A cinq ans, c'est la 3ème maternelle, si je m'en souviens bien. Aussi étonnant que cela puisse paraître, j'en ai gardé quelques souvenirs.

Celui de regarder une pince à linge qui tenait un dessin, à l'école, en me disant qu'il y avait sans doute des poux dessus (on m'avait raconté une histoire qui s'appellait Rendez-moi mes poux!, et je crois qu'il y en a eu à l'école à cette période)
Celui de truquer les tabourets de la cuisine pour faire des farces à qui voudrait s'asseoir dessus.
Celui de continuer à aller manger du riz au ketchup chez Louis.
Celui de Nanette, ma grand-mère chérie, qui voulait bien qu'on aille finir nos nuits dans son lit même si je ne suis pas sure que les parents aient toujours été très d'accord.
Celui de jouer à l'élastique avec des "grandes" dans la cour parce que je m'ennuyais avec les enfants de mon âge.
Celui de faire de mon GrosNounours un dessin mémorable rose et bleu immonde mais que j'adore encore.
Celui de Nanette qui me demandait conseil pour ses patchworks et de papa qui me demandait conseil pour ses cravates ("Non celle-là elle va pas avec ta chemise, papa!")
Celui d'un parfum de maîtresse, que j'ai retrouvé sur une femme dans la rue il y a quelques années. Mais quelle maîtresse? Etait-ce cette année-là?
Celui d'un bisou à Nicolas, que j'aimais encore.
Celui de l'escalade des bambous du fond du jardin avec ma soeur aînée, pour épier ce qu'il se passait (en l'occurence, rien) dans le jardin des voisins.
Celui de mon papa écrivant à son bureau, me donnant l'impression qu'il ne faisait sur le papier que des traits sans formes. Je me disais que dans les livres, c'est quand même plus joli.
Celui du peintre, un ami des parents, qui est venu faire une fresque magnifique dans la cage d'escalier. Après avoir vendu la maison, la première chose qu'ont fait les nouveaux propriétaires a été de tout repeindre en blanc cassé. C'était un paysage de campagne avec un petit ruisseau que je passais des heures à regarder couler le long des marches.
Celui de ma maman qui avait un gros ventre, sur lequel on avait le droit de poser sa tête ou sa main pour sentir le bébé Capucine bouger. Elle était allongée sur son lit, à l'ombre, un peu fatiguée, et attendait qu'on vienne lui faire son bisou du soir...