2 déménagements, un mariage, une grossesse difficile. L'année 1985 est pleine de rebondissements.

En janvier, mon ami est muté à Lyon. Il fait ses valises. Je suis déboussolée. Je n'avais jamais envisagé de quitter Toulouse. Cette ville m'a apprivoisée, et je l'ai adopté avec l'idée de ne jamais en partir. Les changements ne sont pas très bénéfiques pour la grande anxieuse que je suis. Si ma phobie sociale ne m'envahit pas trop encore, c'est que justement je veille à garder les mêmes repères, les mêmes frontières. Mais là, une question fondamentale se pose. J'aime cet homme? Oui. Je veux faire ma vie avec lui? Oui. Je veux partir de Toulouse? Non.

Pourtant il va falloir encore une fois faire un choix. Le suivre et partir ou bien rester et peut être le perdre. Je ne sais pas choisir. Je me donne un temps de réflexion. Il part sans moi, faisant des allers retours un week-end sur 2, attendant patiemment que je décide. Je décide, après 3 mois que oui, je vais le rejoindre, la-bas ou ailleurs. Je fais donc mes cartons à mon tour, la peur au ventre de quitter ma ville. Ces cartons, je vais d'ailleurs passer mon temps à les faire et les défaire tout au long de ma vie.

Je quitte Toulouse sous un beau soleil. J'arrive à Lyon sous une pluie battante. Le coeur n'y est pas. Je me sens loin de chez moi, loin de ma terre, loin de mes racines, loin des mes repères. Je garde ça pour moi et fais bonne figure. Mon compagnon à 4 pattes nous a suivi. Je n'aime pas l'appartement où nous vivons. Je n'aime pas le quartier, ni cette ville dortoir à quelques kilomètres de Lyon.

J'aime la vieille ville, le quartier de fourvière, et la campagne alentour. Je déteste les embouteillages, la pollution, la place Bellecourt En juin 1985, nous nous marions, chez moi, dans l'Aveyron, puis nous repartons sur Lyon, que je n'aime toujours pas. Toulouse me manque. Je trouve enfin un travail et fin Août j'apprends que je suis enceinte.

Cette merveilleuse nouvelle est aussitôt suivie d'une grande période d'angoisse. Après une hémorragie, on me signifie un repos forcé, allongée 3 semaines, sans pouvoir me donner la certitude que le foetus est encore vivant. Je vis ces 3 semaines en gardant l'espoir que lors de la prochaine échographie, le foetus aura grossi. Si ce n'est pas le cas, je n'aurai que la mort dans mon ventre.

Mais mon petit bout s'accroche et c'est avec un immense soulagement que j'apprends, 3 semaines plus tard, que je mènerai ma grossesse à terme, si je reste prudente. Je vis cette grossesse comme un cadeau inestimable. Je touche mon ventre, je suis attentive au moindre changement de ma silhouette, j'attends le 1er coup de pied avec impatience. Je m'extasie chaque jour d'avantage de vivre cet incroyable aventure qui consiste à porter un enfant.

Alors que je suis enceinte de 3 mois, et à peine sortie de mes nausées matinales et autres désagréments des 1er mois, mon mari est muté à Valence. Je ne suis là que depuis 6 mois et il faut déjà refaire les cartons.

En novembre de la même année, nous emménageons dans une petite maison, à quelques kilomètres de Valence, en Ardèche, au pied du crussol. J'y retrouve la campagne que j'aime. L'Ardèche est une département magnifique, que je n'aurai malheureusement pas le loisir de le visiter bien longtemps.

Nous passons Noël à 2, loin de nos familles respectives. Un Noël un peu triste (je suis malade) mais nous sommes ensemble et Marie donne ses 1ers coups de pied pour nous assurer de sa présence.