonté, sa bienveillance, son amour pour moi éclaireront ma vie comme une bénédiction supplémentaire. Je vole dans les airs, dans ses bras, j'avance pas à pas dans une robe fleurie pour aller chercher les oeufs.

Je suis au milieu de mon clan, une princesse, entourée d'une famille qui ne sera jamais très loin et qui tout au long de ces trente prochaines années me soutiendra.