Je deviens lasse d'expliquer que je passe le baccalauréat. Je deviens lasse de me battre pour montrer aux autres que je ne suis pas une petite raclure d'intello hautaine planquée derrière ses livres et ses lunettes. Les garçons commencent à me trouver jolie. Je les impressionne mais je ne le sais pas, je crois plutôt ne pas les intéresser. L'un d'eux ose plus que les autres et je projette tous mes rêves de Prince Charmant sur lui presque aussi vite que je les reprends. Un détail ? ses lettres sont bourrées de fautes d'orthographes.

C'est l'été et cet été se doit d'être, intensément. Coincé entre le baccalauréat et mon départ pour Paris, les classes préparatoires, comment pourrait-il être autrement ? Après mon premier baiser sur fond de jazz, je découvre Prague et Budapest avec des yeux écarquillés, appareil photo et carnet de notes en mains, avide de m'imprégner de cette nouvelle culture (j'en lirai Milan Kundera), puis vis une semaine d'aventures musicales et adolecentes en plein coeur des Cévennes. Les adieux se multiplient et les clichés de mauvaise qualité prêts à orner les murs de ma nouvelle chambre aussi.

Partir ? J'en suis contente. J'aime Paris et je rêve d'une vie loin de ma ville natale. J'attends avec impatience la vie en internat, tout en appréhendant les classes préparatoires. Je suis grande, enfin, même si mon coeur se serre à l'idée de laisser derrière moi maman, le petit chien, l'école de musique et une petite poignée d'amis.

En partant, je rentre définitivement dans l'adolescence : ses doutes, ses crises, son mal-être me frapperont de plein fouet.