2003... Que s'est-il passé durant ma trente septième année ?

Le jour de mes trente-six ans me vit "jeune" mariée... de la veille, avec mon amoureux de la maternelle, et après vingt ans sans s'être vu... Cela paraît idyllique dit comme-ça...

Cette année là, je retrouvais du travail, hors de chez moi et à temps complet. Pas arrivé depuis... hum... 1999 !
Je devins nurse, de deux enfants adorables de dix-huit mois et trois ans, de huit heures à vingt heures (souvent plus tard d'ailleurs). Cela durera un an, durant lequel mes domaines iraient de plus en plus vers l'employée de maison polyvalente. Cuisine, ménage, lessive, repassage... Tout en faisant près de vingt kilomètres par jour, à pied, entre les aller-retours à l'école pour la grande, le square pour le petit et mon aller-retour à mon domicile.
C'était fatiguant, épuisant même parfois... Sans compter les enfants. C'est là que je puisais l'énergie pour le reste. Parfois, leur contact accentuait le manque de ma fille, mais le plus souvent ils m'aidaient, non pas à oublier, mais à supporter de n'être mère que quelques heures par mois. Et puis ce travail me permettait de la prendre durant les vacances scolaires.
Devant l'école, je nouais quelques liens avec des mères... Pourtant ce n'était pas facile. Entre les mamans de la cité toute proche qui, pour la plupart ne parlaient pas français (n'y voyez pas un quelconque racisme), et celles du quartier huppé... Car dans cette ville de banlieue parisienne, on mélange les couches sociales au sein des établissements scolaires... Les plus pauvres avec les plus riches... J'eus beaucoup de mal à intégrer un de ces cercles. Cela se fit avec une maman qui revenait des États-Unis, où elle avait passé près de cinq ans. Nous avions quelques points communs, et c'est en me voyant faire du patchwork, en attendant "l'heure des maman" que le lien se créa. Malheureusement, cela n'alla pas beaucoup plus loin. Elle m'invita chez elle, mais je ne pus y aller... Mon mari n'aimait pas que je m'absente de la maison en dehors de ses heures de travail.

Cette année là, je partis en vacances... Pas fait depuis... 1989 ou 90. Nous allâmes d'abord chercher sa caravane à Notre Dame de Mont... Bof... Pas un souvenir impérissable ce premier contact avec cette région, ni même avec cet océan. Puis, en juillet, tous les trois avec ma fille, nous allâmes en Ardèche (chez sa grand-mère). Il y fit très chaud, mais ce que j'en vis était beau... Parfois le spectacle était époustouflant. Ma fille découvrit la mer au Gros du Roy, auquel j'ai préféré Aigues Mortes... Puis Tarbes et Lourdes (chez sa marraine)... Bof-bof...
C'est durant ces vacances que je fus pour la première fois "grande-tante". Je me souviens de l'annonce faite par mon neveu No, l'heureux papa. J'étais dans la cour, je n'étais pas très bien, l'ambiance dans la famille de mon mari était lourde. Ils n'appréciaient pas ma façon d'être avec ma fille... Trop permissive à leur goût... Cela fini par éclater le jour où ils interdirent la piscine privée à ma fille sous prétexte qu'elle n'avait pas bien mangé, et qu'elle n'avait pas fait la sieste...
Puis les vacances finirent à mon grand soulagement, mais ma fille reparti chez son père et je ne la revis pas avant cinq longues semaines...

Ma vie reprit, avec le travail. Les jours passèrent, les mois, les saisons... Décembre et janvier arrivèrent, avec leurs chocs, leurs douleurs, leurs chagrins...
Cela commença avec ma fausse-couche et l'hémorragie qui suivit, puis la première opération du cancer de mon père qui l'emporta vingt-deux mois plus tard. Une petite accalmie durant Noël, avec l'émerveillement de mon bébé devant les vitrines illuminées à Paris, puis le retour à la maison de Papa (début janvier). Et huit jours plus tard... le décès de ma grand-mère (la dernière encore en vie). Elle s'éteignit dans son sommeil, chez elle, à quatre-vingt douze ans. Le plus difficile fut de ne pas trop pleurer devant ma fille que j'avais pour le week-end, ce fut pire après... Mon mari m'ayant impérativement interdit de pleurer. Et puis son enterrement... Premier contact avec ma fratrie qui ne me parlait plus depuis plus d'un an... Et le choc de la dalle remise sur le caveau... Durant de nombreuses nuits je me réveillerais avec ce bruit sinistre... Aujourd'hui, je n'ai toujours pas pleuré ma grand-mère...

Arriva mon premier anniversaire de mariage et déjà quelque chose était cassé en moi... Ou bien avais-je fini par enfin ouvrir les yeux sur ce couple ?
Puis mes trente-sept ans furent là... et commença la fin de mon mariage...