A trois ans ou dans quelques semaines, j'aime toujours aussi peu déménager. Je l'ai pourtant fait de nombreuses fois, enfant, adolescente, dans ma vie d'adulte. Ça n'est donc pas un « manque d'entraînement ».

A trois ans (quatre ? enfin quelque part par là), ce qui m'angoisse c'est le mariage avec ma fiancée de la maternelle qui risque de tomber à l'eau, ma chambre qui ne sera pas pareille que celle-ci, donc forcément moins bien, mes jouets – ma poupée Gribouille – que je ne retrouverai plus à sa place.

Le déménagement suivant s'annonçait sous de bien meilleurs auspices : j'allais me rapprocher de mon lycée et pourrais désormais échanger trois quarts d'heure de bus+métro par dix minutes à pieds, et surtout me rapprocher de Claire et des autres copains. Mais j'ai détesté la période cartons faire et défaire, trier, ranger. Pas seulement l'aspect « boulot », quoique précocément feignasse, mais le chambardement. Paradoxalement j'aime autant le changement que je déteste être dérangée. Evidemment c'est difficilement compatible.

Je suis je crois extrêmement casanière. Les destinations lointaines ne m'attirent pas le moins du monde : je suis entre deux eaux pendant un jour ou deux à chaque fois que je pars en vacances, je cherche mes marques, je tourne et je vire ou je me réfugie dans une activité bien familière, le temps d'avoir plus ou moins apprivoisé mon nouvel espace.

Mais comme rien n'est simple, je suis aussi fort curieuse, surtout des gens, et jusqu'à présent aucun inconnu n'a spontanément sonné à ma porte pour faire ma connaissance, sauf par erreur ou pour me vendre des calendriers. Et moi j'aime bien les nouveaux gens, chaque batée dans la rivière du monde est l'espoir d'une nouvelle pépite, et je me fiche bien de savoir qu'il va me falloir rejeter la plupart de mes trouvailles au fil de l'eau du moment qu'une fois de temps en temps l'or brille dans mon tamis. Ça m'est arrivé souvent. Je ne crois pas être particulièrement chanceuse pourtant ; faut juste retrousser le bas de son pantalon, mettre un chapeau pour se protéger des coups de soleil et aller à la rivière en n'escomptant pas faire fortune du jour au lendemain.

Les blogs ne sont pas mon seul filon, j'étais déjà bien riche avant, mais c'est un sacré putain de gisement, au croisement d'une multitude de rivières aux flots calmes ou tumultueux. Et tout ça sans bouger de ma chaise pour les premiers sondages. (Après faut aller y voir parce qu'on ne peut pas tout décider uniquement avec les sondages, n'est-ce pas...)

Houla, je ne sais plus du tout ce que je voulais raconter au début de ce billet. J'étais partie sur les déménagements. Le prochain que j'appréhende mais dont je suis contente. Les deux grandes terrasses. Tang. La ponction du porte-monaie plus légère. Une chambre pour chacun. Les petits traiteurs chinois pour épauler M. Picard.

Partir vendredi en week-end à Delft avec Claire. Revenir. Paris-Carnet. Faire les cartons. Deuxième tour. Déménager. Fête terrasse.

En 1963, ma mère obtient un HLM. 2007, c'est mon tour et mes copines de maternelle ont toutes des adresses email.