Ohé des ricocheurs, ohé, il y a quelqu’un… ?

C’est Dame Kozlika qui nous interpelle et vient soudain secouer la douce hibernation ricochesque dans laquelle je m’étais installé.

Tiens, oui, les ricochets !

Oh je ne les ai pas oubliés tout à fait. Ils sont là. Ils ont même droit à un raccourci spécial sur un coin du bureau de mon ordinateur, pas un, deux raccourcis, un pour aller lire, un autre pour aller publier. Souvent lorsque mon regard passe dessus je me dis : « Ah oui, les ricochets, il faudrait m’y remettre pourquoi pas… ». Mais ça fait un moment cela dit que je n’ai plus cliqué par là.

Alors aujourd'hui j’ai couru y faire un petit tour. C’est qu’ils sont bien vivants ces ricochets. Il y a même des petits nouveaux comme Johann ou de grands anciens qui s’y mettent, n’est-ce pas Gilda. Il y a des fidèles comme Thomas qui vient de boucler son parcours, Samantdi qui progresse avec régularité, Cassymary à la belle énergie. Et bien d’autres. Et chez tous il y a beaucoup d’émotion et quelques bien beaux textes…

Quant à moi ? Il date de quand mon dernier ricochet ? Je ne sais même plus. Je vais faire un tour dans les archives. 21 juin ! Déjà ! Tant de temps passé ! Dernier texte le 5 juillet, un texte dans la marge qui s’appelle « Ricochets en déshérence ». Il est là pour dire je suspends sans fermer, je reviendrai peut-être. Ça n’a pas été le cas jusqu’à aujourd'hui.

Pourquoi est-ce que je me suis coincé là ? Ce n’est pas par hasard sûrement. Je sais très bien ce dont j’avais l’intention de parler pour 1992. Ce n’est pas spécialement difficile ni douloureux. Mais ce malaise que je voulais évoquer, survenu lors d’un événement assez dérisoire ne me concernant pas directement, dit assez par sa force et son étrangeté qu’était touché un élément important pour moi, un nœud sûrement.

Je crois avoir su très vite, dès lors que ce petit événement s’est produit et parce qu’il est resté toujours présent à ma mémoire de quoi il retournait. J’ai eu l’impression, sans doute fallacieuse d’ailleurs, d’avoir épuisé la question. Et comme il y a malaise à l’évoquer sans gain prévisible de compréhension ou de redécouverte, je n’ai pas eu envie d’y revenir.

Plus globalement avec ces années, j’étais dans des années plates, enfin me semblant plates. A écrire dessus j’avais tout simplement le sentiment que j’allais m’ennuyer.

Je me suis posé aussi la question du sens choisi. Tout à coup je me disais, c’est absurde ce sens à rebours, j’aurais bien mieux dû suivre la flèche du temps. L’après ne prend son sens qu’éclairé par l’avant. Certes, mais ça c’est une considération valable dans la restitution, au moment où j’aurais voulu lire le texte entier de son alpha vers son oméga. Elle ne l’est pas au moment de l’élaboration, la plongée vers le début, du plus proche vers le plus reculé, peut au contraire faire de ricochet en ricochet surgir de belles surprises. Donc tout ça, c’est du prétexte !

J’aurais pu aussi, et j’y ai pensé, m’affranchir de toute consigne, jouer le temps dans l’anarchie, passant d’un souvenir proche à un souvenir lointain et vice-versa. Mais j’aurais alors sans trop de peine écrit les « années intéressantes » et puis il serait resté de vastes plages de temps inabordées et condamnées pour le coup à le rester.

Il y a autre chose aussi, peut-être plus insidieusement démotivant. Mon premier ricochet 2006 c’était « l’homme immobile » qui était une sorte d’injonction à ne plus l’être. Les ricochets, travail du passé dans le présent n’étaient-ils pas là aussi pour débloquer des vieilleries au creux de soi ? Or qu’écrirais-je si je devais faire un ricochet 2007 car « l’homme immobile pas si immobile que ça » fondamentalement l’est toujours ? Est-ce que vraiment on peut changer ou bien est-ce que les récurrences, les répétitions sont toujours les plus fortes, toujours triomphantes?

Ah là, là, c’est bien du Valclair tout ça ! Toujours avec ses éternelles et tortueuses questions ! Et si tout bêtement, tout simplement, je repensais au plaisir que j’ai eu aussi à produire mes ricochets au delà de l’aspect laborieux qu’ils ont parfois pris.

Alors ? Revient ? Revient pas ? Je ne sais pas encore. Je crois plutôt oui. Ce ricochet 1992 au moins il faudrait que le fasse maintenant que j’ai alléché. Et après, c’est à dire avant ? Nous verrons.

Merci Koz de m’avoir ainsi, peut-être, donné l’envie de relancer la machine.