L’année est légère. Pour la première fois depuis 5 ans. En janvier, je rencontre de façon incongrue un homme au large sourire, dont je mettrais quelques temps à me rendre compte à quel point il est important pour moi. Il me réapprendra bientôt le bonheur d’être deux, et comme un quotidien partagé peut être gai et tendre.

En attendant, il m’accompagne avec bienveillance dans ma frénésie de sorties et de rencontres nouvelles. Je recommence à trouver la vie gaie, je papillonne, virevolte, m’amuse au milieu de gens nouveaux, drôles, créatifs : peintres, sculpteurs, musiciens, fréquente à leurs côtés des lieux étranges où se tiennent expositions et « happenings » parfois saugrenus, parfois superbes, mettant en scène le corps, dévoilé ou suggéré. Grâce à eux, je mettrais un joli point final à la relation chaotique que j’entretiens avec mon corps depuis l’adolescence en posant nue, pour la première fois. Je vivrais avec un réel bonheur cette relation de peintre à modèle, de regard esthétique et sans jugement sur mes rondeurs autrefois détestées.

Cette année-là, j’expérimente, je cherche des chemins, je n’ai peur de rien, je me laisse aller aux sentiments, qu’ils soient amicaux ou amoureux, avec intensité, en les disant, en les vivant, sans peur de me faire mal. Je me laisse aller au désir pour le désir, au plaisir des sens sans y mettre d'affect. Je réapprivoise mon corps et la séduction qui va avec. C’est peut-être la première fois que je prends conscience de l’énergie, de la force que j’ai en moi, qui me permettent, me permettront toujours, malgré les glissements de terrain, de me relever, de survivre aux épreuves, d’en tirer une perception aiguë de la réalité. Parfois avec joie.