Papa est venu réveiller ses enfants et nous nous retrouvons tous dans la salle de séjour, pieds nus sur le linoléum, un peu hébétés par l'heure si inhabituelle. Il fait nuit et chaud, les cigales se font discrètement complices de l'atmosphère magique de cette nuit unique.

Il y a une télévision noir et blanc dans le coin et nous nous asseyons en tailleur aux pieds des parents. Je ne me souviens pas de ce que nous nous disons, je suis fascinée par l'écran, il est peut-être trois heures ou quatre heures et un homme marche sur la Lune.

C'est avec Puce que je passe le plus de temps ce mois-là. Je ne pense pas qu'il se soit intéressé à cet événement de l'aventure humaine, il s'intéresse à la mienne, il me suit partout, m'accompagne à la plage en dehors des heures d'affluence, parce qu'on a fini par lui en interdire l'accès pour ne pas effaroucher les petits enfants. Je ne sais plus si c'était un gros labrador doré, je n'y connais rien en races canines, mais il était mon copain, celui qui m'a permis par la suite de me défendre de mon racisme (moi et les chiens, ça n'a jamais été le grand amour mais je peux dire : je ne suis pas raciste, d'ailleurs j'ai même eu un très bon copain qui s'appelait Puce). Il m'écoutait et semblait comprendre tout ce que j'éprouvais, et cet été là, j'en avais des émotions que je ne savais pas dire à ceux qui m'entouraient.