Par goût du jeu et peut-être aussi du défi que cela pouvait représenter, j'avais mis les pieds dans cette marre à ricochets.

Rapidement une question métaphysique s'est posée : quel chemin suivre ?
Au tout début, il était proposé "de 1960 à 2006" ou "de 2006 à 1960". Et comment qu'on fait quand on commence à brailler en 71 ? Les meneuses (de revues et) de jeu ont par la suite assouplie les règles. Mais j'avais déjà commencé avec la décision de suivre le chemin ascendant en comblant "le vide" par l'histoire de mes parents.

Je revois encore leur tête quand ils sont passés à la question. "Alors, en 1960... T'étais où ? Et tu faisais quoi ?... Et Papa ?... Deux secondes, je prends des notes... Okay, on passe à 61 ?". Certes, je connaissais déjà les grandes lignes, mais la chronologie exacte m'échappait.
Chaque semaine, je prenais ainsi plaisir à écrire quelques lignes sur la vie de ceux que j'ai tout simplement nommé mes XX et XY.
"Et en 1971, tu es né et on s'est posé... On a recommencé à vivre quand tu es parti. Ah ah ah". L'humour de mon père me fera toujours mourir de rire. Pas de problème si à partir de là vous n'avez plus rien de palpitant (à part moi, bien sûr!) à raconter, puisque je suis censé prendre la relève. Et toc !

Sauf que...
Dame Ecriture est une muse perverse qui se plait à embrouiller les cartes du joueur.
Les cailloux de mes XX/XY m'ont tellement diverti que lancer les miens (surtout ceux un peu flous des premières années) me faisait l'effet d'un pensum. Tel est pris qui croyait prendre. Leur période, qui au départ devait combler un vide, avait fini par capter tout mon intérêt...
Etant plus du genre épicurien que stakhanoviste, j'ai préféré posé mon sac de galets plutôt que de les jeter laborieusement, sans satisfaction. Défi perdu ! Baisser les bras ne me dérange pas. J'y vois plus de vertu que dans le jusqu'au-boutisme.
Depuis, je me contente d'assister aux spectacles des ricochets des autres.
Et c'est très bien comme ça.


Mais là encore...
Dame Ecriture est une muse perverse...
Ces quelques lignes sollicitées seraient-elles en train de raviver la flamme ?
A mes pieds, le sac est encore là avec dedans une grosse trentaine de pierres à lancer.
Il n'y a qu'à se baisser et l'attraper.
On verra ça 'demain'.