ça y est c'est fini, je suis au chômage, le rectorat a rejeté ma demande de dérogation je ne peux plus être pionne. soulagement et déroute que faire à part étudier?
Avant toute chose je me fais une coupe à la Tank girl, la tête rasée avec 2 mèches de cheveux blonds, une sur le sommet du crâne et une en frange.
Je me réserve de mauvaises surprises pour l'été, je suis à 2 doigts de perdre mon emploi de "super serveuse du camping", ce sera aussi ma dernière saison. Des tonnes de mauvaise foi qui me libère de ce boulot sans regret, c'est bien fini la belle vie .

Je retiens quand même la leçon, Et c'est avec un foulard sur la tête que je débarque à New York pour un mois. Je fais ce voyage, avant de ne plus en avoir l'occasion ni les moyens, je m'offre le rêve que ma mère ne sera jamais capable de réaliser pour elle même, malgré mes exhortations.
Me voilà lâchée dans la grande ville, chez une amie qui vit avec 7 colocs. Je fais comme si j'avais toute la vie devant moi, j'évite la tournée des musées et préfère les balades sans but avec mon appareil photo, ou les rencontres avec ses amis, tous des étrangers plus faciles à comprendre que les américains purs et durs.
Problème de la langue, je m'en veux un peu, tous ces blocages idiots réduisent mon espace de liberté, mais je suis insouciante c'est l'été indien et je goute ici la douceur de vivre en côtoyant pourtant la misère de si prés.
On vit dans la marge, le quartier (Alphabetcity) fait peur à bien des new yorkais, chaque personne du loft a un itinéraire pour rentrer et une rue à éviter absolument, ce n'est pas la même pour tout le monde. Ca me fait rire, je m'en choisis une, j'ai l'impression de vivre vraiment là.
Je me rends compte de la violence du système les exclus le sont encore plus qu'à Paris, ici il y a des tribus dans les parcs, je comprends les images de mad-max, cette impression qu'il y en a qui n'ont rien à perdre. Des jeunes au look de fêtards parisiens font la queue pour la soupe populaire, distribuée à la tombée de la nuit. Je comprends aussi le discours de mon amie sur le fil du rasoir, sur la solidarité qui se rétrécit à ceux qui sont sûrs de s'en sortir.

Je me teins les cheveux en bleu, les gens ont moins d'apriori ici, ils m'arrêtent dans la rue pour me dire que c'est beau, sourires, je croise des costumes-cravates aux cheveux colorés, connivence.
En reprenant l'avion en sens inverse, j'en oublie de mettre un foulard et je serais la seule du vol à être interceptée par la douane.
Cela se passe bien je suis si bavarde que je les saoule et les douanières me relâchent pour sauter sur les passagers de retour de Londres.
Retour au pays des préjugés...

Souvenirs de liberté, de confrontation aussi avec ce que je suis, je cherche encore mes limites et celles des autres.