1958:

Par un beau jour de la fin aôut le premier tracteur arriva:un petit pony diesel tout rouge qui avait une facheuse tendance à se cabrer malgré les balourds des roues avant, et il marchait 2 fois plus vite que les boeufs pour tirer son soc et faucher et il n'y avait pas besoin de mettre la jument devant la paire de boeufs pour tirer la moissonneuse-lieuse.Nous nous disputions la joie de tourner avec dans la cour de la ferme et très rapidement au grand désespoir de mon père avec mon deuxième frère et un de mes cousins agés de 13 ans nous avions maîtrisé toute les possibilités de cet engin en une dizaine de jours.

Cette année-là nous sommes entrés dans la modernité passant du pas lent des boeufs et des foucades de la jument à la régularité et au bruit lancinant du moteur:un avenir radieux s'ouvrait à nous ,en tout cas nous en étions persuadés

1978:

Bien installés dans cette ville de l'Est j'étais complètement obnubilé par mon travail et je me rappelle ce jour où un patron d'une grande entreprise de textile me raconta l'horreur qu'il avait vu dans son dépôt:2 hommes ensemble et qu'il avait licenciés sur le champ. Je le déstabilisai en lui rappelant que quelques instants auparavent il rigolait sur les couples qu'il surprenait ici ou là en train de "ne pas travailler" et qu'il se contentait de rappeler à l'ordre tant que cela restait dans des limites raisonnables!

En partant quelques instants plus tard je l'entendis qui disait à son responsable technique: "Celui-là non seulement il est communiste mais en plus il défend les pédés" Nous étions en 1978 dans une ville de 80.000 habitants dans l'Est de la France.