Une année qui « déménage », au propre et au figuré.

Le transport de mes cartons, de mes meubles, de mon cadre de vie du sud au nord de Paris est aussi symbolique que réel. Je laisse derrière moi un pan de vie, j’apprends le changement, j’apprends à dire adieu.

Je me décide enfin, après plusieurs mois d’analyse en face à face, à m’allonger sur le divan, ce que je refusais catégoriquement jusque là. J’y trouverais un peu d’abandon, peut-être une ou deux vérités timides, mais surtout la révélation que ce type de « thérapie » n’est pas pour moi. J’abandonne à la fin de l’année. Je ne l’ai jamais regretté.

En mars, je fais la rencontre décisive d’une femme au regard doux, qui me fera prendre conscience que je m’accroche encore de toutes mes forces à Julio, quatre ans après, que je ne lui ai pas permis de partir. Grâce à elle, je vais enfin lui dire un adieu qui m’apparaîtra aussi violent que le premier, comme s’il était mort une deuxième fois. Infiniment douloureux. Salutaire.

En juillet, je prends en pleine figure, en plein cœur, la trahison de quelqu’un que je croyais un ami, auprès de qui je me réchauffais doucement depuis un an ; il en était de même pour lui. Pas amoureux, non, juste ensemble pour être moins seuls, prendre le temps de panser nos plaies, pouvoir en parler et prendre soin de l’autre en attendant que la vie, que l’amour nous rattrapent. Dieu qu’elle était douce, qu’elle était intense, cette amitié-là qui s’est interrompue en quelques secondes, transformée en haine aussi soudainement qu’un nuage voile le soleil. Pourquoi ?

Encore aujourd’hui, dix ans après (dix ans !), je suis incapable d’évoquer cet épisode sereinement, et je me demande si cette trahison-là n’est pas la source de ma fréquente défiance à l’égard de qui me jure amitié ou plus.

Il paraît que nous méritons toutes nos rencontres. J’avais dû « mériter » celle-là aussi. Il faut avouer qu’elle m’a ouvert la porte vers d’autres amitiés, d’autres univers, m’a aidée à porter ma vie quelques mois. Alors ce n’était peut-être pas tout à fait inutile. Je suis de plus en plus intimement persuadée que rien ne l’est.