Je n'ose même pas regarder la date de mon unique ricochet, février, mars ? Il y a si longtemps... Celui-là je l'avais écrit et réécrit un tas de fois, au stylo, dans mon carnet orange, avant de le publier, insatisfait mais décidé à poursuivre, à m'atteler au suivant, qui devait être plus facile.

Rapidement un brouillon dans le même carnet orange, des ratures, des interrogations sur la longueur (trop court ?), sur la forme (je m'autorise à développer la relation au-delà de l'année touchée par le billet, dans quelle mesure ?), je laisse celles-ci percoler, j'établis les thèmes pour les années qui suivront, cela est fait rapidement, je me suis attaché au thème de lier une année à une personne, importante ou anecdotique, c'est selon, et ainsi très vite j'ai une vingtaine de noms et prénoms, il y a quelques années creuses, il sera toujours temps d'y réfléchir à nouveau.

Peu de temps après je suis en vacances, avec un ancien colocataire, une caravane posée dans un champ, on revoit des copines, des copains, on rigole des petites habitudes que ces quelques jours voient renaître, et je passe une soirée à expliquer les ricochets, à en dresser ma liste, à les développer tous pour une première fois, ça vient alors facilement, c'est extraordinaire. Et le lendemain ce sont quatre ou cinq années que je laisse sur le papier.

Mais je rentre à la ville, elle m'absorbe, j'oublie, le carnet est rempli et laisse sa place à un nouveau; sans plus croiser de ricochets au hasard des pages je les oublie presque, ça ne devrait pas être définitif.