(Un petit caillou écrit en pensant à Coline, ma petite soeur d'adoption.)

5ème D. Je fais la connaissance de Laure G., un personnage fascinant. Elle zozote, elle a des cheveux longs jusqu'à la taille et surtout, elle a des seins énormes, plus gros que ceux de maman. L'été dernier, j'ai dévoré les troublantes aventures érotiques d'une certaine jeune fille montée sur sa bicyclette bleue. Laure me fait penser à Léa. Elle m'invite à rejoindre sa troupe de théâtre.

Je passe d'une fascination à l'autre. Nous sommes une quinzaine d'enfants dirigés par deux femmes fantasques et géniales qui font le pari insensé de monter entièrement une pièce de théâtre, écriture, mise en scène, réalisation, lumières, décors compris. C'est moi qui trouve le titre de notre pièce : "3615, Code Sorcica".

Librement inspiré du film "Les Visiteurs" en voici le synopsis. Une jeune et belle princesse s'ébat sans soucis. Mais sa marâtre, la méchante reine sorcière (moi) est jalouse de sa beauté. Elle lui jette un sort : le jour elle sera affublée d'un vilain nez qui détruira sa beauté, pour resplendir à nouveau quand le soleil se couchera. Désespérée, la princesse part dans le futur, pour trouver l'homme aux lunettes d'or, qui la délivrera de ce sortilège. Elle voyage sur des nuages (moi), et tombe en plein 20e siècle. Son décalage évident avec les gens de cette époque la conduit tout droit dans un asile de fous (moi) où elle rencontre une sorcière moderne équipée d'un minitel qu'elle cache sous ses 7 jupons. Le 3615 code Sorcica lui révèle que l'homme aux lunettes d'or se trouve en boite de nuit. Les voilà parties, cherchant l'élu parmi les danseurs (moi). Elle le voit, il la voit, c'est lui, c'est elle, le sortilège disparait, ils s'embrassent, se marient et ont beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup TROP d'enfants (moi).

Ces rôles multiples, les changements incessants de costumes, l'omniprésence de l'improvisation, le sentiment d'appartenir à un groupe, et d'être reconnue en tant que comédienne en herbe, tout cela me révèle quelque chose d'important : moi, la grande duduche, la binoclarde livrovore, le grand bébé qui ne veut encore aller une dernière année en colonie "des petits" malgré mes presque 13 ans, je peux me sublimer.

Laure, tu n'as fais qu'un bref passage dans ma vie, et tu as finalement peu compté mais tu as toute ma gratitude.