'A y'est ! Je marche, et même plutôt bien.

Je continue de passer pour un garçon dans la rue... et mes cordes vocales me viennent bel et bien du côté paternel. Leur force et leur résistance épate du monde. Je chante pour m'endormir, je me marre pour beaucoup de choses, je dors un peu, et le reste du temps... je crie !

Les parents nous baladent, Florence et moi, d'une fête à une autre, le lit dans une chambre à l'étage ou calé dans le coffre de la voiture quand vraiment c'est pas possible. La sono ne nous empêche pas de dormir, les parents sont ravis. Quand ils le peuvent, ils nous laissent à la maison avec une baby-sitter. Ils le font de plus en plus, même. Maman n'est pas beaucoup là, ses études de médecine l'envoient souvent loin et longtemps. Florence m'en a souvent parlé, mais je n'en ai gardé aucun souvenir. D'aucune baby-sitter, d'aucune soirée, de rien. Il me semble avoir changé de chambre cette année-là : j'ai eu la mienne propre. Ca fichait la trouille et j'en pleurais souvent, mais j'ai fini par m'y faire. Enfin, je suppose.

Je me rapelle d'une photo en noir et blanc, affichée dans la chambre de mes parents. Je la vois très nettement. Mon papa, allongé sur l'herbe, un bob foncé vissé sur le crâne, me porte à bout de bras, comme pour me faire faire l'avion. Mon petit corps dépasse à peine de ses grandes mains qui me tiennent par la taille au dessus de sa tête. Tous les deux, on rit aux éclats. Les visages ont les mêmes traits, le même sourire, le même menton, les mêmes yeux et on entend presque les deux rires se nouer... mon papa...