Je suis relativement bonne élève, je suis déléguée de classe ça fait longtemps que j'ai compris que c'était une place où il était possible de se défendre en même temps que les autres. Les profs tempèrent leurs propos face aux élèves présents.
Rien de vraiment marquant cette année là je me souviens juste d'une anecdote : un cancre dont le nom m'échappe faisait la vie à une des meilleures élèves parce qu'elle était raide comme un piquet et ma foi d'abord un peu froid. Il la taquinait un peu méchamment sur son expérience hypothétique des garçons. Je lui ai demandé de laisser tomber, il m'a alors gentiment proposé de sortir avec moi juste pour que je ne me sente pas cruche le jour où je voudrais embrasser un garçon dont je serais amoureuse. J'ai bien ri et lui ai répondu que je me débrouillerais bien le moment venu. On est resté copain et c'était bien ainsi, d'ailleurs à cette époque embrasser qui que ce soit ne m'intéressait guère je préférais rêver en observant certains, c'était plus instructif.

Cette année là ou la suivante je ne sais plus

J'ai le souvenir d'une lettre adressée à ma mère un exutoire qui n'était pas destiné à être lu par elle. J'y expliquais mon malaise la sensation d'être un poids pour les autres, de vivre aux dépens de mes parents, être dépendante signifiait alors pour moi que si on me lâchait je risquais de tomber dans un puit sans fond un peu comme Alice mais sans avoir espoir que cela s'arrête autrement qu'en tombant sur le dos de quelqu'un d'autre.
Je comprenais que j'étais lourde à supporter mais je ne voyais pas le moyen de sortir de cette situation.
En fouillant dans mes affaires, elle s'appropria la lettre mais ne me parla jamais de ce que cela soulevait comme problème, et je l'ai moi-même récupérée en cherchant dans ses placards des vêtements qu'elle m'avait confisqués en douce. Ces drôles de pratiques inavouables empêchaient ensuite la possibilité de dialogue. Chacune prenant connaissance des avancées de l'autre sans pouvoir faire le pas nécessaire au rapprochement.