Premier boulot parisien : je suis sensée être en charge de la relation entre artistes et la troupe de théâtre qui m'a embauché. "100 jours 100 peintres" le projet est ambitieux mes employeurs mégalomanes, je finis par les plaquer et les harceler pendant un mois pour obtenir mon salaire. voilà ce que c'est de travailler au noir. Mais j'ai adoré me déplacer à solex, sortir du boulot à minuit et donc trainer dans les bars pour canaliser mon énergie avant de rentrer

Premier poste de surveillante : trois mois avant la fin de l'année scolaire un remplacement me tombe dessus. J'y vais vaillant petit soldat. Gagny banlieue chaude, je ne sais pas ce que ça veut dire Naïve enfant de la province, j'interromprais sans m'en rendre compte un racket de chaussures, je débrouillerais d'autres histoires tout simplement en mettant les pieds dans le plat. Et lorsque j'émettrais le doute sur ma capacité à occuper ce genre de poste, la conseillère d'éducation retournera mes défauts en avantages et me convaincra de ne pas laisser tomber.

Première saison : l'an passé j'ai bossé dans un camping, cet été je rempile mais pour toute la saison. Et je découvre que l'on peut travailler dans la bonne humeur (même si la mienne n'apparait qu'en fin d'après midi).
Pour la première fois de ma vie des étrangers fêtent mon anniversaire. Je suis émue aux larmes et pourtant je ne me doute pas de ce que cet évènement va devenir : quasiment une fête incontournable de la vie du camping. les habitués participeront chaque année davantage
Mon patron est une perle, il est agriculteur-syndicaliste et a donc quelques problèmes avec l'autorité patronale, il fait donc le choix de nous faire entière confiance et nous laisse gérer le bar avec l'aide d'un couple de ses amis comme bon nous semble. On organise des fête improvisées mettant les touristes à contribution, l'ambiance générale fait des adeptes qui se retrouvent sur notre terrasse pour profiter de notre bonne humeur. Je découvre la joie dans le travail. (Je parle sérieusement.)
Ici, on ne compte pas ses heures mais on en est récompensé.

Cela a déterminé ma manière d'aborder le monde salarié, je me demande comment il est possible de l'envisager autrement. Travailler est une nécessité qui accomplie dans de bonnes conditions peut être enrichissante et satisfaire chacune des parties prenantes. J'ai toujours pensé qu'apporter du bonheur aux autres ne faisait qu'améliorer sa propre vie.
Je me suis fait des amis de certains de mes collègues et nous nous fréquentons encore malgré le temps et la distance.
c'est une période trés heureuse de ma vie, j'y repense avec bonheur.