On a joli appartement dans Paris.
Je travaille dans un lycée professionnel ou seulement 10 élèves sur 900 posent de réels problèmes, ça change, c'est presque un havre de paix.
J'ai repris sérieusement mes cours d'histoire de l'art avec le vague espoir d'entrer à l'école du Louvre : entrer dans l'art par la petite porte et dans la société par la grande.
Mon amour se fait de plus en plus absent, la jalousie a déjà pénétré mon coeur depuis quelques temps non sans raisons.
C'est là je crois que je finis par comprendre que mon installation avec ce garçon est basé sur un quiproquo.
3 ans plus tôt il m'a demandé de monter à Paris pour le rejoindre. Nous nous aimions depuis déjà 2 ans, j'ai foncé. Je n'avais pas envisagé que cela ne voulait pas dire emménager avec lui. Là a commencé le leurre : l'amour est aveugle mais il est sourd aussi. J'ai eu ce que je voulais : vivre avec lui sans me rendre compte de sa non-adhésion au projet. Et nous en sommes là aujourd'hui, il reprend sa liberté en douce et j'essaie d'être moi même légère en espérant qu'être avec moi a tout de même été un choix.
Je me raccroche à la moindre étincelle : être l'élue à défaut d'être la seule.
Je fais de nombreux aller retour en province, je prends un amant, la distance servant de garde fou.
Mon équilibre est précaire, je me retrouve en déséquilibre dans mes émotions. Je fais des blocages stupides qui me pourrissent la vie
Pendant toutes l'année universitaire je serais incapable de pénétrer dans la bibliothèque. Pour combler les heures vacantes entre deux cours, je marche sans but dans le quartier, parfois j'arrive à me décider pour un café mais la majorité du temps je suis tétanisée à la porte et je passe mon chemin.
Je suis souvent épuisée, mais rien n'y fait. La panique et l'angoisse sont des poisons irraisonnables.
Je n'arriverais à en parler que l'an prochain et une étudiante m'aidera à passer cette satanée porte qui me sépare de la quiétude des heures d'études.