C’est la première bouffée qui compte. C’est celle là qui fait un peu mal, et puis qui, en inondant les poumons, petites poches toutes rabougries tel un matelas pneumatique, fait jaillir le cri. Ce cri où se mêlent une sorte de colère primitive, de joie victorieuse et de surprise…C’est cette instantanéité de la douleur autant que son unicité qui étonne… c’est ce changement de milieu aussi brutal qu’agressif qui révolte… D’un coup, l’opposition s’étale, évidente et sans appel entre l’aspect impalpable et désincarné de cette fonction vitale – respirer - et la densité du monde physique, inexorablement et à jamais plus lourd. Parce que la souffrance qui accompagne la première inspiration va se perdre dans un recoin du cerveau limbique, parce que le reptilien, en bon mécaniste, assure avec une parfaite synchronicité le réflexe, il ne reste plus que quelques larmes qui racontent combien la blague était de mauvais goût… Voilà… C’est ainsi que Cela commence ..