ma soeur nait cette année là, ça s'est un repère sûr, elle deviendra la chouchou de la famille.
Il parait que nous refusions qu'on la gronde et nous mettions à pleurer avec elle lors des rares fessées.
Je ne sais pas si c'est une réalité ou si la mythologie familiale cache là dessous les effets du favoritisme.
% Heureusement elle aura un bon fond comme on dit, elle est généreuse la petite et elle attendra l'adolescence et notre désertion pour se conduire en fille unique.

Je devais être heureuse et un peu jalouse tout de même, sur les photos je fais des efforts désespérés pour lui prendre la vedette. Rare sont celles où je n'apparais pas dans un coin, même un petit bout mais être là.
Mon oncle m'a ramené un petit lapin blanc, j'en suis dingue, je le traine partout avec moi mais comme une peluche coincé sous mon bras.
Le soir je le range dans le clapier pour aller me coucher. Je ne sais pas combien de temps il tient à ce régime mais il finit par mourir. Comme je suis trop petite (?) on me dit qu'il s'est enfui, et c'est à 30 ans que j'apprends médusée que c'est moi qui l'ai tué. Ma mère a fini par me le dire m'entendant parler avec nostalgie à une amie de ce petit lapin échappé, elle croyait que j'avais compris depuis le temps.

Je crois que cela m'a plus traumatisée que le père Noël, il faut dire que le mensonge a duré plus longtemps.
Du coup je lui ai demandé si mon cobaye était mort lui aussi.

La vérité a chancelé ce jour là, ça n'a l'air de rien mais un truc pareil peut ébranler son rapport au monde.