Entre coopération et voyage de noces au Maroc, mes XX et XY vivent de loin les événements qui agitent la France. Ils ne comprennent pas trop l'indifférence des autres Français installés là-bas avec eux. Alors ils réagissent à leur échelle provoquant les bourgeois colons dès que possible.

A leur arrivée, en tant que professeurs, il leur est attribué d'office une aide ménagère. Dès le premier mois, ils jugent que le salaire fixé par l'usage et pratiqué par tous les français sur place est inacceptable et l'augmente considérablement. Ils doivent convaincre Radha d'accepter. Elle ne veut pas gagner plus que son mari. Elle finit par céder et folle de joie en parle à ses amies qui demandent à leur tour une augmentation équivalente qui ne peut leur être refusée.

Un peu plus tard, autre séisme toujours concernant Radha.
Pour les vacances scolaires, mes XX et XY rentrent au pays pour deux mois. Avant de partir, ils la préviennent :
"Nous allons être absents 8 semaines, donc voilà déjà ta paye de juillet, nous te donneront celle d'août à notre retour début septembre."
Mes XY sont sur le point de s'excuser de ne pas avoir les moyens de payer les deux mois d'avance, quand Radha refuse catégoriquement :
"- Si je ne travaille pas, tu ne me payes pas. C'est comme ça.
- Ecoute Radha, nous, quand nous partons en vacances, nous sommes payés. Puisque tu travailles pour nous, il est hors de question que tu ne profites pas des avantages dont nous bénéficions."
Bien évidement les autres français viennent trouver mes XY pour protester énergiquement dès que la nouvelle se propage en ville. Vaine tentative. Mais cette fois-ci, les autres employeurs ne cèdent pas à l'appel du progrès social.
A leur retour de France, ils sont surpris d'apprendre que Radha est venue tous les jours aérer la maison, laver les mosaïques et s'occuper du petit jardin... Radha a travaillé pendant que ses consoeurs "profitaient" de leur congé obligatoire sans solde. Elle n'a pas voulu être mise à l'index par celles qui ne bénéficiaient pas des mêmes attentions.

Ils ne le savent pas encore, mais plus tard, à chaque fois qu'ils raconteront leur expérience marocaine, ils seront incapables de ne pas avoir une anecdote et une pensée pour Radha.