J'ai pris la décision la plus stupide qui soit si l'on la prend du coté pratique, mais aussi la plus essentielle puisque ma vie ne serait pas ce qu'elle est sinon.

Je décide de monter rejoindre mon amour à Paris. Je renonce par là même à terminer mon cursus universitaire dans de bonnes conditions, c'est à dire à valider une maitrise. Je ne le sais pas encore mais ce diplôme est la suite logique du travail entrepris les années précédentes, la connaissance par les professeurs de la démarche artistique de l'étudiant au cours de sa formation est un atout. Je l'apprendrais à mes dépends.
A Paris personne ne me connait je n'ai pas emmené un dossier conséquent de mes travaux antérieurs, un bon nombre a fini à la poubelle faute de place dans mon déménagement. Je dois donc partir de zéro et faire mes preuves, alors même que je me trouve déracinée et pas si sure de mes capacités à affronter la capitale.
J'essaierais 2 années successives de passer ma maitrise mais les 2 heures de cours hebdomadaires ne seront pas suffisantes pour faire mon trou dans cette université.
Cela m'a permis de comprendre que les études universitaires n'étaient pas tournées vers l'extérieur mais se mordaient la queue, Il faut faire partie du cercle, employer le langage des initiés pour parler de ce dont eux même parlent.
J'ai tenté d'introduire le point de vue féminin dans une étude sur la sensualité en peinture, on m'a répondu : sujet glissant et j'ai bien senti que le féminisme n'était le cheval de bataille de la prof qui était sensée me diriger et me soutenir, j'ai préféré renoncer à masquer ce que je voulais être un apport personnel et j'ai abandonné l'idée d'avoir ce diplôme.
D'ailleurs à quoi me servirait il maintenant si ce n'est à allonger inutilement mon cv que j'ai d'ailleurs définitivement allégé de ces années de formation.

Finalement ce qui me chagrine dans cette décision, c'est de ne pas avoir été consciente des embûches que je me créais, et de n'avoir pas senti que ce premier renoncement à ma construction personnelle, était le premier pas vers la dépendance affective qui empoisonnerait ma vie future. Il est plus constructif de finir ce que l'on a commencé avant d'entreprendre autre chose. Surtout quand l'autre chose n'est qu'une projection sur autrui.